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« L’aide de la France bénéficie de moins en moins aux pays les plus pauvres »

Paris, le 25 juin 2013 – ONE, dans son nouveau rapport, analyse en détails l’aide au développement de la France en 2012.

L’aide de la France bénéficie de moins en moins aux plus pauvres

En 2012, l’aide de la France vers les pays d’Afrique subsaharienne est en baisse de 17% par rapport à 2011, soit une différence de plus de 500 millions d’euros.

D’après Guillaume Grosso, directeur de ONE France, « Il est essentiel que les tendances de l’aide au développement s’inversent. L’Afrique subsaharienne a déjà fait preuve de progrès remarquables pour atteindre les OMD d’ici à 2015, et aussi dans l’objectif de préparer les défis futurs, mais si les donateurs se détournent maintenant de la région, ces avancées durement gagnées seront menacées. »

Derrière ces chiffres inquiétants se cache une autre tendance : car non seulement l’aide diminue, mais elle est aussi de moins en moins adaptée aux défis sociaux des pays les plus pauvres. En effet, entre 2008 et 2013, la composition de l’aide française a changé, avec une chute de près de 21% des subventions bilatérales. Les subventions sont pourtant l’instrument crucial pour soutenir le développement des secteurs sociaux – scolarisation des enfants, accès aux soins de base… – dans les pays qui sont le plus en difficulté. Dans le même temps, les prêts, qui bénéficient surtout aux pays émergents, explosent : leurs montants ont quadruplé entre 2008 et 2013.

Comme le déclare Guillaume Grosso, « La France inflige un double camouflet aux pays les plus pauvres: moins de ressources en général et moins de soutien aux services essentiels en particulier, un enjeu pourtant crucial de la lutte contre l’extrême pauvreté.  »

 

Une aide qui manque encore de transparence

Dans la réalisation de ce rapport, ONE a constaté, que, malgré certains efforts, la transparence de l’aide fait toujours défaut : les données d’aide sont publiées avec trop de retard pour en faire un suivi satisfaisant, les détails ne sont pas toujours communiqués et les critères permettant d’établir ce qui est comptabilisé dans l’APD et ce qui ne peut pas en faire partie laissent la porte ouverte à beaucoup d’ambiguïté.

« La transparence de l’aide est indispensable à son efficacité. Le Nord ne cesse de réclamer plus de transparence à ses partenaires du Sud. Mais nous ferions bien d’appliquer à nous-mêmes cet effort de rigueur  que nous demandons des autres » commente Guillaume Grosso.

 

La loi de programmation : atteindre l’objectif de 0,7% du RNB d’ici 2015 grâce à une aide efficace et transparente

François Hollande, en tant que candidat et président, a pris deux engagements majeurs pour l’aide au développement : « tracer un chemin crédible et régulier » vers l’allocation de 0,7% de la richesse nationale à cette aide et mettre en place une loi de programmation de la politique de développement.

Sur ce premier objectif, les tendances budgétaires actuelles feront manquer de très loin l’objectif des 0,7% d’ici 2015. En effet la France n’anticipe qu’un accroissement de 121 millions d’euros de son APD en 2013 et de 1,2 milliards d’euros d’ici à 2015, contre 6,68 milliards d’euros qui seraient nécessaires pour se mettre en conformité avec l’engagement français.

« Le Président avait déjà donné un premier coup de boutoir à l’engagement du 0,7 % en déclarant que l’aide ne serait pas augmentée avant que l’économie de la France ne recommence à croître. Il ne faut pas renier cet objectif et faire machine arrière » alerte Guillaume Grosso.

Le deuxième engagement de François Hollande est en meilleure voie. Le projet de loi de programmation sur la politique de développement doit être préparé cette année et présenté au parlement début 2014.

« 2013 doit être l’année de réorientation de la politique de développement de la France.  Cette loi de programmation, une première sous la cinquième république, est l’occasion rêvée de clarifier les ambitions de la France en termes de développement international, de mettre les moyens en adéquation avec ces objectifs et d’améliorer l’efficacité et le suivi de l’APD française, » conclut Guillaume Grosso.

 

 

Notes aux rédactions

  • Méthodologie de ONE : Les calculs de ONE se basent sur les chiffres préliminaires publiés par le Comité d’aide au développement (CAD) de l’OCDE d’avril 2013 ; les chiffres définitifs seront publiés en décembre. Pour faire le suivi des engagements des pays donateurs, ONE exclut l’allègement de la dette de ses calculs. Comme la publication de l’OCDE ne fournit pas suffisamment de détails sur l’aide régionale (quelques catégories d’aide telles que les écolages n’étant pas encore ventilées géographiquement), ONE se base également sur des estimations fournies par le gouvernement dans des consultations préalables et sur les documents budgétaires français.
  • L’APD est un mélange de plusieurs instruments, notamment des dons, des prêts concessionnels et de l’allègement de la dette. Dans les subventions qui représentent une catégorie importante des dons, ONE compte les dons-projets de l’AFD, l’assistance technique, l’aide transitant par les ONG et les subventions du Fonds de solidarité prioritaire (FSP). Sur la base des derniers documents budgétaires, les prêts bilatéraux français devraient augmenter de plus de  400% sur la période 2008 – 2013, dont 18% entre 2012 et 2013.
  • Loi de programmation: Lors du discours prononcé à l’occasion de la clôture des Assises du développement et de la solidarité internationale, François Hollande a annoncé la création d’une loi de programmation pour définir la politique de développement de la France. La loi est en train d’être préparée par le gouvernement et sera présentée en Conseil des ministres en octobre et introduit au Parlement début 2014.
  • Le rapport dans son intégralité sera disponible pour téléchargement sur le site suivant, après la levée de l’embargo : www.one.org/data. Il inclut également un chapitre sur les tendances globales de l’aide publique au développement.
  • ONE est une organisation non-gouvernementale de campagne et de plaidoyer comptant plus de 3 millions de membres à travers le monde et plus de 100 000 membres en France engagés dans la lutte contre l’extrême pauvreté et les maladies évitables, particulièrement en Afrique.

 

 

CONTACT : Annabel Hervieu : 01 40 64 17 02 / 06 31 22 89 68 ou [email protected]