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Solidarité internationale : évolution des opinions en France depuis la crise sanitaire

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L’association Focus 2030, en partenariat avec le Development Engagement Lab, a mené plusieurs sondages de juillet à octobre 2020 afin de savoir comment la pandémie de COVID-19 a impacté la population française et leur compréhension du monde.

Les résultats, analysés par l’UCL (University College de Londres), démontrent une évolution positive du regard des Français et Françaises sur la solidarité internationale. Cependant, la désinformation ou les fake news, ainsi que le poids des conséquences nationales causées par la pandémie, peuvent dans certains cas avoir un impact sur cette évolution.

Comment la pandémie de COVID-19 a-t-elle impacté la perception qu’ont les Français et les Françaises de la solidarité internationale ?

Plus de deux tiers des Français et des Françaises (72%) pensent qu’il est vrai que les conséquences économiques de la pandémie pourraient faire basculer 500 millions de personnes dans l’extrême pauvreté dans le monde. En effet, en octobre, la Banque mondiale a publié un rapport alertant sur le fait que 88 à 115 millions de personnes supplémentaires basculeront dans l’extrême pauvreté cette année, et que le total pourrait atteindre 150 millions d’ici 2021. La pandémie étant encore loin d’être éradiquée, ces chiffres sont susceptibles d’augmenter dans les prochains mois.

Pour la population française, les trois conséquences les plus probables de la pandémie sont les suivantes :

  1. L’augmentation du nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté dans le monde (52%)
  2. La hausse de la consommation de produits locaux (51%)
  3. L’augmentation du nombre de personnes souffrant de la faim dans le monde (42%)

Pour la première fois depuis le début du siècle, le nombre de personnes vivant dans la pauvreté va augmenter cette année en raison de la pandémie. En ce qui concerne la faim dans le monde, même avant la pandémie, 821 millions de personnes étaient déjà exposées à l’insécurité alimentaire. Les conséquences de la crise sanitaire pourraient faire basculer 130 millions de personnes supplémentaires dans cette insécurité.

48% des personnes interrogées pensent que le COVID-19 a affecté les pays riches et les pays pauvres de la même manière. Parmi les 52% restants, 18% pensent que les pays riches ont été les plus affectés et, à l’inverse, 18% pensent que les pays pauvres ont été les plus affectés.

Ces chiffres nous intéressent particulièrement car ils résultent d’une idée reçue : certes, les pays d’Afrique ont, en général, été moins touchés en termes de nombre de cas de COVID-19 par rapport à des pays comme les États-Unis, la France, le Royaume-Uni ou l’Italie. Cependant, les conséquences sur le long terme seront bien plus importantes pour les pays à faible revenu, qui n’ont pas les mêmes ressources et infrastructures pour faire face à cette crise. Dans un scénario pessimiste, plus d’une personne sur trois en Afrique vivra encore dans l’extrême pauvreté en 2030 dû à des systèmes de santé et de protection sociale défaillants, inaccessibles ou quasi-inexistants.

Plus de la moitié des participants (59%) souhaitent plus de coopération internationale pour garantir que chaque personne dans le monde puisse accéder à un système de santé similaire à celui de la France. L’Afrique, à ce jour, se bat encore pour lutter contre des maladies oubliées des pays développés comme le paludisme, qui fait encore des milliers de morts chaque année. L’accès aux soins est toujours fortement limité en Afrique subsaharienne et le COVID-19 entrave l’accès aux moyens de prévention contre cette maladie, ainsi que d’autres (pour n’en citer que certaines) : le sida, la rougeole, le choléra et le diabète.

Cette pandémie semble aussi avoir eu un impact sur la préoccupation des citoyens et citoyennes envers les populations les plus vulnérables dans le monde. On trouve dans cette enquête que près de la moitié des participants (48%) se sentent plus solidaires et soucieux des problématiques de solidarité internationale depuis le début de la pandémie.

Qu’en est-il des vaccins ?

Le premier vaccin, développé par Pfizer/BioNTech, a été déployé le 8 décembre sur la population au Royaume-Uni. 72% des Français et Françaises pensaient, il y a un mois de cela, que le pays qui développerait le vaccin contre le COVID-19 en premier devrait partager ses connaissances et ses découvertes avec d’autres pays le plus rapidement possible pour que le monde entier puisse en bénéficier. Pour l’instant, il est compliqué de connaître la suite des démarches pour le vaccin Pfizer/BioNTech, mais une chose est sûre : ces entreprises doivent partager leurs données collectées jusqu’à présent et les partager avec les régulateurs du monde entier.

Comment la France peut-elle agir ?

Parmi les initiatives que la France pourrait prendre pour soutenir les pays en développement les plus affectés par la pandémie de COVID-19, les plus sollicitées par les participants et participantes sont les suivantes :

  • 75% sont en faveur de faire en sorte que les entreprises multinationales qui opèrent dans les pays les plus pauvres paient leurs impôts dans ces pays.
  • 56% sont en faveur de taxer davantage les marchés financiers pour financer l’aide à destination des pays les plus pauvres.
  • 45% sont en faveur d’augmenter l’aide au développement à destination des pays les plus pauvres.
  • 41% sont en faveur de promouvoir l’annulation de la dette des pays les plus pauvres.
  • 38% sont en faveur de réduire les frais bancaires des transferts d’argent effectués par les migrants à destination de leur pays d’origine pour soutenir leurs familles.

Ces derniers mois, aux quatre coins du monde, nous étions toutes et tous préoccupés par une seule et même menace : le virus du COVID-19. Mais, face à cette maladie, nous n’avons pas tous le même accès aux soins, aux traitements et à la mise en place de mécanismes de résilience.

Dans un monde déjà inégal, la pandémie de COVID-19 n’a fait que renforcer ces inégalités contre lesquelles nous nous battons. Face à ce constat, la population française semble soucieuse de mettre en œuvre des solutions pour renforcer la solidarité internationale et mettre fin à l’extrême pauvreté dans le monde. Aucun de nous ne sera en sécurité tant que nous ne le serons pas toutes et tous : cette situation exceptionnelle, qui touche chacun de nous, nécessite une réponse mondiale du même ordre.

A suivre

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