Pendant son enfance à Nairobi, capitale du Kenya, le docteur Faith Osier a souvent rêvé de parvenir à éradiquer le paludisme. Cette maladie transmise par les piqures de moustiques cause chaque année le décès de plus de 438 000 personnes. [1]
Quelques décennies plus tard, Faith Osier, désormais âgée de 43 ans, est en première ligne dans la bataille contre le paludisme. Elle dirige notamment les travaux de développement d’un vaccin qui, selon elle, pourrait éradiquer la maladie.
Avec ses palmiers et ses plages sauvages, la ville côtière de Kilifi, au Kenya, en fait rêver plus d’un. Mais au-delà de son sable blanc et de ses eaux turquoises, Kilifi est aussi la victime d’un parasite souvent mortel, responsable du paludisme, qui a affecté plus de 10% de ses habitants l’année dernière. [2]
Faith Osier est convaincue que l’on peut venir à bout de cette maladie. Depuis 12 ans, elle travaille en partenariat avec l’institut de recherche médicale du Kenya (KEMRI), la fondation Wellcome Trust et et l’hôpital de Kilifi pour développer un vaccin contre le paludisme, qui est endémique dans la plupart des régions côtières du Kenya. [3]
Faith a commencé à s’intéresser à l’idée d’un vaccin – ou plutôt à l’idée qu’on pouvait développer la résistance au paludisme – après avoir travaillé au service pédiatrique de l’hôpital de Kilifi.
« Le paludisme est un problème majeur, surtout en Afrique, » explique Faith Osier. «Ce que l’on constate en Afrique, c’est que ce sont les enfants de moins de 5 ans qui contractent le plus la maladie, sous des formes sévères, et peuvent en mourir. Mais dans ces mêmes régions, les adultes semblent y être résistants. Ils ne semblent pas contracter le paludisme, ni en mourir ».
Partant de ce constat, le docteur Osier a cherché à comprendre comment les adultes acquièrent cette résistance au paludisme. Elle a alors étudié les réactions du corps à différents stades de la maladie en se concentrant sur le rôle des anticorps, ces protéines créées par le système immunitaire pour neutraliser les substances pathogènes comme les infections.
« Nous étudions des personnes exposées à la maladie », explique-t-elle, « nous analysons leur sang et les réactions de leurs anticorps. Nous sommes convaincus que ces anticorps sont la solution.»
La complexité moléculaire des protéines, des anticorps et des antigènes semblent être le plus grand obstacle pour les chercheurs. Mais selon Faith Osier, son travail de chercheuse dans une profession essentiellement masculine représente un obstacle tout aussi important. « En tant que femme, vous êtes conditionnée pour croire que vous ne pouvez pas avoir de compétences pointues » dit-elle, « Mais regardez ! Si telle personne y arrive, alors je peux y arriver aussi. Mon travail en est la preuve. »
En 2014, Faith a remporté le prix « Royal Society Pfizer Prize », l’un des plus prestigieux dans le domaine de la science en Afrique. Ce qu’elle considère être « sa plus belle réussite ». Le docteur Osier estime que cette récompense lui a fait comprendre « qu’en travaillant dur, avec détermination et ambition, on peut accomplir de grandes choses. »
Tandis que le travail acharné et la détermination demeurent les bases de sa carrière, Faith souligne l’importance d’avoir des mentors. « S’identifier à des modèles, c’est primordial. Vous ne pouvez pas rêver de quelque-chose que vous ne pouvez pas voir. C’est pour cette raison qu’il faut exposer les jeunes filles aux possibilités de carrières dans les métiers spécialisés comme la médecine et la recherche. » dit-t-elle, « La publicité est la clé. Il faut rendre la recherche plus visible tout en ciblant particulièrement les efforts des femmes. Dans les écoles, les réunions publiques, les conseils de villages… Il faut montrer aux filles qu’elles sont plus que ce que la communauté leur fait croire ».
C’est avec cette inébranlable détermination que Faith compte atteindre son objectif ultime : développer un vaccin efficace, accessible et gratuit contre le paludisme pour les communautés les plus pauvres de l’Afrique rurale.
Le docteur Faith Osier est une scientifique kényane au sein du programme de recherche KEMRI Wellcome Trust et professeur invitée à l’Université d’Oxford.
Aidez-nous à lutter contre les maladies évitables comme le paludisme en signant notre pétition !
[1] Organisation Mondiale de la Santé, http://www.who.int/mediacentre/factsheets/fs094/fr/
[2] Ministère de la santé du Kenya, http://www.healthpolicyproject.com/pubs/291/Kilifi%20County-FINAL.pdf
Ce blog a été rédigé par Karie G. Nelson, journaliste au Kenya, et adapté de l’anglais par Perrine Mardiné, assistante campagnes et mobilisation chez ONE France.