1. Accueil
  2. Articles
  3. Les mots en « F » sont de nouveau à la mode

Les mots en « F » sont de nouveau à la mode

Analyse

Cette semaine, dans Ondes de Choc : la famine qui menace, l’inégalité d’accès au vaccin contre la variole du singe, le déroulement de la Conférence internationale sur le sida, et plus encore.

ACTUALITES

F comme famine : La Somalie est sur le point de connaître une mauvaise saison des pluies pour la cinquième année consécutive, aggravant une crise de la faim qui, selon les experts, augmenterait le « risque de famine ». Près de la moitié des 7 millions d’habitants du pays sont confrontés à des niveaux d’insécurité alimentaire élevés et 1,5 million d’enfants risquent de souffrir de malnutrition aiguë. Plus de 37 millions de personnes dans la Corne de l’Afrique sont déjà confrontées à une famine aiguë. Le dérèglement climatique est un facteur déterminant dans les 12 sécheresses et 19 inondations qu’a connues la Somalie depuis les années 1990, et qui a été exacerbé par la dégradation de l’environnement, causée notamment par une intense déforestation. Parallèlement, dans une première historique, les Nations unies ont déclaré que la famine qui ravage le sud de Madagascar était la première induite par le dérèglement climatique

F comme faillite : Les pays riches n’ont pas tenu leur promesse de verser 100 milliards de dollars par an aux pays vulnérables afin de les aider à atténuer l’impact du dérèglement climatique. S’ils ont contribué à hauteur de 83,3 milliards de dollars en 2020, ils ne prévoient pas d’atteindre l’objectif de 100 milliards de dollars avant 2023 (14 ans après qu’il a été fixé). Pendant ce temps, les dirigeants africains auraient l’intention de faire pression pour obtenir l’autorisation de « nouveaux investissements massifs dans les énergies fossiles » lors de la COP27. Les citoyens ne sont pas tous d’accord car ils estiment que cela compromettrait l’objectif des Accords de Paris de limiter le réchauffement de la planète à 1,5 °C. Au Kenya, le dérèglement climatique entraîne la mort de plus d’éléphants que le braconnage. 

Déjà vu : Les États-Unis, l’Union européenne et d’autres pays riches achètent une fois de plus toutes les doses de vaccin disponibles pour faire face à l’urgence sanitaire mondiale qu’est la variole du singe. Les pays africains sont – une fois de plus – relégués au bout de la file d’attente. L’Afrique ne dispose actuellement d’aucune dose de vaccin, alors que le continent comptabilise le plus de décès : la variole du singe est endémique en Afrique. Malgré cela, un groupe de 35 pays, pour la plupart riches, se bat pour obtenir une partie des 16,4 millions de doses disponibles de vaccin contre la variole, ce qui fait courir le risque aux pays à revenu faible de ne pas en recevoir. Et l’histoire se répète, encore une fois. 

Une source d’inquiétude : La Conférence internationale sur le sida qui s’est tenue à Montréal la semaine dernière a mis en évidence l’impact des inégalités structurelles, à plus d’un titre. De l’absence du ministre du Développement international du Canada (pays hôte), qui s’est désisté moins de 24 heures avant le lancement, aux participants (pour la plupart originaires d’Afrique) à qui l’on a refusé des visas ou qui ont reçu un accueil hostile à l’entrée, les hôtes de l’événement n’ont pas semblé y porter beaucoup d’intérêt. Les cas de sida en 2020-2021 n’ont diminué que de 3,6 %, soit la plus faible baisse depuis 2016, selon l’ONUSIDA. Les experts ont qualifié ces données de signal d’alarme, exhortant la communauté internationale à prendre l’épidémie de VIH au sérieux dans un contexte d’absence de réponse collective, et l’accaparement de l’attention par la pandémie de COVID-19. 

Prendre le large : Un navire transportant 26 000 tonnes de maïs a quitté les ports ukrainiens pour la première fois depuis l’invasion de la Russie en février dernier. Cela fait suite à un accord négocié avec la Russie pour autoriser les exportations de céréales pendant la guerre. Les navires, très surveillés, doivent naviguer dans la mer Noire qui est fortement minée, ce qui rend difficile l’obtention d’assurance pour les navires. L’accord pourrait permettre de libérer des millions de tonnes de céréales bloquées en Ukraine depuis le début de la guerre, contribuant ainsi à atténuer la crise alimentaire mondiale. Mais le fait que la Russie continue de cibler les villes portuaires met tout cela en péril et pourrait stopper les expéditions. 

Un peu de douceur : Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, a annoncé que le prochain sommet Afrique-Russie aura lieu à la mi-2023. Il a fait cette annonce lors d’une récente visite à quatre pays africains, qui comprenait une réunion avec la Commission de l’Union africaine et coïncidait avec la visite du président français Emmanuel Macron sur le continent. Cette annonce intervient dans un contexte de tensions entre l’Afrique et l’Union européenne au sujet de la guerre en Ukraine et de l’aggravation des crises du climat, de la faim et du COVID-19 en Afrique. La Russie a de plus en plus recours à des tactiques de soft power pour se positionner comme une alternative à l’Occident et accroître son influence en Afrique. Apparemment, le pillage de l’or au Soudan fait également partie du plan. 

Votez l’avenir : Mardi 9 août, les Kényans se rendront aux urnes pour prendre part à l’élection nationale du pays, qui consiste notamment à choisir un nouveau président pour remplacer le dirigeant sortant, Uhuru Kenyatta. Des violences et des accusations de tricherie ont entaché les élections précédentes. Les experts craignent une vague de violences sexistes et sexuelles similaire à celle qui s’est produite lors des élections générales de 2017. Malgré (ou à cause ?) du harcèlement et des menaces incessantes, le nombre de femmes candidates est en hausse : 11 % cette année contre 7 % en 2017.

L’ÉQUIPE DE ONE EN ACTION : 

  • L’analyse de ONE met en évidence la pression considérable que la guerre en Ukraine exerce sur les budgets de l’aide publique au développement.
  • Les jeunes Ambassadeurs et Ambassadrices de ONE France appellent le Président Emmanuel Macron à augmenter de 30 % la contribution de la France au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Retrouvez leur lettre ouverte ici.
  • Au cas où vous l’auriez manqué, vous pouvez réécouter ici la table ronde organisée par ONE sur l’importance du pouvoir des citoyens et de l’activisme pour mettre fin à l’épidémie de sida. 
  • Anne Paisley de ONE parle des 5 choses les plus importantes à savoir sur la variole du singe.

LES CHIFFRES :

  • 9,5 millions de tonnes : c’est le déficit brut de céréales estimé en Afrique de l’Ouest alors que les crises économique et alimentaire continuent d’affecter la sous-région.
  • 55 millions de dollars : c’est le montant de l’aide à la sécurité alimentaire qui a été fourni par l’agence américaine USAID au Nigeria alors que le pays continue de souffrir des pénuries de nourriture, d’engrais et de la hausse des prix du carburant.  

Inscrivez-vous pour recevoir Ondes de choc, notre newsletter hebdomadaire pour suivre l’impact réel du COVID-19 en Afrique. Nous vous proposons des analyses pointues, succinctes et réfléchies de la part des experts de ONE.

A suivre

Les 994 jours d’attente de la Zambie pour un accord sur la dette

Les 994 jours d’attente de la Zambie pour un accord sur la dette

Une diaspora à 1 700 milliards de dollars

Une diaspora à 1 700 milliards de dollars

Nouvelles routes de la soie, dix ans déjà

Nouvelles routes de la soie, dix ans déjà