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Les avantages de la jeunesse africaine

Analyse

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Environ 60 % des Africains ont moins de 25 ans. D’ici 2050, une personne sur quatre dans le monde vivra en Afrique. Cette semaine, à l’occasion de la Journée internationale de la jeunesse le 12 août, nous nous penchons sur la façon dont les événements actuels pourraient façonner l’avenir des jeunes Africains.

ACTUALITES

L’avantage de la jeunesse : Le thème de la Journée internationale de la jeunesse de cette année, « des compétences vertes pour les jeunes »,  revêt une importance particulière pour la jeunesse africaine. L’âge médian en Afrique est de 19 ans, contre 38 ans aux États-Unis, 41 ans au Royaume-Uni, 44 ans dans l’Union européenne et 49 ans au Japon. Cela signifie que les jeunes Africains sont les premiers concernés par la transition, verte ou pas, du monde. Les opportunités économiques d’une transition écologique mondiale pourraient créer des millions d’emplois et contribuer à résoudre le problème du chômage des jeunes dans de nombreux pays africains. Dotée des compétences adéquates, ces derniers pourraient devenir une force motrice du développement durable sur le continent et au-delà. 

Des mesures essentielles : L’abondance de ressources minières en Afrique constitue un intérêt évident pour l’avenir du continent. Le Ghana est le dernier pays en date à avoir pris des mesures pour exploiter le potentiel économique de ses ressources. Le gouvernement a adopté une nouvelle politique en matière de minéraux dits « verts » qui limite les exportations de minéraux bruts. Le Ghana est le plus grand producteur d’or d’Afrique et possède des gisements de cobalt, de graphite, de lithium et de manganèse. Avec l’augmentation de la demande mondiale pour ces minerais essentiels et la diversification des chaînes d’approvisionnement de l’UE et des États-Unis, cherchant à s’éloigner de la Chine, les pays africains riches en minerais comme le Ghana deviennent une alternative attrayante. Mais ces pays tentent d’éviter que l’histoire ne se répète : au lieu d’exporter des matières premières, ils veulent être ceux qui produisent et exportent des produits à valeur ajoutée. L’année dernière, la Namibie et le Zimbabwe ont interdit les exportations de lithium brut. La République démocratique du Congo, qui contrôle 70 % du cobalt mondial, est en train de réexaminer tous ses partenariats miniers avec des investisseurs étrangers. L’Afrique pourrait participer à l’élaboration de solutions à la crise climatique, notamment en mettant en place de bonnes politiques publiques. Et si les pays africains obtiennent les investissements dont ils ont besoin, les banques multilatérales de développement pourraient mobiliser des milliards de dollars de nouveaux prêts et dons pour les financer.

Quoiqu’on fasse : Les conséquences de l’endettement croissant de l’Afrique sont un nuage noir qui menace les perspectives de la jeunesse africaine. La semaine dernière, une agence de notation a pris une décision déconcertante : alors que celle-ci s’inquiétait du risque de défaut de paiement du Kenya, elle accuse aujourd’hui le pays de ne pas pouvoir honorer ses dettes parce qu’il veut les rembourser de manière anticipée. L’avertissement sinistre de Moody’s a fait grimper les rendements des euro-obligations du Kenya, ce qui signifie pour le pays des coûts plus élevés pour le service de la dette. L’Union Africaine ne s’est pas laissée faire et a critiqué Moody’s pour ses commentaires « hautement prématurés, spéculatifs et nuisibles » et pour avoir ignoré la nature volontaire du rachat d’obligations proposé. Le président kényan William Ruto a été encore moins diplomate et a qualifié les agences de notation « d’outils des colonialistes ».

Dans la même veine : Les chefs d’État et de gouvernement africains demandent un contrôle accru des agences de notation, tout comme l’ONU, qui affirme que les évaluations « subjectives » des trois grandes agences de notation coûtent chaque année 75 milliards de dollars en paiements d’intérêts excédentaires aux pays africains. Et ces derniers ne sont pas les seuls à crier au scandale : le récent abaissement de la note des États-Unis par Fitch a fait bondir l’administration Biden. Mais ses effets sur les bons du Trésor américain n’ont pas eu les mêmes conséquences que pour l’Afrique : la hausse des coûts d’emprunt, due à l’abaissement de la note, a réduit les dépenses publiques en matière de santé et d’éducation et réduit le flux des futurs investissements étrangers, qui sont essentiels aux investissements dans la jeunesse en pleine croissance des pays africains. 

Dommage collatéral : Une grève des minibus dans la province sud-africaine du Cap-Occidental a empêché plus de 400 000 élèves d’aller à l’école lundi. Les élèves de la province ont été parmi les plus touchés par la grève, qui a bloqué des milliers de voyageurs. Beaucoup de ceux qui utilisent ces minibus pour se déplacer sont issus des communautés les plus pauvres situées à la périphérie de grandes villes comme Le Cap. Nombre d’entre eux ont été contraints de rester chez eux ou de marcher pendant des heures pour se rendre au travail ou à l’école et en revenir. Leurs témoignages nous rappellent l’héritage de l’aménagement du territoire du pays à l’époque de l’apartheid. La grève a débuté la semaine dernière après qu’un chauffeur a été abattu par un agent de la circulation du Cap. Cela a fait monter la tension autour d’un nouvel arrêté municipal controversé : la loi permet à la municipalité de mettre à la fourrière les véhicules en cas d’infraction au code de la route, une mesure qui, selon les propriétaires de minibus, les pénalise au lieu de pénaliser les chauffeurs responsables. 

Besoin de changement : Un référendum en République centrafricaine permettra au président Faustin-Archange Touadéra de se présenter aux élections un nombre illimité de fois. L’avenir politique de Touadéra était bloqué par la limitation à deux mandats présidentiels. Les autorités électorales affirment que 95 % des électeurs ont soutenu les changements constitutionnels, bien que les critiques affirment que le taux de participation n’a été que de 10 % dans un contexte de guerre civile qui a déplacé un tiers de la population du pays. Le résultat du référendum s’inscrit dans une tendance inquiétante en Afrique : au moins 14 pays africains ont affaibli ou supprimé les restrictions relatives à la limitation du nombre de mandats depuis 2015. Dans ces pays, les dirigeants sont au pouvoir depuis plus de vingt ans en moyenne. L’âge médian en Afrique est peut-être de 19 ans, mais celui des dirigeants africains est de 63 ans. Cet écart considérable suscite des inquiétudes chez les jeunes, qui estiment que leurs opinions ne sont pas représentées.   

De grandes ambitions : Si vous avez suivi la Coupe du monde de football féminin, vous savez que le football féminin africain est en plein essor. Trois équipes – le Maroc, le Nigeria et l’Afrique du Sud – se sont qualifiées pour les huitièmes de finale pour la première fois dans une Coupe du monde, qu’elle soit féminine ou masculine. Elles y sont parvenues malgré des difficultés considérables, notamment des litiges concernant des salaires équitables et des installations peu sûres. Bien qu’aucune de ces équipes n’ait atteint les quarts de finale, l’avenir de la discipline sur le continent est prometteuse. 

L’ÉQUIPE DE ONE EN ACTION : 

  • Les orientations du Comité interministériel de la coopération internationale et du développement (CICID) sont (enfin !) sorties. Mais qu’est-ce que ça veut dire pour notre politique de solidarité ? Retrouvez ici un thread pour vous aider à y voir plus clair. 👀
  • ONE est une ONG de plaidoyer. Mais concrètement, qu’est-ce que c’est ? 🤔 Au cœur de nos actions, le plaidoyer est fondamental pour faire changer les choses sur le long terme pour les populations les plus pauvres du monde. Maé Kurkjian, notre responsable plaidoyer, et deux de nos deux jeunes Ambassadrices vous l’expliquent en vidéo.

LES CHIFFRES :

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