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Les dirigeants mondiaux se prennent les pieds dans le tapis

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Cette semaine dans Ondes de Choc : un résumé de ce qu’il s’est passé au sommet du G20 (spoiler : pas grand chose), le rôle des lobbyistes des énergies fossiles lors de la COP27, les solutions africaines en matière de climat, et plus encore.

ACTUALITES

Paroles, paroles et paroles : Le sommet du G20 de cette semaine s’est achevé sur peu d’actions concrètes pour faire face aux crises de l’insécurité alimentaire, de la dette et du climat. Au lieu de présenter des mesures urgentes, le communiqué des chefs d’État et de gouvernement n’a fait que rappeler les engagements antérieurs et les demi-mesures. Mais il y a une lueur d’espoir : le président Macron a déclaré qu’il convoquerait une conférence sur un pacte financier avec les pays du Sud en juin 2023 afin de prendre des mesures concernant les droits de tirage spéciaux, les pertes et dommages climatiques et d’autres questions qui auraient dû être traitées cette semaine.

Politique de représentation : Une autre occasion manquée lors du sommet du G20 : ne pas accorder une plus grande représentation aux 1,4 milliard d’habitants de l’Afrique. Malgré les appels des dirigeants africains et autres, le G20 n’a pas accordé à l’Union africaine le statut de membre permanent. Cela permettrait pourtant de combler le déficit de représentation du sommet : le G20 ne représente même pas 40 % de la population mondiale, et l’Afrique, qui en représente 17 %, n’a qu’un seul siège, l’Afrique du sud. S’il n’était plus le pays africain érigé en symbole à la table des négociations du G20, peut-être que ce dernier aurait la capacité de mieux respecter ses engagements.

Offensive de Charm : Les dirigeants du G20 ont réaffirmé leur engagement à limiter le réchauffement de la planète à 1,5°C. Espérons que cela empêchera les négociations parallèles de la COP27 de déraper. Certains négociateurs voudraient en effet repousser l’objectif climatique de 1,5°C à 2°C pour éviter des mesures d’atténuation douloureuses mais nécessaires. Pour l’anecdote, le nombre de lobbyistes du secteur des énergies fossiles qui se sont inscrits pour participer à la COP27 (636) est plus important que les délégations des 10 pays les plus touchés par le changement climatique réunies. Le sommet de cette année a été le premier à inviter les compagnies pétrolières et gazières à participer au programme officiel, où ces dernières se sont présentées comme des leaders de la lutte contre le réchauffement climatique. 👀

Aide ou distraction ? L’Allemagne a annoncé une contribution de 170 millions d’euros au nouveau Bouclier mondial contre les risques climatiques. Cette initiative, qui s’apparente à une assurance et qui a été approuvée par le G7 et le V20, un groupe de pays vulnérables au changement climatique, vise à fournir aux pays à revenu faible des fonds pour se reconstruire après des catastrophes liées au climat. Ses détracteurs considèrent ce « bouclier » comme une distraction malvenue par rapport aux demandes plus larges des pays vulnérables au changement climatique, qui réclament notamment la création immédiate d’un fonds dédié pour indemniser les pays à revenu faible des pertes et dommages causés par le changement climatique.

Une goutte d’eau : En parlant de pertes et dommages, la COP27 a adopté un accord institutionnel sur la fourniture d’une assistance technique aux pays et aux communautés touchés. Entre-temps, l’Union européenne a promis 60 millions d’euros pour les pertes et dommages dans le cadre d’un ensemble d’engagements existants et nouveaux, pour un montant total de plus d’un milliard d’euros. Les pertes et dommages pourraient coûter jusqu’à 580 milliards de dollars aux pays à revenu faible d’ici 2030, mais c’est un début.

Beaucoup de bruit : Dix pays africains ont accepté de cultiver durablement le cacao, le caoutchouc, l’huile de palme, le café et d’autres produits de base de manière à protéger les ressources forestières et leurs moyens de subsistance. L’arrêt de la déforestation est un pilier essentiel de la lutte contre le changement climatique : le bassin du Congo peut contenir 30 milliards de tonnes de carbone, soit l’équivalent de trois années d’émissions mondiales de CO2. Plus de 70 % des habitants de l’Afrique subsaharienne dépendent des forêts et des zones boisées. Entre-temps, le Brésil, la République démocratique du Congo et l’Indonésie ont accepté de mettre en place un mécanisme de financement durable pour la conservation de leurs forêts. Il manque cependant à ce plan des accords contraignants et une feuille de route pour la mise en œuvre.

Des emplois verts : L’Organisation internationale du travail (OIT) a lancé une initiative visant à créer un million d’emplois verts, à soutenir l’écologisation d’un million d’emplois existants et à aider 10 000 entrepreneurs souhaitant s’engager dans des secteurs respectueux de l’environnement. L’initiative doit passer par les secteurs bancaires et d’investissement, qui, selon l’OIT, regorgent d’opportunités mais manquent de conseils pratiques et de ressources pertinentes. C’est un pari sur l’avenir : les énergies renouvelables peuvent créer jusqu’à cinq fois plus d’emplois en Afrique que les énergies fossiles, soit jusqu’à 9 millions de nouveaux emplois d’ici 2030. Un conseil pour les banques d’investissement : arrêtez de chercher des excuses.

L’ÉQUIPE DE ONE EN ACTION : 

  • La population mondiale a dépassé les 8 milliards d’habitants cette semaine. David McNair de ONE examine ce que cela signifie pour le monde et l’Afrique.
  • Serah Makka de ONE analyse les origines historiques du G20 et sa pertinence aujourd’hui.
  • Si vous l’avez manqué, retrouvez ici la rediffusion de notre Think-In « Living in a heating world : lessons from the Global South » (Vivre dans un monde qui se réchauffe : leçons à tirer des pays du Sud), organisé par le New York Times et Tortoise Media en partenariat avec ONE.

LES CHIFFRES :

  • 1 000 milliards de dollars : C’est le montant annuel des financements externes dont les marchés émergents et les pays en développement (à l’exclusion de la Chine) auront besoin d’ici 2030 pour atteindre leurs objectifs en matière de climat et de développement. (Groupe d’experts indépendants de haut niveau sur le financement du climat)
  • 1,7 % : C’est la part estimée des financements climats qui va aux petits agriculteurs, qui produisent un tiers de l’agriculture mondiale. (UN News)
  • 7 mois : C’est la durée de la grève de la faim de l’activiste égypto-britannique emprisonné, Alaa Abdel Fattah. (France24)

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