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Poutine, le marionnettiste

Analyse

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Cette semaine dans Ondes de Choc : Poutine fait un aveu inattendu sur le rôle de la Russie en Afrique, on vous raconte tout ce qui s’est passé (et ce qui ne s’est pas passé) lors du Sommet pour un nouveau pacte financier mondial et la frustration des dirigeants africains face au système financier actuel.

ACTUALITÉS

Le marionnettiste : L’aveu du président russe Vladimir Poutine selon lequel le groupe Wagner est entièrement financé par l’État a rassuré les pays africains sur le fait que le conflit avec le dirigeant du groupe ne perturbera pas les opérations de Wagner dans leurs pays. L’incident pourrait représenter une menace pour la sécurité au Mali et en République centrafricaine, dont les dirigeants ont rompu les relations avec la France et invité le groupe de mercenaires à jouer les gardiens de la paix. De plus en plus de signes indiquent que Wagner ne la maintient pas vraiment, la paix : le groupe a été accusé de violations des droits humains et a exposé des entreprises locales aux sanctions américaines pour des transactions d’or illégales.

Prendre un nouveau cap : La Banque mondiale a demandé au gouvernement du président nigérian Bola Tinubu de donner la priorité au renforcement de la fiscalité du pays. La Banque mondiale a appelé à une approche plus globale des réformes de la politique budgétaire, qui protège les personnes vivant dans la pauvreté et encourage le développement social. Elle a estimé que les récentes réformes du pays en matière de subventions sur les carburants et de contrôle des taux de change constituaient un bon début. Un nouveau rapport des équipes de ONE au Nigeria donne des indications sur la manière dont le gouvernement de Tinubu pourrait sortir le pays du fardeau de la dette tout en protégeant les dépenses sociales. En 2021, 91 % des recettes publiques ont été consacrées au service de la dette, contre 29 % en 2014. Plus de 38 % des dépenses publiques ont été consacrées au service de la dette en 2021, soit presque trois fois plus que les secteurs de l’agriculture, de la santé et de l’éducation réunis. A priori, ce n’est pas la recette du succès.

Déshabiller Pierre pour habiller Paul : Le président kenyan William Ruto ressent lui aussi la pression du fardeau de la dette de son pays. Le remboursement des euro-obligations de 2 milliards de dollars doit être effectué en juin 2024, et Ruto a annoncé le rachat de la moitié de cette dette d’ici la fin de l’année. Suite aux retards de paiement des fonctionnaires et à la baisse des réserves de change du pays, les investisseurs se demandent comment le gouvernement va financer un tel rachat. Un indice : M. Ruto a signé un projet de loi controversé qui introduit un large éventail de hausses d’impôts qui pourraient rapporter 2,57 mille milliards de shillings (18,3 milliards de dollars américains). Cela risque de pénaliser les citoyens qui doivent déjà faire face à l’inflation. Il est peu probable qu’un président qui a fait campagne promettant le contraire puisse s’attirer de la sympathie.

Des progrès (en quelque sorte) à Paris : Le Sommet pour un nouveau pacte financier mondial, qui a fait couler beaucoup d’encre, s’est achevé sur peu d’engagements… Les verbes « pourrait » et « devrait » sont apparus 50 fois dans la feuille de route « proposée » par le sommet. On est loin du degré d’ambition qu’exigent les crises mondiales actuelles. Un ensemble d’actions prioritaires ancrées dans une feuille de route avec des échéances précises a toutefois été suggéré, ce qui pourrait avoir un impact considérable si une coalition de volontaires les défendait par l’intermédiaire du G20 et des conseils d’administration des banques multilatérales de développement. Le président de la Banque mondiale, Ajay Banga, a annoncé un nouvel engagement : offrir des clauses de suspension temporaire du paiement de la dette pour les pays confrontés à des catastrophes naturelles. Mais l’organisation n’a pas offert les mêmes garanties pour les pandémies et autres crises sanitaires. 22 pays et la Commission européenne ont exprimé leur soutien de principe à une taxe sur les émissions du secteur du transport maritime. L’Afrique a remporté quelques victoires notables : la Zambie a obtenu un accord de restructuration de sa dette de 6,3 milliards de dollars et le Sénégal s’est engagé à verser 2,7 milliards de dollars pour sa transition énergétique. L’avenir nous dira si le sommet s’est avéré être le moment décisif qui s’imposait.

Les subalternes s’expriment : Les dirigeants africains présents au sommet ont exprimé leur frustration d’être régulièrement mis à l’écart du système financier mondial. Le président kényan William Ruto a demandé que les pays à revenu faible soient davantage impliqués dans la gouvernance des institutions financières internationales. Évoquant les inégalités d’accès aux vaccins lors de la pandémie de COVID-19, le président sud-africain Cyril Ramaphosa a accusé l’Occident de faire des pays du Sud des « mendiants », les obligeant à négocier l’accès à des services de base. Il est dommage – et révélateur – qu’Emmanuel Macron et le chancelier allemand Olaf Scholz aient été les seuls chefs d’État du G7 présents pour entendre ces préoccupations. Peut-être que davantage de dirigeants du G7 assisteront au Sommet africain de l’action pour le climat en septembre pour soutenir les solutions apportées par les dirigeants africains au changement climatique. 🤞

Résister aux tempêtes : Une nouvelle plateforme d’investissement pour renforcer les services de soins de santé primaires, lancée lors du sommet de Paris, fournira aux pays à revenu faible et intermédiaire les financements nécessaires pour renforcer la résilience de leurs systèmes de soins. La plateforme mettra à la disposition des pays éligibles un montant initial de 1,5 milliard d’euros sous forme de prêts et de subventions. Les membres fondateurs de la plateforme sont l’OMS, la Banque africaine de développement, la Banque européenne d’investissement et la Banque islamique de développement, et d’autres banques multilatérales de développement devraient les rejoindre. Les pays africains sont parmi les plus durement touchés par les impacts du changement climatique dans le domaine de la santé. La fréquence et l’intensité accrues des phénomènes météorologiques extrêmes entraînent une augmentation de la faim et des maladies, ce qui met à rude épreuve les systèmes de santé qui manquent de ressources.

L’ÉQUIPE DE ONE EN ACTION : 

  • Trois de nos jeunes Ambassadrices ont été reçues à l’Elysée pour rencontrer Emmanuel Macron afin de lui faire part de nos recommandations en amont du Sommet pour un nouveau pacte financier mondial.
  • Retrouvez ici notre réaction au Sommet, qui présente des avancées encourageantes mais est loin d’être un véritable nouveau pacte financier mondial.
  • Retour sur la mobilisation de nos jeunes Ambassadeurs et Ambassadrices sur la place de la République à Paris en marge du Sommet, afin de demander des solutions concrètes pour aider les pays les plus vulnérables au changement climatique et sensibiliser les citoyen·ne·s à ces enjeux.
  • Si vous l’avez manqué, retrouvez l’interview de Najat Vallaud-Belkacem, notre Directrice France, sur TV5Monde afin de dresser le bilan de ce Sommet.

LES CHIFFRES :

A suivre

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