Ce billet a été rédigée par Gloria Sodore, jeune Ambassadrice de ONE, qui vit actuellement au Sénégal.
Le lac rose au Sénégal
Voilà un mois et demi que je travaille à Dakar, au Sénégal, sur un programme de santé maternelle et néonatale mis en place en Afrique de l’Ouest. Ici, une femme à 30 fois plus de chance de mourir en couches qu’une femme européenne (source OMS).
Elles sont des milliers à perdre la vie chaque année de causes liées à leur grossesse : avortement dans de mauvaises conditions, hémorragie à l’accouchement, infections… Même enceintes, elles doivent continuer à travailler, et se nourrissent mal car ce sont les hommes, « piliers » de la famille, qui mangent les meilleurs morceaux. Dans de nombreuses régions de cette zone, les filles subissent des mutilations génitales, qui peuvent avoir des conséquences dramatiques sur leur vie et leur santé.
En visite d’une unité de néonatalogie à Dakar, j’ai vu des dizaines de mères attendre, leurs enfants dans les bras : ce sont elles qui portent la responsabilité de toute la famille, aucun père en vue. Si un couple a du mal à avoir un enfant, c’est la femme qui est responsable, et elle peut être répudiée.
Une collègue sénégalaise de 24 ans m’explique qu’elle est déjà presque vieille pour se marier : ici, à 18 ans, il faut trouver un mari, et commencer à faire des enfants : pas le temps de faire de longues études ou un travail prenant. Sa sœur a 20 ans, et trimballe déjà sa fille partout avec elle : difficile alors de trouver un emploi en ville. D’ailleurs, les meilleures places sont réservées aux hommes. Et pourtant, nous sommes dans une des villes les plus développées du continent.
Je suis témoin du sexisme : en observant la condition des femmes, surtout dans les zones les plus pauvres, je comprends qu’il vaut mieux ici naitre homme. Moins de souffrances, moins de pression sociale, et surtout, moins de chances de mourir.
Alors oui, la pauvreté est sexiste et il est temps de la combattre. Plus d’un million de citoyens ont déjà signé la pétition de ONE appelant les dirigeants à donner la priorité aux femmes et aux filles lors des futurs grands rendez-vous politiques. Dans quelques jours se tiendra une conférence cruciale pour l’avenir de notre planète et de ses habitants : la conférence pour le financement du développement à Addis-Abeba en Ethiopie. Les dirigeants mondiaux doivent prendre des engagements concrets pour que chaque femme et chaque fille dans les pays les plus pauvres puisse avoir les mêmes droits que leurs homologues masculins.