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La France réinvente l’eau tiède dans la lutte contre l’extrême pauvreté

Paris, le 3 avril – Alors que sont publiés aujourd’hui les chiffres de l’OCDE pour l’aide au développement, il reste encore 1 000 jours pour atteindre les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD). ONE France fait état du chemin qui reste à parcourir et commente les efforts financiers des bailleurs de l’OCDE en faveur de la lutte contre l’extrême pauvreté.

L’extrême pauvreté déjà réduite de moitié

D’après les analyses de ONE,  les progrès pour l’atteinte des OMD sont notables. L’extrême pauvreté a déjà été réduite de moitié en une décennie, passant de 43% de la population mondiale à 21% en 2010, et certains des huit objectifs définis en 2000 par les membres des Nations Unies, sont en bonne voie :

  • Objectif 1 : 63 pays sont en bonne voie de réduire de moitié l’extrême pauvreté d’ici 2015, dont 16 pays en Afrique sub-saharienne.
  • Objectif 4 : 65 pays sont en bonne voie de réduire de deux tiers la mortalité infantile, dont 13 pays en Afrique sub-saharienne.
  • Objectif 7 : 72 pays sont en bonne voie de permettre à plus de la moitié de leur population d’avoir accès à l’eau potable, dont 19 pays en Afrique sub-saharienne.

D’autres objectifs accusent un retard considérable

Cependant, malgré ces progrès, les efforts internationaux doivent rapidement s’intensifier dans des domaines particuliers, notamment l’accès à l’éducation primaire et la santé maternelle :

  • Objectif 2 : Seulement 22 pays en voie de développement, dont 7 en Afrique, sont en bonne voie de permettre à tous les enfants d’avoir accès à l’éducation primaire.
    • Objectif 5 : Plus de 100 pays ne devraient pas atteindre l’objectif de réduction de trois quarts de la mortalité maternelle.

« A ce jour, 26 pays ne pourront atteindre qu’un seul voire aucun de ces huit Objectifs du millénaire pour le développement d’ici 2015 », alerte Guillaume Grosso, directeur de ONE France. « Il ne reste que 1 000 jours pour atteindre les OMD. Les progrès déjà réalisés depuis l’an 2000 nous prouvent que ces objectifs sont réalisables à condition que tous les pays fassent un effort financier. »

Les pays développés lâchent les pays pauvres

Ces quinze dernières années, les pays donateurs avaient globalement augmenté leur budget d’aide, cependant la tendance s’inverse depuis 2011 et connait en 2012 la plus importante baisse soit – 4% par rapport à 2011.

« Trop de pays ont cédé au nombrilisme au nom de la crise financière et réduit leur budget d’aide aux plus démunis.» déclare Guillaume Grosso.

L’aide bilatérale à l’Afrique subsaharienne représente 26,2 milliards de dollars en 2012 (-7.9 % comparé à 2011).

« Encore plus inquiétant que la baisse globale d’aide au développement, on constate une chute dramatique de l’aide à Afrique subsaharienne. C’est un véritable lâchage des pays les plus pauvres à 1000 jours de la fin des Objectifs du millénaire pour le développement. » dénonce Guillaume Grosso.

Les pays les moins avancés sont, dans leur ensemble, également victimes de coupes sévères : -12.8 %.

Le Royaume-Uni fait mentir les Cassandre

Ceci est en contraste total avec le Royaume-Uni qui, malgré une baisse en 2012, vient d’allouer 0,7% de sa richesse nationale à l’aide publique au développement pour 2013. Loin d’être le seul à montrer l’exemple, ce pays rejoint ainsi la liste des autres Etats européens – Suède, Danemark, Pays-Bas, Norvège, Luxembourg – à avoir également honoré leur promesse.

« Le Royaume-Uni, autant frappé par la crise économique que les autres nations, fait mentir les Cassandre qui prédisaient que le pays ne tiendrait pas ses promesses. Les britanniques viennent d’apporter la preuve que l’atteinte de cet objectif international est une question de volonté politique.», réagit Guillaume Grosso.

La France réinvente l’eau tiède

La France, de son côté, est loin de cet objectif, auquel elle a pourtant souscrit. Son budget d’aide au développement baisse pour la deuxième année consécutive, avec 9,336 milliards d’euros en 2012 contre 9,347 milliards d’euros en 2011. Bien que cette baisse soit en partie imputable à l’ancienne présidence, François Hollande a lui-même déclaré que cette aide n’augmenterait pas tant que la croissance ne serait pas revenue[1].D’après Guillaume Grosso, « la France réinvente l’eau tiède et pratique la politique du ‘ni coupe franche, ni augmentation’. C’est un non choix alors qu’on attend encore de voir la France tracer un cheminement crédible vers les 0,7% , comme l’avait promis le candidat hollande.»

 

 

Notes aux rédactions:

  • Bono, cofondateur de ONE, expliquait à la conférence TED le 27 février dernier, que l’extrême pauvreté peut être éliminée d’ici à 2030.
  • Les progrès sont importants depuis l’an 2000. La mortalité des enfants de moins de 5 ans a été fortement diminuée, avec 2,65 millions de décès en moins par an par rapport à l’an 2000. 8 millions de personnes séropositives ont désormais accès aux traitements antirétroviraux.
  • Les analyses de ONE sur les progrès relatifs aux Objectifs du millénaire pour le développement sont basés sur les dernières données de la Banque Mondiale et sont détaillées dans un rapport en anglais paru ce jour.
  • ONE est une organisation non-gouvernementale de campagne et de plaidoyer comptant plus de 3 millions de membres à travers le monde et plus de 90 000 membres en France engagés dans la lutte contre l’extrême pauvreté et les maladies évitables, particulièrement en Afrique.

 

CONTACT : Annabel Hervieu : 01 40 64 17 02 / 06 31 22 89 68 ou [email protected]


[1] « C’est pourquoi, dès lors que nous renouerons avec la croissance, et j’espère le plus tôt possible parce que je ne m’inscris pas dans l’idée que nous vivrions nécessairement dans les pays développés avec une tendance qui serait à la croissance zéro -nous avons une ambition, nous aussi, de développement durable, de mobiliser toutes nos ressources, nos capacités de faire la transition énergétique et écologique, de chercher de nouvelles filières pour assurer un niveau de croissance suffisant- dès lors que nous l’aurons retrouvée, nous pourrons reprendre une trajectoire ascendante vers les objectifs internationaux que nous nous sommes fixés. » François Hollande, discours des Assises du développement et de la solidarité internationale, 1er mars 2013.