Investir dans la prévention des conflits coûtera 100 fois moins cher que d’y répondre

Chaque dollar que nous investissons dans des politiques favorisant la croissance économique et la stabilité politique nous permet d’économiser jusqu’à 103 dollars liés à la gestion de futurs conflits. 

Prévenir l’apparition de nouveaux conflits permet donc non seulement de sauver des vies, mais c’est aussi un choix économique stratégique.  

En 2023, les conflits ont coûté à l’économie mondiale plus de 19 000 milliards de dollars, soit la taille de l’économie de l’Union européenne et plus que la taille des économies combinées de l’Afrique, l’Amérique Latine, le Moyen-Orient et l’Asie du Sud. À l’échelle individuelle, cela reviendrait à un coût estimé à 2 380 dollars par habitant sur cette planète. Ces chiffres prennent en compte les dépenses militaires et sécuritaires, les pertes économiques et les vies perdues à cause de la violence. Si l’on y ajoute les impacts sur la santé humaine et le bien-être des populations, ainsi que les effets sur la croissance économique future et la stabilité mondiale, les coûts réels deviennent bien plus importants.  

La résolution de conflits est un sujet majeur à l’échelle internationale – à juste titre. Néanmoins, la prévention des conflits est une solution plus intelligente et économique qui permet de sauver des vies, de stabiliser des économies et de réduire l’utilisation d’interventions militaires très coûteuses. En effet, chaque dollar dépensé dans des mesures favorisant la croissance économique et la stabilité politique – comme les politiques de transparence et d’amélioration de la redevabilité des gouvernements, la création d’emplois et l’amélioration des services publics – permet d’éviter de dépenser jusqu’à 103 dollars dans un futur conflit et ses conséquences, selon une nouvelle étude du FMI.   

Les pays dont les besoins en matière de développement sont les plus importants sont ceux qui font face aux risques les plus élevés de conflits, et représentent un nombre disproportionné des conflits actifs dans le monde. Ils sont souvent en proie à de niveaux de pauvreté et de dette élevés et souffrent de la faiblesse de leurs institutions gouvernementales, de la mauvaise qualité de leurs services sociaux et de leurs budgets restreints. Ces facteurs les rendent plus vulnérables à l’instabilité politique et aux conflits. C’est en ciblant les pays qui font face à un risque élevé de conflit et une faible gouvernance que les politiques de prévention seront le plus bénéfiques.  

Les hauts responsables militaires sont d’accord : l’aide au développement est un investissement stratégique. Quand les gouvernements sont stables, les économies se développent. Quand les populations ont accès à des services de santé et d’éducation de qualité, à des possibilités décentes d’emploi, et sont libres de suivre une vie digne et ouverte à toutes les opportunités, elles réinvestissent dans les communautés qui les soutiennent, entraînant une croissance supplémentaire. C’est la force du développement : améliorer la sécurité de tous sans avoir recours à la violence. 

Le développement coûte beaucoup moins cher que l’envoi de soldats.” – Robert Gates, ancien Secrétaire américain à la Défense 

L’inverse est également vrai : les anciens conflits sont la cause principale de conflits futurs et d’une détérioration économique. Les pays qui se relèvent d’un conflit sont plus susceptibles d’y faire face à nouveau à l’avenir. La présence de violence est aussi coûteuse qu’un droit de douane de 30 % sur le commerce international. La simple perception de la violence peut dissuader les touristes et investisseurs internationaux. Ce cercle vicieux met en péril les efforts de consolidation de la paix et renforce le besoin d’investir dans une forme de développement qui stabilise de manière proactive les états.  

Nous ne pouvons pas passer à côté d’une telle opportunité. Les investissements dans l’aide publique au développement sont rentables grâce aux vies qu’ils sauvent et aux financements des crises qu’ils nous permettent d’économiser. Ils aident à promouvoir la stabilité politique et la croissance économique en renforçant les institutions gouvernementales, l’Etat de droit et la lutte contre la corruption, en encourageant la création d’opportunités économiques dans le secteur privé et en contribuant à une meilleure qualité des services publics, comme dans la santé et l’éducation. De plus, ils permettent de construire des partenariats stratégiques à travers le monde qui renforcent en retour la sécurité nationale ainsi que les relations économiques et protègent les populations contre les pandémies.  

Chaque dollar investi dans le développement sauve des vies, réduit nos dépenses militaires et évite de futures crises. Les pays donateurs doivent donc prendre des mesures concrètes dès aujourd’hui pour prévenir les conflits de demain. Cela inclut la priorisation du financement de l’aide au développement, le déblocage de centaines de milliards de dollars grâce aux réformes des banques multilatérales de développement, le soutien aux allègements de dette des pays en difficulté et la promotion des initiatives visant à diminuer le coût du capital pour les pays à faible revenu.  

Les hauts responsables militaires savent que le développement est un élément clé de la sécurité nationale :

« [Les défis posés par les États fragiles] ne peuvent être résolus par la seule force militaire. Ils nécessiteront des investissements stratégiques dans le développement et la diplomatie pour s’attaquer aux causes profondes des conflits afin de réussir sur le long terme. » – 141 généraux et amiraux américains à la retraite (trois et quatre étoiles)

« Notre sécurité sera améliorée en maintenant l’aide étrangère dans les années à venir plutôt qu’en procédant à de nouvelles réductions. »Général américain David Petraeus, directeur de la Central Intelligence Agency (CIA), 2011-2012

« Les efforts de l’USAID peuvent, à long terme, contribuer autant à la prévention des conflits que l’effet dissuasif d’un groupe d’attaque de porte-avions ou d’une force expéditionnaire maritime. »Lieutenant général John Allen, ancien commandant des forces américaines en Afghanistan

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