Dans notre nouveau Rapport DATA 2017 « Financer le siècle africain », nous avons constaté que l’aide au développement a atteint des niveaux records en 2016. Plutôt une bonne nouvelle, n’est-ce pas ?
Pas entièrement : il existe encore de profondes inégalités entre les pays bénéficiaires et sur la qualité du financement.
En réalité, les pays les plus pauvres du monde, et surtout les citoyens les plus pauvres du monde, reçoivent une part toujours plus restreinte des ressources financières mondiales.
La plupart des habitants du continent africain, où vivent plus de 50 % des populations touchées par l’extrême pauvreté au niveau mondial, risquent donc de rester sur la touche.
Voici cinq faits tirés du rapport qui peuvent vous aider à comprendre la situation :
1. L’aide n’est pas versée aux pays qui en ont le plus besoin.
La part de l’aide mondiale destinée aux pays les plus pauvres, dits pays les moins avancés (PMA), a chuté de 32% en 2013 à 28% l’an dernier. Par ailleurs, la part de l’aide versée à l’Afrique a décliné de 33% en 2015 à 32% en 2016.
2. Une part croissante de l’argent reste au sein des pays donateurs.
Les pays donateurs du Comité d’aide au développement (CAD) – un forum international regroupant la plupart des plus grands donateurs – ont affecté un total de 15,4 milliards de dollars à l’aide aux réfugiés et demandeurs d’asile dans leurs propres pays en 2016, un montant en hausse de 27% par rapport à l’année précédente. Même s’il est indéniable que les pays donateurs doivent aider comme il se doit les réfugiés à la recherche d’ un abris et de sécurité, ces dépenses ne devraient pas être comptabilisées dans l’aide au développement.
3. La plupart des pays africains ne respectent pas non plus leur engagement d’investir une plus grande partie de leurs propres ressources dans des secteurs clés comme la santé, l’éducation et l’agriculture, pourtant essentiels lorsqu’une partie importante de la population est confrontée à l’extrême pauvreté.
Pour respecter ces engagements, de nombreux Etats fragiles et PMA africains vont devoir en moyenne augmenter d’environ 20% les ressources domestiques affectées à l’éducation, de près de 50% celles affectées à la santé, et de plus de 100% celles allouées à l’agriculture, par rapport aux niveaux actuels.
4. Le financement privé – à la fois domestique et international – va jouer un rôle-clé dans la construction d’une base économique durable pour la fiscalité, l’emploi et une croissance inclusive.
Sociétés et entreprises de toutes tailles ont un rôle à jouer dans la lutte pour le développement durable. Mais les investissements en Afrique se sont avérés volatils et inégalement répartis. En 2016, seulement six pays ont accueilli 75% des flux d’investissements étrangers directs vers les PMA et Etats fragiles d’Afrique : l’Angola, l’Egypte, le Nigéria, l’Ethiopie, la Mozambique et le Congo.
5. Mais les financements privés ne doivent pas remplacer l’investissement public.
L’aide publique au développement est indispensable pour lutter contre l’extrême pauvreté et reste une ressource incontournable pour les pays les plus vulnérables.
En 1990, environ 35 000 enfants en moyenne mouraient de maladies évitables et curables. Vingt-cinq ans plus tard, ce chiffre a quasiment chuté de moitié ! Durant cette même période, près de 1,1 milliard de personnes à travers le monde est sortie de l’extrême pauvreté. Un partenariat remarquable entre donateurs, fondations, chefs de gouvernement, la société civile et l’innovation du secteur privé a été fondamental pour ces réussites – et nous ne devrions pas reculer sur ces progrès.
Pour en découvrir davantage sur les financements en faveur des pays les plus pauvres,
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Rapport DATA 2017 : financer le siècle africain !
Traduit en français par Mathilde Casper, stagiaire plaidoyer chez ONE France