Nous ne demandons pas votre argent, mais votre voix. C’est ce que ONE a coutume de dire. Nous ne faisons pas de collectes de fonds auprès du grand public, nous ne demandons pas de dons. Notre travail, c’est de faire adopter et appliquer des politiques intelligentes, et de mettre les gouvernements face à leurs responsabilités.
Cependant, au cours des semaines à venir, nous allons beaucoup parler d’argent. L’argent n’est sans doute pas la réponse à tout, mais il peut jouer un rôle considérable dans l’éradication de la pauvreté mondiale d’ici à 2030, mais seulement si les responsables politiques prennent les bonnes décisions dans les trois prochains mois, à commencer par ici, cette semaine, à Washington.
Les Réunions de printemps du FMI et de la Banque mondiale sont toujours le lieu idéal pour rencontrer des personnes qui peuvent débloquer des fonds : ce sont les hommes et femmes qui dirigent les deux principales organisations financières de la planète, les hauts responsables gouvernementaux du secteur financier au niveau national et les banquiers privés. L’économie mondiale se remet peu à peu de la terrible crise de 2008, et ils auront un état d’esprit un peu plus positif cette année.
J’espère qu’ils passeront outre leurs problèmes domestiques et réfléchiront à ce qu’il est possible de réaliser dans le monde au cours des quinze prochaines années. L’argent dépensé en vue de réduire la pauvreté – par les gouvernements, les organisations internationales telles que la Banque mondiale et le secteur privé – est essentiel.
L’aide au développement est vitale. Comme les membres de ONE le savent, la part que représente cette aide dans les budgets nationaux est bien moindre par rapport à ce que ce que pensent les citoyens en général. Pourtant, ce soutien fait aujourd’hui l’objet de pressions politiques. Le gouvernement britannique a décidé d’allouer 0,7% de sa richesse nationale (RNB) à l’aide publique au développement. C’est un pas important dans la bonne direction. Mais dans d’autres pays, dont la France, l’aide au développement est menacée. Nous tenons à veiller à ce que les gouvernements respectent leurs engagements et nous entendons rappeler aux décideurs politiques et aux électeurs l’ampleur des enjeux.
Mais il n’y a pas que les montants qui importent : il y a aussi leur provenance et leur affectation.
Premièrement, l’aide au développement doit aller aux personnes qui en ont le plus besoin. La moitié de l’aide au développement mondiale doit viser les pays les plus pauvres, les moins avancés (PMA).
Deuxièmement, les gouvernements des pays d’Afrique et d’autres pays en développement doivent chercher à augmenter leurs recettes et à réprimer la corruption et les flux financiers illégaux, de manière à pouvoir investir davantage de fonds propres dans les besoins vitaux de leurs citoyens.
Et troisièmement, les gouvernements doivent s’assurer que leurs budgets sont investis dans des secteurs clés tels que la santé et l’éducation, par exemple. Fournir des services publics de qualité aux citoyens relève toutefois de l’impossible pour les pays les plus pauvres, tels que le Liberia, qui ne peut pas consacrer plus de 147 dollars par an à chacun de ses habitants. Pour ces pays, l’aide au développement est une véritable bouée de sauvetage.
Nous parlerons beaucoup de cette équation dans les semaines à venir. Nous ferons également campagne pour que chaque citoyen puisse savoir où et comment l’argent est dépensé. Nous devons nous diriger de plus en plus vers une transparence totale des dépenses publiques, tant vis-à-vis des contribuables que des bénéficiaires de ces dépenses.
Toutes ces questions seront abordées lors de la Conférence sur le financement du développement qui se tiendra en juillet prochain à Addis-Abeba, en Éthiopie. Il y a vingt ans, l’aide au développement dépendait entièrement des donateurs. Aujourd’hui, les fonds proviennent de nombreuses sources différentes et les pays riches ne dictent plus leurs conditions aux plus pauvres. Cette conférence doit être l’occasion pour tous les acteurs de prendre des engagements concrets afin que la pauvreté puisse être totalement éradiquée d’ici à 2030. Il est capital que les membres de ONE rappellent à leurs gouvernements l’importance de l’enjeu. Si nous en comprenons tous la portée, nous pouvons mettre un terme à la pauvreté. L’action commence cette semaine à Washington.