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Le combat contre le sida en 2023 : état des lieux, avancées scientifiques et enjeux majeurs

Analyse

En Juillet 2023, un nouveau rapport de l’ONUSIDA a été publié et il montre qu’il est possible de mettre fin au sida d’ici 2030.

« La fin du sida est l’occasion pour les leaders d’aujourd’hui de laisser une trace incroyable dans l’Histoire », a déclaré la directrice exécutive de l’ONUSIDA, Winnie Byanyima. « Les générations futures pourraient se souvenir d’eux comme les personnes qui ont mis un terme à la pandémie la plus mortelle au monde. Ils pourraient sauver des millions de vies et protéger la santé de tous et toutes. Ils pourraient incarner le potentiel du volontarisme politique. »

Le rapport souligne que les ripostes efficaces contre le VIH sont celles qui s’enracinent dans un engagement politique fort. Cela passe par l’utilisation des données, de la science et des preuves, la lutte contre les inégalités qui freinent les progrès, le soutien apporté au rôle essentiel des communautés et des organisations de la société civile dans la riposte et la garantie d’un financement adéquat et pérenne.

Quels sont les principaux moyens de lutte contre le sida ?

Les investissements financiers en faveur de la sensibilisation, prévention, information et de l’accès aux traitements permettent de lutter durablement contre la transmission du virus.

Selon l’ONUSIDA, les pays et les régions où les investissements financiers sont les plus importants sont là où l’on enregistre les meilleurs progrès. Ainsi, en Afrique orientale et australe, les nouvelles contaminations au VIH ont diminué de 57 % depuis 2010.

Grâce à l’accent mis sur le sida pédiatrique et aux investissements pour y mettre fin, 82 % des femmes enceintes et allaitantes vivant avec le VIH dans le monde avaient accès à un traitement antirétroviral en 2022, contre 46 % en 2010. Ces efforts ont entraîné une baisse de 58 % des nouvelles contaminations au VIH chez les enfants entre 2010 et 2022, soit le niveau le plus bas depuis les années 1980.

Le nombre de personnes sous traitement antirétroviral a quadruplé, passant de 7,7 millions en 2010 à 29,8 millions en 2022.

La prévention et le traitement du VIH sont fondés sur des données probantes, l’intégration des systèmes de santé, des lois non discriminatoires, l’égalité des sexes et l’autonomie des réseaux communautaires.

État actuel de la lutte contre le sida : avancées et défis

Selon le dernier rapport de l’ONUSIDA, le Botswana, l’Eswatini, le Rwanda, la République unie de Tanzanie et le Zimbabwe ont déjà atteint les objectifs 95-95-95. Cela signifie que 95 % des personnes vivant avec le VIH connaissent leur état sérologique, que 95 % de ces personnes suivent un traitement antirétroviral vital et que 95 % des personnes sous traitement ont une charge virale indétectable. Seize autres pays, dont huit en Afrique subsaharienne, la région où vivent 65 % des personnes séropositives, sont également sur le point d’atteindre cet objectif.

Cependant, le sida ne s’éradiquera pas de lui-même. En 2022, une personne est morte chaque minute du sida. Environ 9,2 millions de personnes dans le monde ne sont toujours pas sous traitement, dont 660 000 enfants séropositifs.

Prévention du VIH : mesures clés pour réduire les nouvelles infections

Le VIH est une maladie évitable. Il est primordial d’instaurer dans chaque pays des démarches de prévention et d’information. Plusieurs rapports soulignent

la complémentarité et l’interaction considérables entre la prévention primaire du VIH, le dépistage, le traitement et la prévention de la transmission verticale du VIH.

Le risque d’infection par le VIH peut être drastiquement réduit grâce aux démarches de prévention, il est fondamental que chacun puisse avoir accès :

  • à l’utilisation du préservatif masculin ou féminin pendant les rapports sexuels ;
  • au dépistage du VIH et d’autres infections sexuellement transmissibles ;
  • à la circoncision médicale volontaire de l’homme ;
  • aux services de réduction des effets nocifs pour les consommateurs de drogues par injection.

La Coalition mondiale pour la prévention du VIH propose une feuille de route de prévention du VIH 2025 qui comprend 10 actions phares. Les voici :

Elle préconise également plusieurs objectifs et engagements à mettre en place afin de faire de la lutte contre le VIH un succès :

Mettre fin aux inégalités : Prendre des mesures urgentes et transformatrices pour mettre fin aux inégalités sociales, économiques, raciales et de genre qui perpétuent la pandémie de VIH.

Résultats équitables et objectifs granulaires : Atteindre les objectifs de prévention, de dépistage et de traitement combinés du VIH dans tous les

groupes démographiques, populations et contextes géographiques pertinents.

Priorité à la prévention combinée du VIH : Donner la priorité à des ensembles complets de services de prévention du VIH et veiller à ce qu’ils soient disponibles

et utilisés par 95 % des personnes exposées au risque d’infection à VIH.

Nouvelle cascade du VIH : Atteindre les nouveaux objectifs 95–95–95 en matière de dépistage, de traitement et de suppression virale dans tous les groupes démographiques, populations et contextes géographiques.

Indétectable = Intransmissible : Reconnaître que la suppression virale par le biais d’une thérapie antirétrovirale est un élément puissant de la prévention combinée du VIH puisque les personnes vivant avec le VIH qui ont une charge virale indétectable ne peuvent pas transmettre l’infection à d’autres.

Élimination des nouvelles infections à VIH chez les enfants : Veiller à ce que 95 % des femmes enceintes et allaitantes aient accès à une prévention combinée du VIH, à un dépistage prénatal et à un nouveau dépistage ; que 95 % des femmes vivant avec le VIH atteignent et maintiennent une suppression virale avant l’accouchement et pendant l’allaitement ; et que 95 % des enfants exposés au VIH soient testés dans les deux mois suivant leur naissance et, en cas de séropositivité, reçoivent un traitement optimisé.

Financer pleinement la riposte au VIH : Investir 29 milliards de dollars US par an dans les pays à revenu faible et intermédiaire, dont au moins 3,1 milliards de

dollars US pour les catalyseurs sociétaux.

Traitement du VIH : les avancées médicales et l’accès aux antirétroviraux

Depuis la découverte du sida en 1981, des douzaines de nouveaux médicaments antirétroviraux ont été mis au point pour traiter le VIH. Les différentes classes de médicaments antirétroviraux agissent contre le VIH de différentes façons. Lorsqu’ils sont combinés, ils sont beaucoup plus efficaces pour contrôler le virus et moins susceptibles de favoriser la résistance aux médicaments que lorsqu’ils sont administrés séparément.

Le traitement combiné comportant au moins trois médicaments antirétroviraux différents est aujourd’hui devenu la norme pour toutes les personnes nouvellement diagnostiquées séropositives au VIH.

Le traitement antirétroviral combiné empêche le VIH de se multiplier et peut faire disparaître le virus dans le sang. Il permet ainsi au système immunitaire du patient de récupérer, de vaincre les infections et d’éviter le développement du sida et d’autres effets à long terme de l’infection à VIH.

Actuellement, on compte près de 23,3 millions de personnes sous traitement anti-VIH dans le monde. On estime aujourd’hui, qu’une personne vivant avec le VIH qui débute un traitement antirétroviral aura la même espérance de vie qu’une personne séronégative au VIH du même âge. Ainsi, le traitement antirétroviral donne de meilleurs résultats lorsqu’il est entamé très tôt après l’infection à VIH, au lieu de le retarder jusqu’à l’apparition des symptômes.

Recherche sur le sida : pistes prometteuses et objectifs futurs

En France, c’est à l’Institut de génétique humaine qu’une équipe de chercheurs a identifié en mars 2017 un marqueur permettant de discerner les cellules saines des cellules «dormantes» infectées par le VIH. Cette découverte ouvre la voie à de nouvelles stratégies thérapeutiques par le ciblage des cellules infectées.

Si guérir du sida est un objectif, ne pas être infecté en est un autre. La mise au point d’un vaccin préventif continue de mobiliser les chercheurs du monde entier.

Le principe de la vaccination classique, qui repose sur l’injection d’une forme atténuée du virus pour stimuler la réponse immunitaire, est inefficace dans le cas du VIH en raison de sa grande capacité à muter. Le développement d’un vaccin anti sida impose de trouver des stratégies inédites” explique Vincent Vieillard, chercheur au Centre d’immunologie et des maladies infectieuses à Paris.

En 2022, une étude de l’Université de Tel Aviv, parue dans la revue Nature Biotechnology le 9 juin, indiquait qu’une personne vivant avec le VIH pourrait un jour avoir la possibilité d’être traitée avec une seule dose de vaccin curatif.

L’objectif de cette équipe de chercheurs israéliens et américains est de concevoir génétiquement des globules blancs de type B à l’intérieur du corps d’une personne infectée par le VIH. Une fois modifiées, ces cellules sanguines pourraient être capables de sécréter des anticorps qui neutralisent le VIH, puis l’éradiquent de l’organisme du patient.

Le virus du sida possède encore de nombreux secrets. Et les experts sont unanimes : outre les bénéfices déjà obtenus pour lutter contre la maladie, les avancées réalisées sur le VIH ont déjà révolutionné bon nombre de connaissances fondamentales en biologie, en immunologie comme en virologie.

Enjeux mondiaux de la lutte contre le sida : mobilisation et sensibilisation

Les 18 et 19 septembre 2022 se tenait aux États-Unis la 7e Conférence de reconstitution des ressources du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Avec un objectif clair, récolter 18 milliards de dollars US pour faire face à la situation sanitaire dégradée au niveau mondial.

Le Fond mondial a été créé en 2002 à l’initiative des états du G7. C’est une fondation internationale à but non lucratif destinée à mobiliser et investir des ressources supplémentaires, au-delà des financement domestiques, bilatéraux et multilatéraux, pour mettre fin aux épidémies de VIH, de tuberculose et de paludisme à l’appui de la réalisation des objectifs de développement durable (ODD 3 de l’ONU « bonne santé et bien-être »). Le Fonds mondial a contribué à sauver 44 millions de vies au cours de ses vingt premières années d’existence, ce qui en fait l’une des organisations les plus impactantes de la planète dans le secteur de la santé.

Cette 7ème édition a permis de récolter 15,7 milliards de dollars US afin de répondre aux défis de la santé mondiale contre trois pandémies, le sida, la tuberculose et le paludisme et contribuer à la création de systèmes de santé résilients et durables.

Spécifiquement sur le VIH, le Fonds mondial a investi près de 23 milliards de dollars US, soit 25 % du financement international des programmes de lutte contre le VIH. Dans les pays où le Fonds mondial investit, les décès imputables au sida ont diminué de 65% et les nouvelles infections ont diminué de 54 % depuis 2002.

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