Hier soir, les 193 diplomates des pays des Nations unies se sont mis d’accord sur un plan d’action pour éradiquer l’extrême pauvreté d’ici à 2030, intitulé « Transformer notre monde, programme de développement durable d’ici 2030 ». C’est en effet un autre monde que nous proposent les Nations unies : un monde où personne ne meurt de faim ou de maladies qui auraient pu être évitées.
Dans ce plan d’action figurent les 17 Objectifs de développement durable, assortis de leurs 169 cibles, qui viennent prendre la relève des Objectifs du millénaire pour le développement, arrivés à terme en 2015. Ils prennent en compte de nombreux défis comme la lutte contre l’extrême pauvreté, l’accès à la santé et à l’éducation, la lutte contre la corruption et le promotion de l’égalité des sexes, mais aussi des éléments nécessaires à la mise en place d’un développement durable tels que la sauvegarde de notre planète.
Ces objectifs seront formellement adoptés par les Nations Unies les 26 et 27 septembre prochain, en marge de l’Assemblée générale.
Prochaine étape : la mise en œuvre
Il faut bien sûr se réjouir de l’adoption de ce plan, mais il faut aussi rester vigilant, le travail ne s’arrête pas là. Ces objectifs ne sont en effet acceptés que par les volontaires et il faut donc s’assurer que les Etats les respectent et les mettent en œuvre.
Pour cela, il faut dans un premier temps rappeler aux Etats leur engagement concernant les moyens à adopter pour réaliser ces objectifs, décidés lors de l’accord d’Addis-Abeba du mois de juillet. Les Etats développés ont par exemple encore des efforts à faire pour atteindre leur engagement d’allouer 0,7% de leur revenu national à l’aide au développement, promesse qui n’est aujourd’hui respectée que par cinq membres du Comité d’aide au développement de l’OCDE : le Royaume-Uni, le Danemark, la Suède, la Norvège et le Luxembourg.
Mais l’augmentation des moyens financiers au profit du développement doit aussi venir des Etats en développement, par l’augmentation de leurs ressources domestiques, qui passe par exemple par l’amélioration leur collecte fiscale. Cela doit permettre d’assurer un financement minimum pour les besoins essentiels des populations comme la santé et l’éducation.
Tous les Etats doivent aussi passer à la vitesse supérieure en ce qui concerne la lutte contre les flux financiers illicites et la corruption, qui font perdre au moins mille milliard de dollars par an aux pays en développement.
La priorité aux plus vulnérables
Autre point crucial du plan l’ONU, celui-ci prévoit de ne laisser personne de côté. En effet, si nous voulons éradiquer l’extrême pauvreté d’ici à 2030, il faut se concentrer sur les plus vulnérables, en particulier les femmes et les filles qui n’ont pas assez bénéficié des progrès des précédents Objectifs du millénaire pour le développement. De même, les financements internationaux devront se concentrer en priorité sur les pays les moins avancés qui ne bénéficient à ce jour que de 30% de l’aide mondiale alors qu’ils concentrent la part la plus importante de personnes vivant sous le seuil d’extrême pauvreté.
Enfin, le suivi et l’évaluation de ces nouveaux objectifs seront cruciaux pour s’assurer que les Etats respectent leurs engagements. Ce suivi sera réalisé à l’aide d’indicateurs afin de mettre l’accent sur la redevabilité des gouvernements. Or ces indicateurs seront d’autant plus performants si les données nécessaires à l’évaluation de ces objectifs sont disponibles. C’est pour ça que le monde doit améliorer la collecte et l’accès aux données.
Aujourd’hui un tiers des naissances dans le monde n’est pas enregistré et seulement 1 Africain sur 10 vit dans un pays où les budgets nationaux sont rendus publics. On évalue déjà qu’au moins 1 milliard de dollars seront nécessaires chaque année pour suivre avec efficacité ces nouveaux Objectifs.
C’est pourquoi une trentaine de partenaires, dont les gouvernements des Etats-Unis, du Royaume-Uni, du Canada, du Mexique, du Sénégal, du Kenya, la Banque Mondiale, l’OCDE mais aussi des acteurs du secteur privé (Orange, Mastercard), des communautés d’experts, des scientifiques et des organisations de la société civile comme ONE se sont engagés à lancer en septembre prochain un Partenariat mondial pour les données du développement durable.