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Une nouvelle filière pour la relance économique en Afrique

ONE

Cette semaine, dans Ondes de Choc : des crises convergentes, une évolution qui pourrait changer la donne au FMI, la crise alimentaire dévastatrice et la hausse de l’inflation à cause de la guerre en Ukraine, ainsi que les tensions croissantes à l’approche des élections au Kenya.

ACTUALITÉS

Des nouvelles & des nouvelles normes : Le FMI a approuvé la création du Fonds Fiduciaire pour la Résilience et la Durabilité en tant que nouveau mécanisme de réallocation de ses fonds d’urgence en cas de pandémie, ou droits de tirage spéciaux (DTS). Cette innovation historique devrait permettre aux pays à faible revenu d’accéder à des liquidités indispensables pour atténuer les conséquences économiques du COVID-19 (et maintenant de la guerre en Ukraine). Mais cela ne fonctionnera que si les pays riches acceptent de réallouer leurs DTS à ce fonds qui pourra en accueillir au moins 45 milliards de dollars. Les dirigeants africains ont demandé aux pays riches de leur allouer 100 milliards de dollars de DTS au total, qui pourraient être répartis entre ce nouveau fonds et d’autres mécanismes, mais seuls 36 milliards de dollars ont été promis à ce jour. L’Afrique subsaharienne pourrait connaître des taux de croissance économique de seulement 3,6 % en 2022, contre 4 % en 2021.

Quand les prix mordent : La guerre menée par la Russie en Ukraine est à l’origine de la pire crise alimentaire mondiale depuis la Seconde Guerre mondiale. Il ne s’agit pas seulement de la perte des ports de la mer Noire ou de la perturbation des itinéraires de poids lourds : l’armée russe a été accusée de viser directement les infrastructures agricoles. Certains agriculteurs ont été menacés d’exécution, et d’autres ont vu leurs équipements et leurs bâtiments détruits par des missiles. Les exportations agricoles représentaient près de 10 % du PIB de l’Ukraine avant la guerre et 1,5 milliard de dollars d’exportations de céréales ont déjà été perdus. L’indice international des prix des denrées alimentaires a atteint son niveau le plus élevé jamais enregistré, et en Somalie près de 6 millions de personnes (40 % de la population) sont confrontées à des pénuries alimentaires extrêmement graves. Dans toute l’Afrique subsaharienne, les coûts alimentaires devraient atteindre 40 % du revenu des ménages. Par ailleurs, la production alimentaire locale en Afrique a été entravée par le changement climatique. Les experts estiment que jusqu’à 95 millions de personnes supplémentaires pourraient tomber dans l’extrême pauvreté cette année par rapport à la situation avant la pandémie, en raison des impacts combinés du COVID-19 et de la guerre. Ce chiffre vient s’ajouter au demi-milliard de personnes qui se sont extrêmement appauvries en raison des coûts des soins de santé en 2020 et 2021. Le FMI, la Banque mondiale, le PAM et l’OMC appellent à une action urgente et coordonnée pour soutenir les pays vulnérables.

Effet domino : L’inflation augmente dans toute l’Afrique. Elle a atteint 19,4 % au Ghana (son plus haut niveau depuis 10 ans),25 % au Sud-Soudan, 13,3 % au Burundi et 6,3 % au Kenya. Bien que le déficit budgétaire de 6,2 % au Kenya soit plus faible que prévu, le gouvernement continue de batailler avec les compagnies pétrolières au sujet des subventions dues. Alors que l’inflation augmente, les prix des carburants provoquent le chaos dans toute l’Afrique de l’Est. Cette augmentation des prix a également touché les États-Unis. La Deutsche Bank prévoit une récession américaine dès l’année prochaine. Une récession régionale est également prévue pour l’Europe et l’Asie centrale l’année prochaine, les économies de la région devant se contracter de 4,1 %. Pendant ce temps, la crise du carburant en Europe a donné lieu à un accord historique avec l’Égypte: l’UE a promis 109 millions de dollars pour renforcer la sécurité alimentaire du pays en échange d’un approvisionnement potentiel en gaz afin d’atténuer l’impact de la guerre en Ukraine sur l’Europe.

Pression politique : Le Kenya a interdit une liste de 20 mots et expressions qui constitueraient un discours de haine à l’approche de l’élection présidentielle du 9 août. Ces termes sont couramment utilisés par les personnalités de l’opposition, notamment des expressions telles que “nous ferons nos propres choix” et “c’est le moment ou jamais”. Certains voient dans l’interdiction de ces termes une volonté de contenir les discours de haine, tandis que d’autres y voient un excès de pouvoir de la part de l’organe statutaire de l’unité nationale du Kenya. Avec les élections à venir, une explosion de violence similaire à celle observée en 2007 et 2017 est à craindre.

Une arme à double tranchant : Le projet d’oléoduc en Afrique de l’Est de Total fait l’objet d’un regain d’attention à la suite du rapport du GIEC publié la semaine dernière. S’il est construit, 36 millions de tonnes supplémentaires de dioxyde de carbone seront injectées dans l’atmosphère chaque année. Cela représente sept fois les émissions totales actuelles de l’Ouganda. Alors que le gouvernement ougandais soutient le projet, l’opposition des communautés locales se poursuit, avec 14 000 propriétés susceptibles d’être directement touchées. Les banques et les compagnies d’assurance ont fait savoir qu’elles ne soutiendraient pas le projet, mais certains craignent que la crise actuelle des carburants ne compromette le nécessaire abandon des énergies fossiles. Selon le ministre de l’Énergie (pas exactement neutre) des Émirats arabes unis, le positionnement des producteurs de pétrole est renforcé par la guerre menée par la Russie en Ukraine, affirmant qu’ils sont “des super-héros” face à une demande croissante. 🤯

Jeu de pouvoir : L’agenda des réunions de printemps de la Banque mondiale qui auront lieu la semaine prochaine est chargé, malgré les nombreuses crises géopolitiques en cours qui pourraient faire obstacle à des progrès significatifs, tandis que les dépenses d’aide stagnent. Face à une guerre qui pourrait plonger près de 300 millions de personnes dans la famine au niveau mondial, le président Zelensky a de nouveau fait appel à l’Union Africaine pour obtenir un soutien, en vain. Plusieurs pays africains clés semblent vouloir maintenir une position neutre sur la guerre. Parmi eux, le président sud-africain Cyril Ramaphosa a déclaré que la situation démontre l’échec du Conseil de Sécurité de l’ONU. Il a appelé à un changement dans la formation de l’organe qui, selon lui, désavantage les pays à faible revenu. Par ailleurs, la secrétaire d’État américaine au Trésor Janet Yellen a prévenu que les pays qui s’abstiennent de prendre position subiront des conséquences, alors que l’Europe augmente ses livraisons d’armes à l’Ukraine. Certains disent même que la “troisième vague” de démocratie est arrivée à son terme.

Un autre type d’aide : Le sommet Covax qui s’est tenu la semaine dernière en Allemagne a été un succès, avec un total de 4,8 milliards de dollars collectés. Ce montant comprend 1,7 milliard de dollars de dons supplémentaires de la part des gouvernements, auxquels s’ajoutent des fonds provenant de mécanismes de financement novateurs et de banques multilatérales de développement. Des engagements notables ont été pris par le Canada (CAD 220 millions), l’Allemagne (EUR 400 millions), le Japon (USD 500 millions), l’Australie (AUD 85 millions) et le Brésil (USD 87,6 millions). Bien que ce montant soit légèrement inférieur aux 5,2 milliards de dollars demandés d’urgence en janvier, le sommet a marqué une évolution positive en faveur de la solidarité internationale pour mettre fin à la pandémie partout dans le monde. En 2021, l’aide étrangère a augmenté de 4,4 % en termes réels pour atteindre 174,9 milliards de dollars dans le monde. Cette augmentation résulte en grande partie des dons de vaccins COVID-19, dont un tiers étaient des doses excédentaires qui n’allaient pas être utilisées, évaluées à 6,72 dollars par dose.

Réunions de printemps : A quoi s’attendre quand on ne s’attend pas à grand-chose ?

  • Mardi 19 avril : Publication des Perspectives de l’économie mondiale à 9h00 EDT/1h00 GMT/2h00 BST.
  • Mercredi 20 avril : Communiqué des ministres des Finances et des gouverneurs des banques centrales du G20 (s’ils parviennent à se mettre d’accord !) à 15h30 EDT/7h30 GMT/8h30 BST.
  • Jeudi 21 avril : Communiqué du Comité monétaire et financier international à 11h EDT/3pm GMT/4pm BST.
  • Vendredi 22 avril : Communiqué du Comité du développement à 10h EDT/2pm GMT/3pm BST.

L’ÉQUIPE DE ONE EN ACTION : 

LES CHIFFRES :

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