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Accès aux vaccins COVID-19 : pourquoi il faut le rendre universel et équitable !

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Pour mettre réellement fin à la pandémie, il ne suffit pas de découvrir des vaccins efficaces, encore faut-il offrir un accès au vaccin le plus large possible, tout en les rendant abordables pour toutes et tous, indépendamment de la richesse ou de la nationalité, partout dans le monde. Le virus se nourrit des inégalités, il deviendra plus fort si nous n’atteignons pas ces objectifs.

Moins d’un an après le début de la pandémie de COVID-19, non pas un mais plusieurs candidats-vaccins ont été jugés comme sûrs et efficaces, puis mis sur le marché. À l’heure actuelle, plus de 814 millions de doses ont déjà été administrées dans 152 pays.

Les derniers mois nous l’ont déjà montré : pour le moment, nous sommes loin d’un vaccin bien public mondial ! Sur les 814 millions de doses administrées dans le monde entier, moins de 2% l’ont été en Afrique. La répartition est donc clairement inégale et la production de vaccins n’est actuellement pas suffisante pour couvrir l’ensemble de la demande mondiale. Pourtant, il est urgent de garantir un accès au vaccin et une répartition équitables de ces vaccins au sein et entre les pays et le plus vite possible : nous sommes dans une course contre la montre face au virus. Comment peut-on y arriver ?

Parcourez nos 4 propositions concrètes pour mettre fin à la pandémie et défendre la solidarité internationale.

Axe 1 – Ouvrir l’accès aux surplus de doses de vaccins COVID-19

La découverte de vaccins sûrs et efficaces a provoqué chez les pays les plus riches un effet d’achat “panique” : en seulement quelques mois, l’Australie, le Canada, le Japon, le Royaume-Uni, les États-Unis ainsi que les 27 pays membres de l’Union européenne (UE) ont pré-commandé à eux seuls plus de 3 milliards de doses de vaccins contre le COVID-19, soit 1,3 milliard de plus que nécessaire pour vacciner l’ensemble de leur population. Cet énorme excédent de doses de vaccins est l’incarnation même du “nationalisme vaccinal”.

Au même moment, 10 pays d’Afrique n’ont toujours pas reçu la moindre dose. À ce rythme, plus de 60% de la population mondiale n’aura pas accès à une couverture vaccinale généralisée avant 2022, voire plus tard. Cette situation ne fera que prolonger la pandémie pour toutes et tous car tant que le virus circule, le risque de nouveaux variants augmente. Le seul et unique moyen de prévenir de nouvelles formes plus dangereuses de variants est de ralentir considérablement la transmission du virus en menant des campagnes de vaccination à l’échelle mondiale.

Pour cela, les pays les plus riches doivent partager le plus rapidement possible leur surplus de doses de vaccins avec les pays laissés pour compte, en s’appuyant sur l’initiative COVAX, le mécanisme qui permet aux pays à faible revenu d’obtenir des doses de vaccins. Emmanuel Macron a récemment appelé les pays du G7 à partager 5% de leurs doses de vaccins avec l’Afrique dès maintenant. Un appel que nous saluons et qui doit désormais être suivi par le G7, mais également par tous les pays à revenu élevé qui possèdent des doses excédentaires.

Nous ne demandons à personne de renoncer à ses vaccins : vacciner en priorité les personnes les plus vulnérables, peu importe où elles vivent sur la planète, est la manière la plus rapide et la plus efficace de nous protéger toutes et tous.

Axe 2 – Soutenir financièrement l’accès universel au vaccin

Lancé fin avril 2020, le dispositif pour accélérer l’accès aux outils de lutte contre le COVID-19 (Accélérateur ACT ou ACT-A) est une collaboration mondiale novatrice visant à accélérer la mise au point, la production et la distribution mondiale de diagnostics, traitements et vaccins contre le COVID-19, et à renforcer de manière plus globale les systèmes de santé. Cependant, le dispositif est aujourd’hui sous-financé : si 11 milliards de dollars ont déjà été engagés à ce jour, ce sont plus de 22 milliards qui manquent encore à ACT-A pour atteindre ses objectifs.

Malgré un soutien appuyé et répété du Président Macron sur la scène internationale, la France n’y a engagé à ce jour qu’à peine plus de 155 millions d’euros, soit près de 6 fois moins que le Royaume-Uni et plus de 14 fois moins que l’Allemagne. La France doit y prendre sa juste part en y contribuant à hauteur d’1,03 milliard d’euros. En déduisant ses engagements actuels, ce sont plus de 870 millions d’euros qui manquent pour que la France soit à la hauteur.

Par ailleurs, les investissements au sein des différents piliers d’ACT-A ne sont pas équitables. Aujourd’hui, le pilier vaccins représente les deux tiers des investissements. Or, ce sont respectivement 8,9 milliards, 3,2 milliards et 7,4 milliards de dollars qui manquent encore sur l’année 2021 pour couvrir les besoins identifiés en matière de diagnostics, traitements et pour le renforcement des systèmes de santé. Avec seulement 5% des financements, le pilier renforcement des systèmes de santé est le plus mal financé par la communauté internationale alors que l’efficacité et le déploiement de la réponse médicale est intrinsèquement dépendante du niveau de préparation et du bon fonctionnement des systèmes de santé.

Axe 3 – À long terme : Lever temporairement les droits de propriété intellectuelle

Pour rendre les vaccins accessibles à toutes et tous partout, nous avons besoin d’augmenter la production mondiale. Une des solutions pour y parvenir serait de lever temporairement les droits de propriété intellectuelle détenus par certaines entreprises pharmaceutiques sur les vaccins qu’elles ont développés. Pourquoi ? Car plus il y a de pays qui disposent de la technologie et du savoir-faire nécessaires à la fabrication d’un médicament, plus celui-ci peut être produit en grande quantité et donc devenir abordable et accessible.

Ce n’est pas la première fois qu’une crise sanitaire mondiale requiert des mesures exceptionnelles. Pendant l’épidémie du sida, les traitements pouvaient coûter jusqu’à 10 000 dollars. Face à une telle situation, les gouvernements s’étaient réunis et avaient décidé d’autoriser les pays à faible revenu à produire des versions moins chères à 200 dollars. Cette décision a grandement contribué à changer le cours de la crise.

Plus de 100 pays ont lancé un appel à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en faveur d’une suspension temporaire des droits de propriété intellectuelle pour permettre au plus grand nombre possible d’entreprises et dans le plus grand nombre possible de pays de pouvoir produire des vaccins et des traitements contre le COVID-19. Cet appel est pour l’instant rejeté par la majorité des pays riches, dont la France et l’Union européenne. Cela doit changer : une discussion ouverte, franche et sérieuse sur l’assouplissement des restrictions commerciales pourrait déboucher sur la mise en œuvre de mesures réellement efficaces pour vaincre le virus au plus vite.

Axe 4 – Améliorer la coopération concernant la réponse à apporter aux pandémies

La levée temporaire des droits de propriété intellectuelle permettrait également de lancer une discussion beaucoup plus large afin d’établir un accord et de nouvelles règles pour permettre une production plus rapide et un déploiement beaucoup plus efficace des vaccins et des traitements en cas d’épidémie ou de pandémie, et assurer ainsi, à l’avenir, une réponse beaucoup plus rapide face aux menaces virales, auxquelles nous serons très certainement confrontés à nouveau.

La première leçon de cette pandémie est que nos capacités de production étaient trop faibles pour produire des vaccins et traitements pour toutes et tous à grande échelle. C’est donc dès aujourd’hui que nous devons investir dans ces capacités de production (usines, laboratoires, centres de production), notamment en Afrique, pour être prêts à fournir le prochain traitement nécessaire à l’humanité à tout le monde beaucoup plus vite.

Au-delà des capacités de production, il est également important de soutenir financièrement les systèmes de santé afin de les renforcer dès à présent et de leur permettre de tenir le choc des futures crises sanitaires : les pays en développement ont besoin de davantage de personnels de santé, d’infrastructures de santé et de matériel médical pour pouvoir faire face à une pandémie tout en continuant de fournir des soins de routine à leurs populations.

La seconde leçon est qu’une pandémie mondiale exige une réponse mondiale et que seule la coopération entre États permet d’être véritablement efficace. Les virus ne s’arrêteront jamais aux frontières. C’est pourquoi 26 chefs d’États et de gouvernements, dont Emmanuel Macron, ont récemment appelé à la nécessité d’un nouveau traité international sur la préparation et la riposte aux pandémies afin “d’y réagir efficacement et d’une manière parfaitement coordonnée”. Les dirigeants mondiaux et les organisations internationales doivent tirer les leçons de la pandémie de COVID-19 afin de renforcer les systèmes de santé sur le long terme et nous préparer au mieux aux prochaines pandémies.

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