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Conseil présidentiel pour les partenariats internationaux : La France réaffirme son engagement sur la scène internationale

Analyse

Le 6 avril, l’Élysée a publié un relevé de décisions suite au Conseil présidentiel pour les partenariats internationaux (CPPI) qui s’est déroulé le 4 avril afin de présenter la nouvelle stratégie de la France en matière de coopération internationale. Derrière ce nom abstrait, une réalité très concrète : la politique de solidarité internationale a été vivement remise en question et a subi de nombreuses coupes financières ces derniers mois, aux États-Unis mais aussi en Europe. Face aux critiques et à la nouvelle donne politique internationale, le Président de la République a réuni le gouvernement afin de réaffirmer l’engagement de la France en faveur de la solidarité internationale et d’actualiser sa stratégie. Voici un résumé des principales conclusions.  

À l’issue du CPPI, la France réaffirme son engagement sur la scène internationale, à l’heure où la solidarité internationale est mise à mal par des acteurs qui se désengagent de la lutte contre l’extrême pauvreté et les inégalités mondiales. La France se présente comme un leader en matière de partenariats internationaux aux côtés de ses alliés européens. Les valeurs historiques progressistes et humanistes françaises ressortent renforcées de cette réunion, et illustrent une prise de conscience de la gravité des coupes de l’aide au développement dans le monde et de leurs conséquences. 

La France rappelle aussi que cette politique est conduite et développée dans l’intérêt de toutes et tous sur la planète, y compris dans l’intérêt des Françaises et des Français, puisqu’elle contribue à la création d’un monde « plus sûr, plus résilient et mieux armé face au défi écologique ».  

Le relevé de décisions insiste également sur l’attachement de la France au multilatéralisme dans le but de mobiliser les financements nécessaires contre la pauvreté et le changement climatique. Le communiqué réitère les lignes directrices tracées par l’initiative du Pacte de Paris pour les Peuples et de la Planète (Initiative 4P). Plus clairement, la France continue de s’engager pour une augmentation des financements pour le développement, une sortie « des dépendances d’un autre temps » et de la terminologie de « l’aide au développement », ainsi qu’une meilleure représentativité des pays du Sud dans ce système. ONE rappelle que si le système de solidarité internationale est effectivement appelé à évoluer, notamment vers plus d’inclusivité, l’arrêt des financements d’aide au développement ne peut pas se faire du jour au lendemain et doit être accompagné d’un processus de transition vers un but clair, sans quoi les pertes se compteront en millions de vies humaines.  

ONE salue plus particulièrement l’engagement de la France concernant les financements innovants puisque le relevé de décisions ouvre la voie à une réaffectation des recettes de la taxe Chirac sur les billets d’avion au budget de l’aide au développement, héritage humaniste français de plus de 20 ans, malheureusement supprimé dans la loi de Finances pour 2025.  

Afin d’intégrer les contraintes budgétaires qui pèsent sur le budget en 2025, la France prévoit de recentrer ses financements sur des priorités clairement définies. Tout en rappelant que la politique de partenariats internationaux de la France se concentrera sur la lutte contre l’extrême pauvreté et les inégalités mondiales, le relevé de décisions indique que la France consacrera 60% de ses dons aux Pays les Moins Avancés (PMA) ainsi qu’aux pays les plus vulnérables au changement climatique. ONE se félicite du renforcement de cette orientation déjà entamée lors du précédent exercice en 2023, qui signifie que les financements du développement iront aux populations qui en auront le plus besoin face aux multiples crises mondiales, et rappelle qu’en 2023 seuls 24 % de notre APD ont été alloués aux PMA.  

Enfin, la France déploiera des efforts conséquents afin de rendre sa politique plus lisible et plus transparente, ainsi que pour entamer une transition vers une évaluation basée non pas sur les moyens, mais sur les résultats. Une série d’indicateurs liés aux 10 priorités adoptées en 2023 seront développées afin d’assurer un suivi des dépenses et de l’impact de l’aide française. Les citoyennes et citoyens, ainsi que les parlementaires et les journalistes pourront ainsi avoir une vision claire des résultats concrets que les investissements français de la solidarité internationale ont sur la vie de millions de personnes dans les pays vulnérables. Rappelons par exemple que l’aide française allouée au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme a permis de sauver 7 millions de vies et de soigner 750 000 personnes atteintes de la tuberculose entre 2002 et 2023. Depuis 2017, notre aide a également permis la scolarisation de près de 30 millions de filles supplémentaires et l’accès à l’eau potable pour plus de 23 millions de personnes. N’oublions jamais que derrière ces chiffres se cachent des vies humaines

Cette initiative française est particulièrement bienvenue dans le contexte international actuel, dans lequel plus de 30 000 décès sont déjà à déplorer suite à l’arrêt des financements du programme américain PEPFAR. ONE tient à rappeler les grands principes qui doivent continuer à guider les financements liés à la politique de solidarité internationale de la France : 

  • Garantir au maximum la continuité des programmes qui sauvent des vies, et notamment l’administration des soins. Cela signifie que la rationalisation de l’aide prévue par la France ne doit pas s’appliquer à l’aide multilatérale pour la santé, dont bénéficient de nombreux fonds, comme Gavi, UNITAID et le Fonds mondial, qui sauvent des vies au quotidien. 
  • L’aide au développement ne doit en aucun cas être utilisée comme moyen de chantage, ni à des fins de contrôle migratoire. Elle doit avoir comme priorité la réduction de l’extrême pauvreté, l’amélioration des systèmes de santé dans les pays pauvres et la création d’opportunités économiques pour leurs habitants. 
  • Au moins 50% de notre APD doit être allouée aux PMA. Les financements alloués à l’Ukraine, à raison, doivent être additionnels aux montants financiers déjà existants d’APD. 

A suivre

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