D’ici à 2050, la population africaine va doubler. Cette évolution démographique est le plus grand défi que devra gérer l’Afrique, mais elle représente aussi une chance inouïe, qui pourrait mener à une croissance économique énorme pour le continent et pour le reste du monde. Les dirigeants du monde doivent aujourd’hui se montrer à la hauteur du défi, en s’assurant que cette jeunesse africaine soit instruite, employée et émancipée.
ONE publie aujourd’hui un nouveau rapport intitulé « Le Siècle de l’Afrique » qui montre que d’ici 50 ans, il y aura plus de jeunes en Afrique que dans tous les pays du G20 réunis. Ce rapport prouve l’opportunité que peut constituer cette explosion démographique en Afrique pour l’économie et la stabilité mondiale, à condition que le G20 double les investissements publics et privés dans l’éducation, l’emploi et l’émancipation de la jeunesse africaine.
Avez-vous déjà entendu parler du dividende démographique ? En bref, c’est l’accélération de la croissance économique qui se produit lorsque le nombre d’enfants et de personnes âgées est nettement inférieur au nombre de personnes en âge de travailler. D’ici 2050, la moitié de la population africaine aura moins de 25 ans, le potentiel dividende démographique est donc énorme !
C’est un défi de taille. Entre 2015 et 2035, 450 millions nouvelles personnes en âge de travailler sont attendues en Afrique – soit 22.5 millions par an. Si nous ne faisons rien aujourd’hui, le nombre de personnes au chômage en Afrique sera pratiquement identique au nombre total de travailleurs en Allemagne en 2020 ; et dans 50 ans seulement, la population africaine au chômage représentera la moitié de toute la main-d’œuvre européenne. Si la priorité n’est pas donnée à l’éducation, ces travailleurs ne pourront pas acquérir les compétences suffisantes pour trouver un emploi, et les 51 millions de filles qui ne sont pas scolarisées en Afrique seront privées du droit d’exploiter leur plein potentiel. Tous ces jeunes sans opportunités, sans compétences ou sans espoir ne seront pas armés pour faire face aux trois extrêmes : pauvreté, climat, violence.
Dans les mois à venir se joueront des moments décisifs qui permettront au monde de tirer parti de ce potentiel. La semaine prochaine, le G20, sous la présidence de l’Allemagne, se réunira à Berlin pour une conférence sur le « Partenariat avec l’Afrique », en amont du Sommet du G20 les 7 et 8 juillet.
Qu’attend-t-on de cette conférence? C’est simple : l’aide au développement vers l’Afrique doit doubler d’ici à 2020, et elle doit viser en priorité l’emploi, l’éducation et l’émancipation de la jeunesse africaine.
- Education: Les dirigeants africains devraient s’engager à mettre en œuvre un plan national pour l’éducation, pour permettre aux 51 millions de filles qui ne sont pas scolarisées aujourd’hui en Afrique d’enfin pouvoir aller à l’école. Ils devraient ainsi lever les obstacles à l’éducation de chaque fille, investir davantage dans la formation d’enseignants, faire le suivi des résultats éducatifs et connecter chaque classe à internet.
- Emploi: Les dirigeants doivent s’assurer que tous les jeunes en Afrique aient un emploi décent. Les pays du G20 devraient créer des incitations pour renforcer l’engagement du secteur privé dans les États fragiles et dans les économies émergentes. Les dirigeants africains quant à eux devraient investir dans des stratégies en faveur de l’emploi des jeunes, notamment dans l’agriculture, et mettre en place des moyens de connections internet à des prix abordables pour tirer profit de l’économie numérique.
- Emancipation: La jeunesse africaine doit voir son pouvoir renforcé. Tous les jeunes devraient pouvoir demander des comptes à leur gouvernement. Le G20 et les dirigeants africains devraient lutter contre les flux financiers illicites et la corruption, rendre les budgets des gouvernements plus transparents, instaurer un registre public des bénéficiaires effectifs des sociétés et des trusts, ainsi que le reporting pays par pays public des multinationales. Les dirigeants devraient également lancer une nouvelle initiative pour fournir une couverture sociale et un ensemble de services juridiques et financiers de base à tous les citoyens.
C’est un moment sans précédent pour l’Afrique et pour le reste du monde. Cette génération représente le meilleur espoir d’Afrique, et elle est déjà née. Les investissements, les partenariats, les politiques et les dirigeants d’aujourd’hui détermineront s’ils seront la génération qui verra enfin la pauvreté et les conflits définitivement éradiqués.