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Un G7 à la montagne, mais pas à la hauteur

Analyse

Cette semaine, dans Ondes de Choc : les résultats décevants du sommet du G7, la crise de l’apprentissage au niveau mondial, et plus encore.

ACTUALITES

Un tout petit sommet : Lors du sommet du G7, les dirigeants des sept pays occidentaux les plus riches n’ont pas réussi à prendre les engagements ambitieux nécessaires pour répondre de manière adéquate à la convergence des crises, que sont les conflits, l’insécurité alimentaire, le dérèglement climatique et la pandémie de COVID-19. Seuls 9 des 34 engagements pris lors du sommet ont des objectifs mesurables et assortis d’une échéance , alors que de nombreux autres sont soit vagues, soit un recyclage d’anciennes promesses. Alors que plus de 900 millions de personnes dans le monde manquent de nourriture et que l’espérance de vie mondiale diminue pour la première fois depuis plus de 70 ans à cause de la pandémie en cours, on attendait beaucoup mieux de leur part.

Le diable se cache dans les détails : Lors du sommet, les dirigeants du G7 ont promis 600 milliards de dollars de financement d’infrastructures pour l’Afrique et l’Asie afin de contrer l’initiative « Belt and Road » de la Chine. Mais plus de la moitié de ce montant n’est pas nouveau : il comprend notamment les 300 milliards d’euros promis par l’UE l’année dernière dans le cadre de son initiative « Global Gateway ». Les États-Unis se sont engagés à verser 200 milliards de dollars, bien que la majorité de cette somme semble reposer sur la mobilisation de capitaux privés. Les analystes ont généreusement qualifié le plan « d’aspirationnel ». L’annonce comprend 3,3 millions de dollars pour soutenir le développement d’une usine de fabrication de vaccins au Sénégal.

Priorité à l’avenir : Suite à une demande du G20, la Banque mondiale devrait accélérer la mise en place d’un fonds intermédiaire financier (FIF) pour aider les pays à revenu faible et intermédiaire à se préparer aux futures pandémies. Le FIF agirait en tant qu’intermédiaire, supervisant les allocations de fonds pour aider à atteindre les 10,5 milliards de dollars de financements annuels nécessaires à la préparation aux pandémies. Jusqu’à présent, 1,1 milliard de dollars ont été promis. Parallèlement, la Banque Africaine de Développement a approuvé la création de la Fondation Africaine pour la Technologie Pharmaceutique, dont le but est d’accroître l’accès de l’Afrique aux traitements, vaccins et tests grâce à la production locale. L’Afrique importe actuellement plus de 70 % de ses médicaments.

Apprentissage en crise : La pandémie a exacerbé la crise mondiale de l’apprentissage : 70 % des enfants de 10 ans des pays à revenu faible ou intermédiaire sont incapables de lire et de comprendre un texte simple. Ce taux s’élevait déjà à 57 % avant la pandémie. Tous les progrès réalisés en matière d’éducation dans les pays à revenu faible ou intermédiaire depuis 2000 ont été anéantis du fait de l’épidémie de Covid-19. Les experts préviennent que les pays les plus touchés risquent de ne jamais se remettre complètement des impacts économiques et sociaux engendrés. Deux tiers des pays les plus pauvres ont réduit leurs dépenses d’éducation pendant la pandémie, et l’aide au développement soutenant l’éducation a quant à elle stagné.

Changement stratégique : Le premier envoyé spécial de la Chine dans la Corne de l’Afrique a proposé de servir de médiateur pour les conflits et les litiges dans la région. L’accent a été mis sur le conflit éthiopien du Tigré, le Premier ministre Abiy Ahmed ayant signalé la volonté du gouvernement de mettre fin à la guerre en cours. C’est la première fois que la Chine se positionne pour jouer un rôle plus diplomatique dans la région, bien que la protection de ses investissements puisse être un facteur déterminant. L’Éthiopie n’a pas accepté les offres de négociation émanant de parties extérieures.

Garde la pêche : Il a fallu 20 ans pour que l’OMC parvienne enfin à un accord pour limiter la surpêche. Le cadre mondial limite certaines subventions néfastes qui, selon les experts, ont entraîné des dommages environnementaux importants. Mais les défenseurs des droits humains affirment que l’exclusion de certaines des subventions les plus néfastes laisse des lacunes dans le cadre qui limiteront son impact. Il n’existe pas non plus de mécanismes d’application clairs. En Sierra Leone, le poisson est la principale source de protéine pour 80 % de la population, mais la surpêche, notamment par des bateaux étrangers, a épuisé les réserves alimentaires et endetté les pêcheurs locaux.

Dettes en cascade : Selon l’économiste en chef de la Banque mondiale, un plus grand nombre de pays à revenu faible ou intermédiaire risquent de se retrouver en situation de surendettement à mesure que les taux d’intérêt mondiaux augmentent. Le resserrement de la politique monétaire américaine réduit l’accès des pays à revenu faible ou intermédiaire aux capitaux et risque d’augmenter leur taux d’inflation. Un dollar américain fort déprécie la croissance du commerce mondial et rend la dette en dollars américains plus chère pour les pays emprunteurs, ce qui affecte ensuite leurs notations de crédit. Cela aura également un impact sur la Chine, qui est un prêteur important pour les pays en développement.

Le coût de l’inaction : Au moins 23 migrants ont péri alors que 2 000 personnes tentaient de passer du Maroc à l’Espagne. Selon des groupes de défense des droits humains, les agents frontaliers auraient laissé les victimes sans soins pendant plusieurs heures. Le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, a demandé à l’ONU d’enquêter. En 2021, près de 70 % des réfugiés provenaient de pays touchés par la famine. Les experts préviennent que les crises actuelles vont encore accroître les souffrances et le nombre de personnes déplacées dans le monde.

L’ÉQUIPE DE ONE EN ACTION :

  • Najat Vallaud Belkacem, Directrice Générale de ONE France, expliquait devant les caméras de France24 ce que l’on attendait des dirigeants du G7 pour le Sommet.
  • L’analyse de ONE sur la baisse de l’espérance de vie mondiale pendant la pandémie est présentée dans Bloomberg et dans une tribune de Najat Vallaud-Belkacem pour L’Obs.
  • Les bénévoles de ONE étaient présents aux Solidays à Paris pour sensibiliser les festivaliers à la lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme.
  • ONE fait don des vêtements upcyclés de la campagne « Inversons la Tendance », orchestrée en février pour sensibiliser les politiques à l’extrême pauvreté, grâce à un partenariat noué pour un mois avec Leboncoin.

LES CHIFFRES :

  • 4,5 milliards de dollars : l’engagement financier du sommet du G7 en faveur de la sécurité alimentaire, ce qui représente moins d’un quart de ce dont le Programme Alimentaire Mondial a besoin pour faire face à la crise alimentaire actuelle.
  • 600 000 : le nombre estimé de vies perdues à cause de l’inégalité d’accès aux vaccins d’ici à la fin 2021, selon une nouvelle étude.

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