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Il est temps de faire de la Banque mondiale la “Banque du monde”.

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La semaine dernière avaient lieu les réunions de printemps de la Banque mondiale et du Fonds Monétaire International. Elles étaient cette année particulièrement attendues au tournant par la société civile et les dirigeants africains, alors que leurs pays ont plus que jamais besoin de soutien pour faire face aux crises économique, climatique et alimentaire qui les frappent violemment.

Ces deux institutions financières, qui se réunissent chaque année au printemps, aux côtés d’acteurs financiers internationaux tels que des Ministres des Finances et des PDG d’entreprises multinationales, jouent en effet un rôle majeur dans la lutte contre les inégalités. La Banque mondiale fait partie des “banques multilatérales de développement”, elle accorde donc des prêts à des pays en développement pour soutenir des projets visant, en théorie, à lutter contre la pauvreté dans le monde. L’organisation du Fonds monétaire international est différente, mais ses missions sont similaires. Formé sur une coopération internationale de 190 pays, il vise à assurer la stabilité du système monétaire international, et fonctionne également sur un système de prêts, notamment pour les pays qui, en situation de crise financière, ne peuvent plus rembourser leur dette, ou même payer leurs dépenses courantes.

Cependant, les banques multilatérales de développement, et la Banque mondiale en premier, sont sous-utilisées, dépassées, et leur fonctionnement à besoin d’être rafraîchi. Elles opèrent selon des règles prudentielles qui datent de leur création il y a 70 ans et qui ne répondent plus du tout aux besoins actuels. C’est pourquoi des activistes du monde entier réclament une réforme de ces banques, pour permettre plus de transparence, une meilleure évaluation de ses activités, et surtout, pour libérer des centaines de milliards de dollars supplémentaires en faveur des pays pauvres.

Il est par exemple urgent de redéfinir leur approche quant à l’évaluation des risques, qui est aujourd’hui fortement influencée par les méthodologies des agences de notation ne prenant pas en compte les spécificités des banques de développement, comme leur capital exigible et leur statut de créancier privilégié. Selon ces méthodologies, les banques multilatérales de développement font fi des opportunités potentielles créées par leurs prêts, pour se concentrer uniquement sur les risques qui y sont associés. Il faudrait également pouvoir innover dans le partage de ces risques, notamment en y associant davantage le secteur privé. Cela permettrait de réduire les inquiétudes des banques liées à une éventuelle incapacité de remboursement des pays qui bénéficient de ces prêts. Ces simples réformes pourraient libérer des milliers de milliards de dollars supplémentaires pour soutenir les économies des pays qui en ont le plus besoin.

Pourtant, les annonces de la Banque mondiale ne semblent pas aller dans ce sens… Lors de ces réunions de printemps, le Comité du développement de la Banque mondiale a annoncé une augmentation de sa capacité de prêt… de seulement $50 milliards de dollars sur 10 ans, soit $5 milliards par an. Cette somme représente à peine 0.2% des 2400 milliards de dollars que les pays pauvres doivent trouver chaque année d’ici 2030 pour lutter contre le changement climatique. Cette timide réforme est loin de répondre aux demandes des ministres des finances africains, qui appelaient eux à un triplement des financements de la Banque mondiale et de ses donateurs.

Mais cette déception ne fait que renforcer la détermination de la société civile et même de certains de ses actionnaires principaux pour demander plus d’ambition à la Banque Mondiale. Un nouveau directeur va bientôt être nommé à sa tête, et le prochain Sommet pour un Nouveau Pacte Financier avec les pays du Sud qui se tiendra en juin à Paris pourraient donner l’impulsion nécessaire pour réformer bien plus en profondeur le fonctionnement poussiéreux de cette institution qui détient le futur de millions de personnes entre ses mains et enfin en faire une véritable “Banque du monde”.

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