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« Je ne me souviens plus du nombre de personnes que j’ai tuées »

Données

Cette semaine, dans Ondes de Choc : les cas de variole du singe doublent toutes les deux semaines, la violence augmente dans le nord du Nigeria, un nouveau vaccin contre le paludisme a été développé, et plus encore.

ACTUALITES

Plafond mortel : Une nouvelle analyse de ONE montre la pression considérable que la guerre en Ukraine exerce sur les budgets de l’APD. Le coût d’accueil des réfugiés, que les pays donateurs peuvent comptabiliser dans l’aide, pourrait dépasser 42 milliards de dollars au niveau mondial en 2022 – soit l’équivalent de près d’un quart de l’APD totale en 2021. Les budgets d’aide ont plafonné ces dernières années, malgré l’augmentation des besoins liés à la pandémie de COVID-19, au dérèglement climatique et à la montée de l’insécurité alimentaire. Si les pays donateurs n’augmentent pas significativement leur APD, cela pourrait avoir des effets dévastateurs sur d’autres programmes indispensables pour sauver des vies et sur les pays dans le besoin.

AVIS DE RECHERCHE – Sécurité alimentaire : Alors qu’un accord entre l’Ukraine, la Russie, l’ONU et la Turquie a été signé pour débloquer les exportations de céréales des ports d’Ukraine, la prochaine étape consiste à rassurer les assureurs que les bateaux pourront naviguer sans risque. Ce n’est pas garanti : la Mer noire est truffée de mines et l’armée russe a bombardé la ville portuaire d’Odessa au lendemain de la signature de l’accord. Pas moins de 100 navires et des millions de tonnes de céréales sont bloqués en Ukraine depuis l’invasion de la Russie, exacerbant les prix des denrées alimentaires et la crise de la famine dans le monde. Pendant ce temps, dans une apparente amnésie, le ministre russe des affaires étrangères a tenté de rejeter la responsabilité des pénuries alimentaires sur l’Occident lors d’un voyage en Égypte, Éthiopie, Ouganda et en République du Congo, oubliant apparemment que son pays a pris pour cible des fermes, des installations de stockage de nourriture et des ports en Ukraine.

Un motif d’inquiétude : L’OMS prévoit qu’il y aura plus de 27 000 cas de variole du singe dans 88 pays d’ici le 2 août, le nombre de cas doublant toutes les deux semaines. La semaine dernière, l’OMS a déclaré que la variole du singe constituait une urgence de santé publique de portée internationale. Il est particulièrement inquiétant de constater que la façon dont la maladie se transmet n’est pas entièrement comprise. Alors que la concentration actuelle de cas (principalement en Europe) retient l’attention de la communauté internationale, l’Afrique est confrontée à des épidémies de variole du singe depuis les années 1970, sans que l’on s’en inquiète vraiment. Certains experts ont souligné l’hypocrisie et le danger que représente l’ignorance autour de ces épidémies. D’autres craignent que la stigmatisation empêche une réponse internationale, les hommes homosexuels ou bisexuels étant très majoritairement touchés par l’épidémie actuelle. Un vaccin existe, mais comme pour la pandémie de COVID-19 (dont les cas sont à nouveau en hausse), l’égalité d’accès est vitale. Cela vous rappelle quelque chose ?

La folie des enlèvements : Les enlèvements contre rançon sont devenus une industrie lucrative dans le nord du Nigeria, où près d’un million de personnes ont été déplacées dans l’État de Zamfara. Pas moins de 30 000 bandits participent au conflit intertribal entre Hausa et Fulani, qui a pour origine une lutte pour la terre et l’eau. Des groupes utilisent également la violence pour exprimer leurs désaccords à l’encontre du gouvernement (l’État de Zamfara a le pire système de santé du Nigeria). Les enlèvements contre rançon contribuent à financer la violence : un gang a déclaré avoir reçu 60 millions de nairas (140 000 dollars) de rançon du gouvernement pour la libération de près de 300 écolières kidnappées, puis avoir utilisé cet argent pour acheter d’autres armes. Le gouvernement de l’État de Zamfara nié avoir payé la rançon. Un chef de gang déclare : « Je ne me souviens plus du nombre de personnes que j’ai tuées ». La violence a entraîné la fermeture des écoles, et le gouvernement de l’État exhorte les citoyens à porter des armes pour se défendre. Certaines preuves suggèrent que les forces gouvernementales ont participé à certaines des attaques.

Aide au SIDA : Le VIH/sida est l’une des principales causes de décès des femmes en âge de procréer. En 2021, 38,4 millions de personnes vivront avec le VIH/sida dans le monde. La pandémie de COVID-19 a entravé le dépistage et les traitements : en Afrique du Sud, l’offre de tels services a chuté de 40 % en 2021. Lors de la 24ème conférence internationale sur le sida (qui se tient cette semaine à Montréal), les experts exhortent les dirigeants à répondre aux besoins de financement du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Les États-Unis se sont engagés à verser 6 milliards de dollars sur les 18 milliards nécessaires au cours des trois prochaines années, mais cette somme doit être approuvée par le Congrès et pourrait diminuer si d’autres pays ne fournissent pas au moins deux tiers du total. Pour atteindre l’objectif, la France, le Japon et l’Allemagne doivent augmenter leur contribution de 30 %. 📈

Le buzz des vaccins : Après des décennies de recherche, un nouveau vaccin contre le paludisme est prêt à être déployé. Lors des essais, le Mosquirix a permis de réduire les cas de 39 % et les cas graves de 29 %. Mais il pourrait ne pas y en avoir assez pour tout le monde. GSK, le fabricant du vaccin, ne peut produire que 15 millions de doses par an jusqu’en 2028, ce qui est loin des 80 à 100 millions de doses nécessaires chaque année. Le Ghana, le Kenya et le Malawi sont prêts à recevoir le premier déploiement de vaccins grâce à Gavi, l’Alliance du Vaccin, et l’OMS exhorte les autres pays africains à demander un financement sur une enveloppe de 160 millions de dollars. En 2020, près de 500 000 enfants sont morts du paludisme en Afrique. Un autre vaccin antipaludéen, qui pourrait être deux fois plus efficace pour prévenir le paludisme, arrive à la fin des essais de la phase 3.

En quête de rédemption : Le président français Emmanuel Macron tente d’améliorer les relations entre la France et l’Afrique lors de sa toute première visite au Cameroun, au Bénin et en Guinée-Bissau. Les crises alimentaire et économique croissantes, ainsi que la sécurité régionale figurent en tête de son agenda et les tensions de l’époque coloniale constituent la toile de fond de la visite. Emmanuel Macron a insisté sur le fait que la présence militaire de la France en Afrique ne diminuerait pas malgré le retrait de ses troupes du Mali. Mais les analystes ont alerté sur le fait que la relation de la France avec le continent est à son niveau le plus bas.

L’ÉQUIPE DE ONE EN ACTION : 

  • Nous avons préparé une liste d’experts et d’activistes faisant un travail extraordinaire sur la santé, le climat, le genre et la justice économique. Suivez-les ici.
  • ONE s’est associé à The Citizen pour étudier comment le financement d’urgence pour faire face aux impacts sanitaires et sociaux de la pandémie de COVID-19 a permis d’améliorer l’accès à l’éducation, avec la construction de 15 000 salles de classe supplémentaires en Tanzanie.
  • ONE et ses partenaires ont analysé la situation des systèmes de santé dans les 36 États du Nigeria. SPOILER : ces derniers restent médiocres dans de nombreux États.
  • David McNair, Directeur de l’équipe expertise de ONE, explique l’impact de la dégradation des prévisions de l’économie mondiale du FMI et les conséquences du voyage du ministre russe des Affaires étrangères, Sergy Lavrov, en Afrique.
  • Gayle Smith, PDG de ONE, explique comment remporter la lutte mondiale contre le VIH/sida.

LES CHIFFRES :

  • 100 millions de dollars ont été alloués aux Centres africains de contrôle et de prévention des maladies (Africa CDC) par la Banque Mondiale pour aider les pays à se préparer, détecter et réagir aux crises sanitaires.
  • 42,6 % des financements essentiels pour faire face à la crise alimentaire en Somalie ont été fournis, laissant un manque s’élevant à 836,8 millions de dollars, et ce malgré les 476 millions de dollars supplémentaires fournis par USAID.
  • 86 millions : le nombre estimé de migrants climatiques internes en Afrique subsaharienne d’ici 2050, soit 4% de la population de la région.

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