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L’Assemblée générale des Nations unies n’est-elle qu’un Davos moins « sélect » ?

Analyse

Cette semaine dans Ondes de Choc, nous nous penchons sur ce qui s’est passé lors des réunions de l’Assemblée générale des Nations unies. Et on vous explique comment ONE et Google entendent faciliter l’accès et l’utilisation des données sur le développement. 

ACTUALITES

Intérêt en hausse, valeur en baisse : Les monnaies africaines ont perdu 8 % de leur valeur entre janvier 2022 et mars 2023, ce qui rend leur dette et leurs importations encore plus coûteuses. Il s’agit d’une conséquence souvent méconnue de l’augmentation rapide des taux d’intérêt. En effet, la plupart des dettes – y compris 80 % des prêts dans les pays à revenu faible et intermédiaire – sont en dollars. Or, cette devise s’est considérablement renforcée ces dernières années, grâce à la hausse des taux d’intérêt américains. Depuis le début de la pandémie, la dépréciation de la monnaie en Afrique subsaharienne a augmenté le coût de la dette de 10 % du PIB. Environ 3,3 milliards de personnes – soit près de la moitié de l’humanité – vivent aujourd’hui dans des pays qui dépensent plus pour le paiement des intérêts de la dette que pour la santé ou l’éducation. 🤯

🚨 Pour en savoir plus, rendez-vous sur notre nouveau site ONE Data Commons, fruit de notre nouveau partenariat avec Google pour rendre les données plus accessibles à tous ceux qui agissent pour construire un avenir plus juste.

Mesurer les Objectifs : ONE n’est pas la seule organisation à utiliser Data Commons de Google. Les Nations unies se sont également associées au géant de la tech pour rendre plus accessibles les données relatives aux Objectifs de développement durable (ODD). La base de données de l’ONU permettra de mieux suivre les progrès réalisés au niveau mondial, régional et national dans le cadre de ces objectifs. Ce partenariat arrive à point nommé : il a été annoncé le deuxième jour du sommet sur les Objectifs de développement durable, au cours duquel les dirigeants du monde entier se sont réunis pour discuter des moyens d’accélérer les progrès vers la réalisation des objectifs. La réunion de deux jours s’est achevée sur peu de nouveaux engagements, mais elle a mis en évidence un large soutien en faveur d’un meilleur fonctionnement du système financier international pour les pays à revenu faible et intermédiaire. Maintenant que les Nations unies disposent d’un meilleur accès aux données relatives aux ODD, nous attendons davantage de solutions d’ici l’année prochaine. 🙏🏽

Réformer, mais pas trop: Les pays les plus riches du monde ont délibérément tenté de bloquer les progrès d’un plan de financement de 500 milliards de dollars proposé par les Nations unies pour les ODD. Leur justification : la conviction que les efforts internationaux visant à débloquer des fonds pour le développement durable sont mieux menés par la Banque mondiale, le Fonds monétaire international, le G7 et le G20. Le président américain Joe Biden a profité de son discours à l’Assemblée générale des Nations unies pour appeler à des réformes majeures du système financier international qui profiteraient aux pays à revenu faible. Mais alors que ces réformes sont en cours, la proposition du G20 de 20 milliards de dollars supplémentaires par an pour de nouveaux financements représente à peine 2 % des 1 000 milliards de dollars par an que les experts jugent nécessaires. Ce n’est pas ce que les activistes du monde entier avaient à l’esprit lorsqu’ils ont appelé à un plan de 2 % (du PIB mondial !) pour les peuples et la planète. Heureusement, un autre moment international majeur permettant aux dirigeants d’annoncer des progrès se profile à l’horizon : les prochaines réunions annuelles de la Banque mondiale et du FMI, qui se tiendront en octobre. 

Combler le vide : Les dirigeants des pays à revenu élevé continuent de retarder la mise en place des niveaux de financement nécessaires au développement, et les pays à revenu faible et surendettés sont à court d’options. Les prêts chinois aux gouvernements africains sont tombés à leur plus bas niveau depuis 20 ans. Cette baisse pourrait être due à un certain nombre de facteurs, notamment les pressions économiques accrues dans le pays et la volonté de Pékin de privilégier la qualité plutôt que la quantité dans ses investissements. Quoi qu’il en soit, les pays africains qui n’ont pas accès à des financements abordables sur les marchés des capitaux ont perdu une source importante de financement alternatif pour répondre à leurs besoins croissants en matière d’infrastructures. Les prêteurs chinois ont traditionnellement soutenu le développement des infrastructures dans les pays africains. Rien ne garantit dans l’immédiat que d’autres pays (et les banques multilatérales de développement) interviendront pour combler le vide. Une bonne nouvelle : le Canada allouera 700 millions de dollars supplémentaires en droits de tirage spéciaux, d’une valeur de 1,3 milliard de dollars, au Fonds fiduciaire pour la réduction de la pauvreté et la croissance. 👏🏼

Applaudir les ambitieux ? Seuls les pays qui ont pris au sérieux la partie « ambition » du sommet sur l’ambition climatique ont été invités à prendre la parole lors de l’événement. Les États-Unis et la Chine, les deux plus grands émetteurs d’émissions de gaz à effet de serre au monde, ainsi que les Émirats arabes unis, hôtes du prochain sommet mondial sur le climat, n’ont pas participé à ce sommet. En revanche, le Brésil, le Canada, l’Union européenne, le Pakistan, l’Afrique du Sud et Tuvalu, tous des pays – ou union – qui, selon le secrétaire général António Guterres, contribuent à l’effort international en faveur du climat, y étaient représentés. Des dizaines de milliers de manifestants à New York et dans le monde entier ont fait écho à la demande d’accélération de ces efforts, exhortant les dirigeants à mettre fin à l’utilisation des énergies fossiles. Cela ne semble pas près de se produire : les pays débattent encore de savoir s’il faut réduire ou supprimer progressivement ces énergies fossiles. En attendant, sans surprise, 2023 est en passe d’être l’année la plus chaude jamais enregistrée.

Chasser la pluie : Le changement climatique a multiplié par 50 la probabilité et l’intensité des précipitations extrêmes à l’origine des récentes inondations en Libye. Les scientifiques ont décrit la tempête qui a frappé la Libye comme un événement qui ne se produit que tous les 600 ans. Et la mauvaise gouvernance a aggravé les dégâts. Si les responsables gouvernementaux avaient accordé plus d’attention aux barrages vieillissants qui séparaient la ville de Derna de la mer, les inondations auraient sans doute été moins meurtrières. Compte tenu de tout ce que nous savons sur le changement climatique et sur les mesures nécessaires pour éviter ses pires effets, il n’y a plus d’excuses pour refuser d’agir sur la base des solutions dont nous disposons. Et cela inclut la lutte contre la corruption.

À quel prix ? Une déclaration « historique » mais non contraignante sur la préparation et la réponse aux pandémies a été adoptée lors d’une réunion de haut niveau des Nations unies cette semaine. Il s’agit d’une étape importante, bien que largement symbolique, vers la reconnaissance des menaces existentielles que représentent les pandémies. Mais la déclaration manque d’engagements solides et la participation politique de haut niveau à l’événement a été inégale. Dans le domaine de la santé, la commission sud-africaine de la concurrence enquête pour savoir si Johnson & Johnson a facturé au pays plus du double du prix normal pour l’accès à un médicament contre la tuberculose. Plusieurs initiatives ont été lancées en Afrique pour diversifier la production régionale de vaccins et de médicaments afin de lutter contre la persistance des prix élevés des produits pharmaceutiques. 

L’ÉQUIPE DE ONE EN ACTION : 

  • Bono, co-fondateur de ONE, et Eden Tadesse, activiste de ONE en Ethiopie, ont tous deux été récompensés pour leur activisme en faveur d’un monde meilleur lors de la cérémonie des Goalkeepers Awards, organisée par la Fondation Bill et Melinda Gates. Toutes nos félicitations !
  • Pour pallier aux effets de la crise climatique affectant particulièrement les pays africains, quatre d’entre eux s’érigent en figures incontournables de la transition verte. Lisez notre thread pour en savoir plus.

LES CHIFFRES :

  • 3 gigatonnes d’émissions de gaz à effet de serre et la perte de 100 milliards de dollars de flux financiers publics pour le climat pourraient être évitées chaque année grâce à la responsabilité verte.  
  • Plus d’1 personne sur 2 dans le monde n’est pas entièrement couverte par les services de santé de base en 2021. 
  • 10,6 millions de personnes ont développé la tuberculose en 2021. 1,6 million d’entre elles sont décédées, ce qui en fait la deuxième cause de mortalité infectieuse après le COVID-19 (devant le VIH et le sida).

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