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Qu’arrive-t-il à une école en cas de catastrophe?

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Que visualisez-vous en songeant à un enfant qui a hâte au congé de mars?

C’est une semaine remplie d’aventures et les enfants s’amusent dans la neige avec leurs frères et sœurs et leurs amis du quartier? Peut-être vous souvenez-vous d’un voyage que vous avez fait à l’occasion du congé de mars lorsque vous étiez vous-même enfant, que ce soit à Disneyland, ou encore qui vous a permis de passer du temps avec vos grands-parents? Si vous avez grandi près des fabuleuses montagnes et pentes de ski canadiennes, vous avez sûrement de bons souvenirs de votre apprentissage du ski ou de la planche à neige.

Cette année, en mars, les enfants de partout au pays seront fébriles à l’idée de prendre congé. Le congé de mars est souvent un moment fort de l’hiver. Et si vous demandez à des enfants, il se feront un plaisir de vous dire qu’un congé de l’école d’une semaine, c’est super!

Imaginez maintenant un enfant qui a souffert de violence, ou est sinistré en raison d’inondations ou d’une autre crise humanitaire. Non seulement sa collectivité est-elle dévastée, mais son école est peut-être détruite. À la suite d’un désastre, leurs enseignants sont peut-être portés disparus, blessés, ou encore pire, morts.

Nous savons que l’éducation est le meilleur moyen de réduire la pauvreté. L’éducation a le pouvoir d’extirper des familles et des collectivités entières de la pauvreté et de leur garantir un avenir meilleur. Les enfants qui n’ont plus d’école à laquelle retourner après une catastrophe perdent leur chance de briser le cycle infernal de la pauvreté.

Lors d’une situation d’urgence, il faut particulièrement s’assurer que les enfants continuent d’avoir accès à l’éducation. C’est un des domaines dans lequel le Canada peut avoir un impact et donner aux personnes touchées un sérieux coup de main.

10 domaines d’impact : Éducation dans les situations d’urgence

À l’aide de son budget d’aide extérieure, le Canada peut veiller à ce que, après qu’une crise survient, que l’apprentissage ne cesse pas pour des millions d’enfants. Actuellement, nous investissons beaucoup moins que la moyenne des autres pays riches (par exemple l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni) et que notre générosité est à un niveau historiquement bas. Quel effet pourrait-il y avoir sur la vie des gens si nous augmentions nos investissements en aide extérieure?

Chaque mois, nous nous penchons sur un domaine dans lequel le Canada pourrait investir pour avoir un impact tangible dans le monde.

Le mois dernier, nous examinions le domaine des vaccins, et maintenant pour mars nous abordons celui de l’éducation dans les situations d’urgence.

Si nous augmentions notre investissement en aide extérieure et dépensions seulement 10 % en éducation en situation d’urgence, le Canada pourrait s’assurer que 2,3 millions d’enfants auraient quand même accès à l’éducation en cas de conflit ou de catastrophe.

C’est donc 2,3 millions d’enfants qui pourraient continuer à se bâtir un avenir dans lequel ils pourraient avoir de bons emplois et ainsi aider les familles et leurs collectivités à prospérer.

L’éducation est aussi importante que la nourriture et le logement

Il est difficile, si on songe à l’incidence des conflits sur l’éducation, de ne pas avoir en tête la lauréate du prix Nobel Malala Yousafzai. Elle le dit elle-même, elle adorait l’école. Mais tout a basculé lorsque les talibans se sont emparés de sa ville dans la Swat. Les extrémistes ont alors interdit un tas de choses et imposé de sévères châtiments à ceux et celles qui contrevenaient aux ordres. Ils ont aussi déclaré que les filles ne pourraient plus fréquenter l’école.

Malala a pris publiquement la parole au nom de toutes les filles pour défendre le maintien de l’accès à l’éducation. Elle devenait donc une cible. En octobre 2012, alors qu’elle rentrait de l’école, un homme armé et masqué est monté à bord de son autobus scolaire et a demandé « Qui est Malala? » Il a alors fait feu sur elle et l’a atteint au côté gauche de la tête.

La détermination de Malala à poursuivre ses études inspire des actions menées par des enfants qui, de par le monde, vivent des situations très difficiles. Vous pourriez penser que lorsqu’une crise humanitaire éclate, ce que les gens veulent d’abord et avant tout c’est de la nourriture et un toit sur leur tête. En fait, à savoir ce qu’ils veulent le plus, les enfants répondent l’éducation.

On entend souvent dire que l’on ne peut jamais perdre l’éducation une fois acquise. C’est vrai, et c’est pourquoi si vous êtes un enfant de huit ans en plein apprentissage de la lecture, de l’écriture et du calcul, et vous cessez de fréquenter l’école pour plusieurs années, le rattrapage sera difficile et votre avenir pourrait être compromis à jamais.

Plus de 75 millions d’enfants et de jeunes gens ont un besoin urgent d’aide pour leur scolarisation dans des pays traversant des crises. Seulement 50 % des enfants réfugiés ont accès à l’enseignement primaire, comparativement à 90 % des enfants ailleurs dans le monde. Malheureusement, dans des pays en situation d’urgence, on néglige l’éducation qui ne récolte que 2 % de l’aide humanitaire.

Que peut faire le Canada?

Il y a deux ans, le Canada accueillait le Sommet du G7 à Charlevoix, au Québec, et s’engageait à consacrer 400 M$ à l’éducation de qualité pour les femmes et les filles vivant dans des pays fragiles, en situation de crise et aux prises avec des conflits. Ces fonds serviront à bon nombre d’ONG et d’organisations internationales comme Education Cannot Wait pour exécuter des projets visant à s’assurer que particulièrement les filles puissent poursuivre leurs études lorsque des crises ou des catastrophes frappent des pays comme l’Afghanistan, le Myanmar, le Bangladesh ou la Côte d’Ivoire.

Au cours de ce mois-ci, nous examinerons certains de ces projets pour tenter de voir ce que l’engagement de Charlevoix a permis de réaliser jusqu’à maintenant.

Le gouvernement libéral en poste s’est engagé à mener une campagne internationale pour veiller à ce que tous les enfants réfugiés ou déplacés puissent obtenir l’éducation dont ils ont besoin et qu’ils méritent. Cette mesure, conjuguée à la déclaration et à l’annonce de l’engagement financier de Charlevoix, est un signe que le gouvernement tient à faire une de ses priorités l’éducation en situation d’urgence.

C’est une bonne nouvelle. Mais à moins que plus de ressources soient engagées, il sera difficile pour le gouvernement de tenir parole. Sinon, d’autres priorités comme la santé des femmes ou le financement de l’adaptation au changement climatique pourraient être mises en veilleuse ou sous financées. Une faiblesse du budget de l’aide extérieure nous met toujours en situation de devoir « déshabiller Pierre pour habiller Paul. »

C’est pourquoi le Canada doit aller de l’avant et augmenter son budget d’aide extérieure. Nous pourrions aider à scolariser 2,3 millions d’enfants touchés par des crises ou catastrophes. Pour avoir cet impact (et avoir un impact dans neuf autres domaines critiques), le Canada n’a qu’à porter son investissement en aide extérieure au niveau de celui de nos pairs et alliés.

Au cours des prochains mois, nous aborderons les dix domaines dans lesquels le Canada peut investir et avoir un impact dans le monde à condition d’augmenter son aide extérieure. Pour vous renseigner sur les domaines d’intervention, lisez notre blogue précédent. Le mois dernier, nous avons expliqué comment le Canada pourrait aider à faire vacciner 14 millions d’enfants de plus chaque année!