Alerte des ONG: Mpox, un nouveau symptôme de l’injustice en santé mondiale
Le 13 août, le Centre africain de contrôle et de prévention des maladies (Africa CDC) a déclaré l’épidémie de Mpox en cours comme une urgence de santé publique de sécurité continentale. Le lendemain, l’Organisation mondiale de la santé déclarait également la situation comme une urgence de santé publique de portée internationale. Ce niveau d’alerte avait déjà été émis deux ans plus tôt alors que l’épidémie se développait en République démocratique du Congo (RDC) et se propageait dans d’autres pays. Depuis, la situation s’est aggravée avec des taux de contamination et un nombre de décès records ainsi que l’apparition de nouveaux variants gagnant de nouvelles régions du monde. Plus de 120 pays ont signalé des cas de Mpox entre janvier 2022 et août 2024, avec plus de 100 000 cas confirmés en laboratoire signalés et plus de 220 décès parmi les cas confirmés. Cela est dû à un manque d’accès aux outils de lutte contre ce virus : les vaccins, mais aussi les diagnostics et les traitements qu’il faut développer et rendre accessibles pour combattre les nouvelles souches.
Dans ce contexte et afin de ne pas répéter les erreurs tragiques commises lors de la pandémie de Covid19, la coopération internationale n’est pas seulement souhaitable, elle est indispensable. Les virus doivent être combattus là où ils sévissent. Si la communauté mondiale avait agi plus tôt et avec détermination, cette épidémie aurait pu être contenue et vaincue. Aujourd’hui, une action coordonnée et résolue doit être déployée immédiatement pour protéger les populations les plus vulnérables.
La Commission européenne a annoncé coordonner l’achat et le don de 215 000 doses de vaccins au profit de l’Africa CDC. La France a quant à elle déclaré l’envoi de 100 000 doses supplémentaires. Stocker les vaccins uniquement dans les pays à haut revenu, capables de se les procurer, serait une aberration du point de vue de la santé publique. Aussi, nous saluons cette première réponse réactive et solidaire en partenariat avec les autorités africaines. L’Africa CDC estime que 10 millions de doses seront nécessaires pour répondre aux besoins de vaccination.
Le système multilatéral se mobilise également pour faire face à la situation. Gavi, l’Alliance du vaccin, a déclenché son Fonds de riposte immédiate pour soutenir le déploiement des campagnes de vaccination. Elle participe également à coordonner les donations de doses avec l’UNICEF qui a lancé un appel d’offres d’urgences pour négocier des approvisionnements directs auprès des fabricants de vaccins et contribuer à leur administration. Unitaid intègre d’ores et déjà des activités de sensibilisation au Mpox dans certains de ses programmes sur le continent africain et étudie comment mettre à profit son expertise en matière de déploiement de solutions innovantes pour le diagnostic et le traitement de maladie. Le Fonds Mondial a introduit des flexibilités pour permettre à ses subventions d’intégrer la prévention, la détection et la réponse au Mpox tout en soutenant les mobilisations communautaires, clés dans la réponse aux maladies touchant des populations souvent éloignées des systèmes de santé. L’OMS a déjà engagé 1,5 million de dollars et chiffre les besoins à 135 millions au moins sur les 6 prochains mois.
En effet, la réponse ne pourra pas se limiter à la mise à disposition de doses de vaccins. La prévention, la prise en charge des malades et le déploiement des campagnes de vaccination appellent à soutenir les systèmes de santé pour renforcer la riposte et augmenter leur résilience. La lutte contre le Mpox n’est pas la seule problématique sanitaire à laquelle font face les systèmes de santé en Afrique, et ne doit pas occulter l’objectif d’atteindre la couverture sanitaire universelle sur le continent. L’épidémie en cours nous rappelle que si les systèmes de santé africains fonctionnent au niveau local, les risques sanitaires sont mondiaux. Agir pour améliorer l’accès équitable à des services de santé de qualité, c’est agir pour la sécurité sanitaire à échelle internationale. Il s’agit d’une responsabilité mondiale partagée.
Il est également urgent de mieux outiller le continent africain pour la production de vaccins sur son sol afin qu’il ne dépende pas d’approvisionnement extérieur comme cela avait été souligné le 20 juin à Paris lors du Forum mondial pour la souveraineté et l’innovation vaccinales. Le monde doit se doter de mécanismes plus efficaces pour encadrer la prévention et la réponse aux pandémies, et organiser un système ne reposant pas uniquement sur la charité et où les moyens de lutte sont répartis non plus en fonction des richesses mais des besoins.
La France a l’opportunité de participer à l’éradication de l’épidémie de Mpox et au renforcement des systèmes de santé à l’échelle internationale en :
● Confirmant sa contribution directe à la réponse coordonnée par l’OMS et l’Africa CDC contre l’épidémie de Mpox
● Engageant ses partenaires européens à renforcer leur action et en priorisant davantage la santé et la R&D au sein de l’équipe Europe
● Se mobilisant pour soutenir la reconstitution des ressources des acteurs multilatéraux de la santé, comme l’OMS, Gavi – l’Alliance du Vaccin, le Fonds Mondial, Unitaid, etc. La France doit notamment préciser l’augmentation de sa contribution à Gavi.
● Participant au renforcement des systèmes de santé publics et communautaires, notamment par la formation des personnels et agents de santé
● Œuvrant à l’adoption d’un accord international pour la prévention (notamment via l’approche One Health), la préparation et la réponse aux épidémies conçu pour corriger une situation profondément inéquitable dans l’accès aux produits de santé.