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Le monde d’après vu par nos jeunes Ambassadeur.rice.s

ONE

Le monde d’après : quand une idée devient une priorité politique, alors tout devient possible.

Notre génération vit actuellement une césure inédite de son quotidien. Si la communauté internationale fait face depuis un certain temps à des défis à l’échelle globale comme la crise financière de 2008/2009 ou les crises environnementales, telles que le changement climatique ou la perte de biodiversité, aucune de ces crises n’avait marqué un coup d’arrêt aussi brutal à notre train de vie. 

C’est dans cette situation inédite et face à l’ampleur des dégâts que se pose la question du monde d’après : Comment éviter qu’une telle situation se reproduise ? Comment la communauté internationale peut-elle mieux se préparer et réagir à une telle crise ? Quel est le monde d’après que nous souhaitons voir émerger ?

En tant que jeunes Ambassadeurs et Ambassadrices de ONE, nous souhaitons attirer l’attention des dirigeants politiques sur un sujet peu présent dans l’actualité : la situation des pays en voie de développement ainsi que le rôle de la solidarité internationale et l’aide publique au développement (APD). Ces derniers paraissent aujourd’hui primordiaux et vitaux afin d’éviter un désastre humanitaire majeur et la perte des progrès durement acquis en matière de développement.

Dans cette tribune, nous revenons sur les impacts de cette crise au niveau mondial et plus précisément au niveau des pays en voie de développement. Nous présentons ensuite nos demandes en matière de solidarité internationale face à la crise du COVID-19 et notre vision du “monde d’après”.

La pandémie du COVID-19, une césure historique au niveau mondial

Les impacts du COVID-19 sont majeurs et multiples, que ce soit au niveau sanitaire, économique ou sociétal. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré l’épidémie du COVID-19 “Urgence de santé publique de portée internationale” le 30 janvier 2020. Au moment où nous écrivons ces mots, l’OMS fait état de plus de 4,5 millions de cas confirmés et plus de 300 000 morts attribuées au COVID-19 dans le monde, chiffres pourtant sous-estimés en raison des capacités de test limitées et du nombre important de cas asymptomatiques ou bénins. 

Dans le monde entier, la prise en charge de ces patients a mis sous pression les systèmes de santé en général et les services d’hospitalisation en particulier. Ils font face à une surcharge de travail ainsi qu’à des difficultés d’approvisionnement en matériel de protection (masques, blouses, gants, etc.), en médicaments ou dispositifs médicaux (médicaments et équipement de réanimation) et en capacités de diagnostic. Cependant, les impacts de la crise ne se résument guère aux seules conséquences sanitaires. Au vu de la situation sanitaire inquiétante, de nombreux gouvernements ont décrété des mesures visant à réduire le nombre de contacts entre citoyens. Ainsi, près de la moitié de la population mondiale est aujourd’hui confinée, une grande partie de l’économie est à l’arrêt et même les calendriers politiques sont perturbés. 

Dans une situation où même les pays occidentaux, disposant de ressources financières et systèmes sanitaires performants, ont dû mal à faire face à l’ampleur des dégâts, il paraît indispensable de penser aux pays plus vulnérables.

Les conséquences de la pandémie sur les pays en voie de développement

Si le bilan humain de la pandémie du COVID-19 est pour le moment moins lourd qu’en Europe, il ne faut pas sous-estimer les effets néfastes qu’elle pourrait avoir en Afrique ou d’autres régions moins développées.

En effet, les systèmes sanitaires moins développés et moins équipés ne sauraient faire face à une flambée épidémique. En guise d’illustration, la capacité en termes de lits de soins intensifs dans les pays africains correspond à un millième de celle en Europe, ce qui n’a pas empêché le COVID-19 de submerger les systèmes hospitaliers de pays tels que l’Italie. Les problèmes en matière d’approvisionnement en matériel médical et médicament évoqués au niveau global y seraient d’autant plus difficiles à résoudre. Il ne faut pas oublier, par ailleurs, que ces pays sont déjà fortement touchés par des maladies comme, entre autres, le VIH, la tuberculose, la malaria et que l’accès aux soins y est déjà compliqué en temps normal. Le contrôle de la propagation paraît d’autant plus compliqué que les conditions de vie de la population peuvent rendre le confinement et la distanciation sociale difficile, voire impossible. L’effet de la pandémie au sein de bidonvilles ou camps humanitaires serait désastreux.

Pour faire face à la pandémie et limiter la propagation du virus, les pays en voie de développement doivent prendre des mesures fortes pour renforcer les capacités et l’approvisionnement de leur système sanitaire et aider leur population à pouvoir respecter les mesures de confinement, ce qui est presque impossible pour les personnes vivant en pauvreté absolue et nécessitant leurs revenus pour subsister. La capacité des pays en voie de développement est cependant fort restreinte par leurs ressources limitées, le niveau d’endettement et se voit, de surcroît, fortement réduite par les impacts globaux évoqués ci-dessus qui sont renforcés dans ces régions vulnérables : la fuite des capitaux ampute leur capacité à emprunter, l’effondrement des cours des matières premières et l’arrêt du tourisme réduisent fortement leurs recettes, le ralentissement du commerce international affecte grandement leurs économies. Ainsi, le COVID-19, à travers ses impacts sanitaires et économiques pourrait anéantir le progrès en matière de développement et éventuellement conduire à plus d’insécurité, de conflits, de migrations. 

Pour limiter les impacts décrits ci-dessus et contrôler la pandémie au niveau international, nous demandons aux pays développés de prendre leurs responsabilités et soutenir les efforts des pays en voie de développement dans cette crise. Nous présenterons ensuite notre vision d’un monde d’après bâti sur la solidarité internationale.

Aider les pays en voie de développement à surmonter la crise du COVID-19

Le Directeur général de l’OMS, Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, estime que  « la meilleure défense contre une flambée épidémique est un système de santé solide (…). Le COVID-19 révèle combien sont fragiles nombre de systèmes (…) de santé dans le monde, et les pays sont obligés de faire des choix difficiles (…). »

Afin d’aider les pays en voie de développement à faire face à ces difficultés, l’OMS a émis une série de recommandations leur permettant à la fois de résister à la pandémie et de réduire les risques d’effondrement du système. Ces recommandations incluent, entre autres, le maintien de services essentiels, tels que la vaccination de routine, les services de santé reproductive, la prise en charge des maladies non transmissibles et des maladies infectieuses comme le VIH, le paludisme ou la tuberculose, les traitements hospitaliers vitaux ainsi que la prise en charge des urgences médicales.

Comme évoqué précédemment, la solidarité internationale est requise pour permettre aux pays en voie de développement de suivre ces directives. Nous, en tant que jeunes Ambassadeurs et Ambassadrices de ONE, formulons les demandes suivantes :

  • Alléger la dette des pays en voie de développement et contribuer financièrement aux efforts de lutte contre la pandémie 
  • Soutenir les systèmes sanitaires des pays en voie de développement (fournitures de médicaments, d’équipement sanitaire (masque, blouses, gants) et de matériel médical)
  • Garantir l’accès équitable aux vaccins et traitements efficaces contre le COVID-19

Construire un monde d’après basé sur la solidarité internationale

En tant que jeunes Ambassadeurs et Ambassadrices de ONE, nous appelons à une remise en question plus générale du monde dans lequel nous vieillirons. Nous avons grandi bercés par des actualités alarmantes : de l’accélération du changement climatique à l’accroissement des inégalités, en passant par la montée des populismes. Ce monde restait encadré par des règles anciennes, qui n’étaient pas à même de réguler une économie mondialisée et de plus en plus digitalisée. Elles ne répondaient plus aux défis auxquels l’humanité est aujourd’hui confrontée : par exemple, alors que la date du Jour du dépassement arrive chaque année de plus en plus tôt, il semble évident que la croissance économique ne peut plus constituer à elle seule l’indicateur de référence.

Alors que la catastrophe sanitaire actuelle nous affecte toutes et tous, nous devons être capables de saisir cette occasion pour changer de paradigme, au niveau tant individuel que collectif. Le COVID-19 nous rappelle que la société dans laquelle nous vivions encore il y a quelques semaines reposait avant tout sur des constructions sociétales partagées. Qui aurait imaginé, il y a deux mois, que des centaines de milliards de dollars pouvaient être injectés dans l’économie mondiale, que la pollution de l’air mondiale pouvait chuter aussi brutalement, ou encore que le trafic aérien serait réduit de plus de 90% ? Bien sûr, ces exemples se réfèrent à la période extrême que nous vivons actuellement, et qui ne constitue qu’une parenthèse. Cependant, ils témoignent bien d’une chose : quand une idée devient une priorité politique, alors tout devient possible.

Demain, la vie reprendra. Peut-être avec de nouvelles règles de distanciation sociale, peut être avec de réelles séquelles liées à la période de crise que nous aurons tous traversée à notre manière. Mais nous espérons que ce n’est pas la vie d’avant qui reprendra. Au contraire, nous espérons que cette crise nous aura permis de constater :

  • que le changement climatique et d’autres crises écologiques sont déjà bien à l’oeuvre. Si le COVID-19 a pu émerger tel qu’il l’a fait, puis se transmettre à l’être humain, c’est bien en raison de la destruction de la biodiversité organisée méthodiquement par l’Homme sur sa planète depuis des décennies.
  • que face aux forces de la nature, nous sommes toutes et tous vulnérables : riche, pauvre, femme ou homme. Mais que les plus fragiles, tels que les réfugiés ou les sans-abris, restent bien souvent les plus affectés par les crises parce qu’ils ne disposent pas d’un accès aux soins dont ils ont besoin, ou parce qu’ils n’ont pas les ressources pour faire face à une perte de revenus à court-moyen terme. Ce constat appelle à une réduction des inégalités sociales et des inégalités de genre, qui persistent et même s’accroissent dans de nombreuses régions du monde, et à tout faire pour que le vaccin du COVID-19, entre autres, soit développé comme un bien public mondial accessible à tous et toutes. 
  • que nous avons besoin de biens et de services publics fonctionnels, qui constituent la richesse de tous. La situation actuelle nous rappelle l’importance de nos services publics, et en premier lieu de l’hôpital et de la santé publique, deux secteurs qui subissent d’importantes coupes budgétaires dans de nombreux pays depuis des années. Nous avons tous été inquiets d’entendre parler de “service de réanimation saturés”, de “risque de pénurie de médicaments”. Nous refusons de revivre ce type d’angoisse, et appelons donc au financement des biens et services publics, tant en France, qu’à l’échelle internationale, grâce aux systèmes de solidarité. 

Dans une société basée sur la solidarité, tout le monde doit contribuer financièrement au bien-être collectif. Cela veut dire que nous ne laissons plus certaines multinationales élaborer des systèmes opaques qui leur permettent de payer moins d’impôts et de maximiser leurs profits et que nous mettons un terme à la corruption et l’évasion fiscale. Cela veut aussi dire que nous taxons les acteurs financiers et leurs transactions pour abreuver nos budgets de lutte contre la pauvreté et les inégalités dans le monde. 

Nous, jeunes Ambassadeurs et Ambassadrices de ONE, faisons partie de la génération qui s’engage pour un monde meilleur. Ces dernières semaines, nous avons pu prendre du recul et contempler les débris de ce monde dépassé depuis nos fenêtres. En applaudissant nos soignants et les autres héros de première ligne, nous avons alors pris la résolution suivante : nous refusons de vivre dans un monde marqué par les pandémies, la peur et le repli sur soi. Nous refusons de revenir au monde d’avant qui idolâtre la croissance, l’efficacité et la compétition et prône des impératifs politiques et économiques “sans alternative”. Nous savons qu’un autre monde, solidaire, fait de compassion, d’humanité et d’espoir, est possible. Nous nous battrons pour que ce soit le monde de demain.

“Ne doutez jamais qu’un petit groupe de citoyens réfléchis et engagés peut changer le monde ; en fait, c’est toujours ainsi que le monde a changé.” – Margaret Mead

Ninon Beillard, Priscille Bouabré, Mathias Charles, Mario Jendrossek, Louise Thomas Leibengut

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