1. Accueil
  2. Articles
  3. Les ministres des Finances africains en ont assez

Les ministres des Finances africains en ont assez

Données

Cette semaine dans Ondes de Choc : une escalade de violence et de désespoir au Tigré, l’Ouganda se confine, l’Egypte se met au vert, et plus encore.

ACTUALITÉS

Chaque seconde compte : Près de 100 000 Tigréens auraient été massacrés au cours des dernières semaines, ce qui en fait l’un des conflits les plus meurtriers, et l’un des moins médiatisé. Des rapports font état de dizaines de massacres de civils par les forces gouvernementales éthiopiennes. Le directeur général de l’OMS, Tedros Ghebreyesus, a mis en garde contre le « peu de marge de manoeuvre » pour empêcher un génocide. Selon les experts, la nourriture et les soins de santé sont utilisés comme « armes de guerre », tout comme les violences sexuelles. Les services d’urgence sont décimés, laissant peu de possibilités aux médecins de soigner les patients, notamment les centaines de milliers de personnes au bord de la famine. Si l’Union africaine et l’ONU ont de nouveau appelé à un cessez-le-feu et à des pourparlers de paix, il ne semble pas y avoir d’écho : les forces armées tigréennes ont accepté, mais le gouvernement éthiopien a insisté sur le fait que les pourparlers de paix devaient être accompagnés de « mesures défensives » 👀. Et rien ne signale davantage la volonté de mener des pourparlers de paix que le meurtre de civils innocents…

Ebullition : En Somalie, un enfant est hospitalisé chaque minute pour cause de malnutrition, la sécheresse historique ayant pris le pays en étau. Selon l’UNICEF, le nombre d’enfants qui meurent n’a jamais été aussi élevé depuis 50 ans. La Corne de l’Afrique est confrontée à la cinquième saison des pluies consécutive ratée. 37 millions de personnes dans la région sont confrontées à de graves pénuries d’eau et à une insécurité alimentaire aggravée par le dérèglement climatique. Mais la faim n’en est pas la seule conséquence catastrophique : les atrocités de masse et les violences communautaires augmenteront avec la hausse des températures. Si seulement les pays du G7 fournissaient les 100 milliards de dollars de financement pour aider les pays vulnérables à faire face au changement climatique promis de longue date. 

Vous êtes couvert : data.one.org propose les dernières analyses d’experts, des données en temps réel et des visualisations sur les grandes tendances qui façonnent l’Afrique. Il vous suffit de cliquer sur le bouton de mise en signet (c’est la petite étoile en haut à droite de votre écran). Nous avons même créé une vidéo pour vous montrer comment utiliser le site.

Prendre des mesures contre le greenwashing : Le gouvernement égyptien est accusé de greenwashing (ou écoblanchiment) à l’approche de la COP27 à Sharm El Sheikh le mois prochain. Dans un pays où les activistes sont emprisonnés et empêchés de discuter du dérèglement climatique, les critiques affirment que le gouvernement prétend cyniquement agir contre le changement climatique pour améliorer sa réputation. Des mesures concrètes pourraient créer jusqu’à 9 millions de nouveaux emplois en Afrique d’ici 2030 SI les gouvernements s’attellent sérieusement aux efforts de transition vers les énergies renouvelables. En revanche, un réchauffement de 4°C d’ici 2100 pourrait entraîner une perte de 80 % du PIB par habitant en Afrique.

Déluge d’hypocrisie : Des pluies inhabituellement fortes ont provoqué les pires inondations que le Nigeria ait connues depuis 10 ans, faisant plus de 600 morts et déplaçant plus d’un million de personnes. Dans certains États, les inondations devraient se poursuivre jusqu’en novembre. Le changement climatique en est un facteur important, auquel le Nigeria n’est pas l’un des contributeurs majeurs : l’Afrique ne représente en effet que 4 % des émissions de gaz à effet de serre, alors qu’elle compte 18 % de la population mondiale. Après avoir convenu lors de la COP26 d’aider l’Afrique du Sud à abandonner le charbon, les importations européennes de charbon sud-africain ont été multipliées par huit au cours des six premiers mois de 2022. ¯_(ツ)_/¯

Promesses non tenues :  Lors des Assemblées annuelles de la Banque mondiale et du FMI et de la réunion des ministres des Finances des pays du G20 la semaine dernière, les dirigeants ont une nouvelle fois manqué l’objectif de réallouer 100 milliards de dollars sous forme de droits de tirage spéciaux pour aider les pays vulnérables à faire face aux conséquences économiques et sociales de la pandémie de COVID-19. Les pays du G20 ont déclaré avoir promis 81,6 milliards de dollars, mais ce chiffre inclut 21 milliards de dollars provenant des États-Unis, qui ne passeront probablement pas le cap du Congrès américain. Sur une note plus positive, les gouvernements des pays du G7 ont poussé les Banques multilatérales de développement à mobiliser 1 000 milliards de dollars supplémentaires sur les marchés des capitaux. À l’issue des réunions, plusieurs ministres des Finances africains ont laissé entendre que l’Afrique était « marginalisée » par les pays riches. Pendant ce temps, le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a qualifié le système financier international de « faillite morale ». 🥊🥊

Note personnelle : Cette semaine, les dirigeants africains avaient les yeux rivés sur le congrès du Parti communiste chinois. Sous le règne du président Xi Jinping, les relations diplomatiques entre la Chine et de nombreux pays africains se sont renforcées. Les relations personnelles étant souvent un facteur décisif dans la diplomatie chinoise, les analystes estiment que la poursuite du leadership de Jinping permettra d’approfondir encore les liens Chine-Afrique. Il s’agira du troisième mandat du président, après qu’il a modifié la Constitution pour le permettre. Les experts craignent maintenant que les alliés suivent cette tendance. Étant donné que 35 % du commerce africain se fait avec la Chine, les dirigeants africains sont également attentifs à l’impact économique de la politique zéro COVID-19 du pays. Pour paraphraser l’ancien chancelier autrichien Herzog Metternich, lorsque la Chine éternue, l’Afrique s’enrhume.

Contagion : Les districts ougandais de Mubende et Kassanda ont été fermés pour trois semaines en raison de la propagation de cas d’une souche rare du virus Ebola. Seuls les camions de marchandises sont autorisés à entrer et sortir des zones réglementées. Il est interdit aux guérisseurs traditionnels de traiter les cas suspects, et la police peut arrêter les personnes susceptibles d’être malades mais qui ne parviennent pas à s’isoler. À ce jour, 19 personnes sont décédées sur les 58 cas confirmés. 

L’ÉQUIPE DE ONE EN ACTION : 

LES CHIFFRES :

  • 4,6 millions de personnes dans la région du Tigré en Ethiopie ne mangent pas à leur faim
  • 50 millions de dollars : La contribution que la France a promise cette semaine pour participer à l’éradication de la polio.
  • 50,7 milliards de dollars : Le montant que les Banques multilatérales de développement ont consacré aux financements climat dans les pays à revenu faible ou intermédiaire en 2021, contre 38 milliards en 2020.

Inscrivez-vous pour recevoir Ondes de choc, notre newsletter hebdomadaire pour suivre l’impact réel du COVID-19 et des différences crises actuelles en Afrique. Nous vous proposons des analyses pointues, succinctes et réfléchies de la part des experts de ONE.

A suivre

Endettés dans l’obscurité

Endettés dans l’obscurité

Votre infolettre en musique africaine

Votre infolettre en musique africaine

Les pays riches dépensent 170 fois plus pour la santé

Les pays riches dépensent 170 fois plus pour la santé