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Les crises économiques, alimentaires et politiques en Afrique causées par Poutine

ONE

Cette semaine, dans Ondes de Choc, des crises convergentes : l’impact du changement climatique, de la pandémie et de la guerre en Ukraine sur l’Afrique et la sécurité alimentaire mondiale.

ACTUALITÉS

⚠️Alerte alimentaire⚠️ : 13 millions de personnes en Afrique de l’Est sont déjà menacées de faim sévère en raison d’une sécheresse historique et la hausse des prix des céréales, des engrais et du carburant résultant de la guerre en Ukraine risque d’exacerber un problème déjà grave. Une pénurie de gaz persiste dans certaines régions du Kenya malgré les interventions du gouvernement. Le coût du blé a augmenté de 80 % au cours des six derniers mois, entraînant un quasi-doublement du prix du pain au Soudan. L’inflation alimentaire médiane en Afrique est de 10,6 %. Les prix des engrais ont plus que doublé dans les pays à revenu faible ou intermédiaire au cours de l’année passée, ce qui pourrait avoir une incidence sur les rendements agricoles de cette année. Nous avons rassemblé les dernières données sur l’impact de la guerre russe en Ukraine sur l’Afrique dans notre dernier Data Dive en anglais.

Développement à l’arrêt : L’invasion de l’Ukraine par la Russie pourrait réduire la croissance mondiale de 1 % et faire grimper le service de la dette des pays à faible et moyen revenu pour atteindre 310 milliards de dollars en 2022. Cela aggravera la crise de la dette en Afrique, déjà exacerbée par la pandémie, et, selon les Nations unies, entraînera des conséquences financières qui pourraient pousser certains pays à faible revenu “dans une spirale descendante d’insolvabilité, de récession et d’arrêt du développement”. En réaction, Afreximbank a annoncé l’octroi de 4 milliards de dollars pour aider les pays africains à faire face à la hausse des prix à l’importation et à stabiliser les recettes d’exportation des produits de base ; à lui seul, le Kenya pourrait perdre 100 millions de dollars de recettes d’exportation en raison des sanctions imposées à la Russie. Le gouvernement français a lancé une nouvelle initiative en faveur de la sécurité alimentaire, baptisée FARM. À deux semaines des réunions de printemps du FMI et de la Banque mondiale, le moment est venu pour les gouvernements de faire de nouvelles promesses financières sur les droits de tirage spéciaux pour aider les pays africains à faire face à la crise.

Massacre au Mali : Des mercenaires soutenus par la Russie et appartenant au groupe Wagner, affilié à Poutine, ont été impliqués dans le massacre présumé de 200 personnes au Mali. Le gouvernement malien a qualifié les victimes de “terroristes”. Mais des rapports contradictoires suggèrent que des civils ont été tués, ce qui aggrave le récent pic d’exécutions sommaires perpétrées par les forces gouvernementales au Mali. La Russie est le principal fournisseur d’armes de nombreux pays africains – l’Algérie, le Soudan du Sud, l’Angola et l’Ouganda reçoivent plus de la moitié de leurs armes nationales de la Russie – et elle a conclu des accords de coopération militaire avec plus de la moitié du continent. Le Kremlin aurait également eu recours à des campagnes de désinformation à des des fins d’influence politique dans 12 pays et s’est assuré l’accès à des ressources naturelles dans de nombreuses régions. Cette désinformation comprendrait de fausses informations selon lesquelles les vaccins COVID-19 occidentaux provoqueraient des crises cardiaques.

S.O.S. climat : Les pays doivent, “maintenant ou jamais”, prendre des mesures pour empêcher les conséquences irréversibles du changement climatique, a averti le GIEC dans son dernier rapport sur le climat. ⏳ Il nous reste 3 ans pour pour stopper l’augmentation des émissions mondiales si nous voulons limiter le réchauffement de la planète à 1,5°C. C’est une fenêtre très mince, et les pays n’ont jusqu’à présent pas réussi à faire les changements nécessaires. Les pays pauvres, qui ont le moins contribué à la crise climatique mais qui en supporteront l’essentiel des conséquences, demandent un soutien financier pour réduire leurs émissions et s’adapter aux conséquences du changement climatique. Mais les 100 milliards de dollars par an que les pays riches se sont engagés à verser aux pays pauvres ne se sont toujours pas matérialisés. Limiter le réchauffement de la planète à 2°C coûterait moins cher que les subventions actuelles aux industries à forte intensité de carbone. Pour ne pas désespérer totalement, voici quelques bonnes nouvelles: 200 millions de dollars ont été promis pour aider les petits exploitants agricoles africains à s’adapter au changement climatique et 150 millions de dollars ont été collectés pour protéger les rhinocéros d’Afrique du Sud.

Allemagne 1 – États-Unis 0 : L’Allemagne co-organise cette semaine le sommet COVAX, qui vise à réunir 3,8 milliards de dollars pour financer l’accès aux vaccins des pays pauvres et la préparation aux prochaines pandémies, alors que le monde doit faire face à 1,5 million de nouveaux cas de COVID-19 chaque semaine. L’administration Biden a quant à elle reporté le sommet sur le COVID-19 qu’elle avait promis d’organiser, et les efforts pour que le Congrès américain approuve une nouvelle contribution financière pour lutter contre la pandémie dans le monde sont au point mort. En parallèle, un nouvel index, établi par Christian Aid et l’Alliance populaire pour les vaccins, souligne qu’ “aucun grand pays riche n’en fait suffisamment” pour promouvoir l’équité vaccinale dans le monde. Assistera-t-on à un retournement de situation au sommet COVAX ?

Libérez les brevets : Le Botswana est devenu le premier pays africain à approuver le Corbevax, un vaccin COVID-19 sans brevet développé aux États-Unis. Le Corbevax est actuellement utilisé au Bangladesh, en Inde et en Indonésie. En outre, NantWorks, une société américaine de biotechnologie fondée par le milliardaire d’origine sud-africaine Patrick Soon-Shiong, a annoncé la construction d’une usine de fabrication au Botswana qui produira des vaccins et des médicaments contre le cancer dès 2026. ✨

Artisane du changement: La présidente de la Tanzanie, Samia Suluhu Hassan, n’est en poste que depuis un an, mais elle a déjà reconstruit la relation du pays avec le FMI, sécurisés 10 milliards de dollars d’investissements privés et accéléré la campagne de vaccination COVID-19 dans le pays. Le précédent président du pays, John Magufuli, qui avait nié la propagation locale du COVID-19, est décédé l’année dernière des suites d’une insuffisance cardiaque, après avoir préconisé la prière et l’utilisation de vapeur infusée aux herbes à la place des vaccins pour lutter contre le COVID-19. Seulement 5 % de la population est entièrement vaccinée, et plus de 75 % des stocks de vaccins disponibles ont déjà été utilisés.

Une nouvelle vague en Afrique ? La hausse des cas en Europe pourrait être un signe avant-coureur, car les pays africains suivent la levée des mesures de lutte contre le COVID-19. Seule 15,3 % de la population africaine est entièrement vaccinée, mais la plupart des pays ont abandonné les mesures sanitaires préventives telles que la distanciation sociale, les masques et les jauges dans les espaces publics. L’Allemagne a enregistré le nombre de cas quotidiens le plus élevé de son histoire, avec une moyenne de près de 257 000 cas sur 7 jours . La France a enregistré plus de 160 000 cas. En mars, seuls 27 % des pays d’Afrique ont atteint les taux de dépistage recommandés par l’OMS, ce qui rend plus difficile l’interprétation des faibles niveaux de cas dans toute l’Afrique.

L’ÉQUIPE DE ONE EN ACTION : 

LES CHIFFRES :

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