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On pourrait (vraiment) venir à bout du sida

Analyse

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Cette semaine dans Ondes de Choc : on se penche sur la manière d’en finir avec le sida, la Corée du Sud qui apporte son aide aux pays africains, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) qui est quelque peu hypocrite, et bien plus encore. 

ACTUALITES

Mettre fin au sida : 630 000 personnes sont mortes de maladies liées au virus du sida en 2022. Il s’agit d’une baisse remarquable de 69 % par rapport au pic des décès en 2004. Selon un nouveau rapport de l’ONUSIDA, le nombre de décès en 2022 équivaut à plus d’un mort chaque minute. Des progrès considérables ont été accomplis dans cette lutte, le nombre de nouvelles infections par le VIH ayant atteint son niveau le plus bas depuis des décennies. Ces progrès sont toutefois menacés dans certaines régions où les nouvelles infections sont en hausse. Les financements internationaux et nationaux de la lutte contre le VIH sont par ailleurs retombés à leur niveau de 2013 (20,8 milliards de dollars), loin des 29,3 milliards de dollars nécessaires d’ici à 2025. Mais le monde pourrait mettre fin à l’épidémie de sida si les dirigeants le décidaient : il faut un nouvel engagement politique et des investissements, notamment dans des initiatives telles que l’injection à longue durée d’action, traitement potentiellement révolutionnaire contre le VIH.

Une pilule difficile à avaler : La décision du gouvernement kenyan d’instaurer de nouvelles taxes a déclenché des manifestations dans tout le pays, qui ont fait au moins six morts mercredi. Ces taxes sont extrêmement impopulaires, mais le remboursement imminent de la dette n’a laissé au président William Ruto que peu d’options pour augmenter les recettes. L’augmentation des impôts est une pilule difficile à avaler pour les Kényans qui subissent de plein fouet la hausse du coût de la vie. Au Nigeria, le président Bola Tinubu devrait garder à l’esprit les coûts sociaux de l’austérité alors que son administration se lance dans un ambitieux plan de réforme pour augmenter les recettes fiscales face à l’augmentation du coût de la dette. Pendant ce temps, les pays vulnérables sur le plan climatique et frappés par la dette ont versé 50 milliards de dollars aux créanciers du G20 depuis le début de la pandémie de COVID-19. 🤯

Trouver des fonds : Une augmentation du capital pour renforcer les banques multilatérales de développement (BMD) est « inéluctable », selon un groupe d’experts du G20. Certains pays (notamment les États-Unis) se sont montrés réticents à s’engager en faveur d’une telle augmentation, arguant que les réformes institutionnelles étaient prioritaires. Mais les réformes ne suffiront pas à tripler les prêts et les dons de la Banque mondiale, comme l’ont demandé les ministres africains des finances. Les financements à faible taux d’intérêt des banques multilatérales de développement sont essentiels pour les pays africains à court d’argent, confrontés à des coûts d’emprunt élevés sur les marchés des capitaux et à une baisse des investissements directs étrangers. En fonctionnant de manière optimale, les BMD pourraient aider les pays africains à ne pas avoir à choisir entre les objectifs de développement et les objectifs climatiques. Pendant ce temps, les membres de l’OTAN se sont engagés à consacrer au moins 2 % de leur PIB à la défense. Imaginez qu’ils s’engagent à consacrer le même montant (ou davantage) aux populations les plus vulnérables et à la planète…

Un manque de crédibilité, partie une : Il n’y a pas si longtemps, l’agence fiscale camerounaise prévoyait d’enquêter sur 656 millions de dollars de paiements non déclarés provenant de fonds publics et versés à des entités commerciales et à des individus douteux. Aujourd’hui, l’enquête a été discrètement abandonnée : cette dernière aurait permis d’enquêter sur plusieurs sociétés nationales et internationales bien connues, mais elle a été opportunément bloquée par la révocation du directeur général du fisc au début de l’année.

Un manque de crédibilité, deuxième partie : Saper la transparence fiscale est apparemment aussi en vogue à l’OCDE : l’organisation aurait fait pression sur le gouvernement australien pour qu’il abandonne une proposition qui aurait obligé les entreprises multinationales à révéler où et combien elles paient leurs impôts. Oui, la même organisation qui est censée combattre l’évasion fiscale et qui a récemment vanté les avantages de la transparence fiscale en Afrique.

Coup de chaleur : Les températures dans la ville nigérienne d’Agadez ont atteint les 47 degrés la semaine dernière, mettant à rude épreuve les personnes et les animaux. Cette vague de chaleur survient à un moment où les températures moyennes mondiales atteignent des niveaux record. Si de nombreux pays de l’hémisphère nord connaissent également des vagues de chaleur, l’impact des températures élevées est plus prononcé dans des pays comme le Niger. L’augmentation de la mortalité du bétail due à cette vague de chaleur menace d’exacerber l’insécurité alimentaire dans le pays, où 71 % de la population n’a déjà pas accès à suffisamment de nourriture. Cela nous rappelle que les pays africains portent le fardeau d’une crise climatique dont ils ne sont pas responsables.

L’histoire de deux crises : Selon le Conseil norvégien pour les réfugiés, le Burkina Faso connaît la crise de déplacements la plus négligée au monde. La violence des insurgés et l’instabilité politique ont entraîné le déplacement de 2 millions de personnes, soit environ 1 Burkinabé sur 10. Pourtant, la crise n’a reçu que peu d’attention de la part des médias internationaux et peu d’aide humanitaire. Le contraste entre la réponse internationale face à la crise humanitaire ukrainienne et la négligence face à d’autres crises humanitaires qui ne se déroulent pas dans l’arrière-cour de l’Europe est frappant. Le Burkina Faso n’a reçu que 42 % de l’aide humanitaire demandée en 2022, ce qui contraste fortement avec les 90 % d’aide reçue par l’Ukraine.

Encore mieux que la K-Pop : La Corée du Sud a lancé une nouvelle initiative pour aider huit pays africains à stimuler leur production de riz et à réduire leur dépendance à l’égard des importations. Dans le cadre du « projet K-rice », la Corée du Sud investira dans les infrastructures et la technologie pour aider le Cameroun, la Gambie, le Ghana, la Guinée, la Guinée-Bissau, le Kenya, le Sénégal et l’Ouganda à produire des variétés de riz à haut rendement mieux adaptées à leurs climats. La Corée du Sud prévoit de consacrer 80 millions de dollars au projet d’ici à 2027. Ce projet se distingue par sa volonté d’aider les pays à améliorer leur autosuffisance, plutôt que de se contenter de fournir une aide alimentaire. Il s’agit d’une manifestation de soutien bienvenue pour les pays confrontés à la hausse des prix des denrées alimentaires, à l’épuisement des réserves de change et au coût élevé du service de la dette. Il s’agit également d’un projet particulièrement opportun pour les pays d’Afrique de l’Ouest : malgré des niveaux record d’insécurité alimentaire, le manque de financement a conduit le Programme Alimentaire Mondial à réduire l’aide alimentaire dans la région.

L’ÉQUIPE DE ONE EN ACTION : 

  • ONE lance une pétition adressée au nouveau directeur de la Banque mondiale, Ajay Banga. Nous l’appelons à fixer de nouveaux objectifs pour la Banque afin d’accroître son impact, à accorder plus de prêts et de dons pour que les pays puissent lutter contre la crise climatique et l’extrême pauvreté, à être à l’écoute des dirigeant·e·s et des populations, et à faire de l’égalité des genres une priorité. Signez la pétition et partagez-la autour de vous !

LES CHIFFRES :

66 millions d’euros : le montant des recettes additionnelles des pays africains obtenues en 2022 grâce aux mesures de transparence fiscale.

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