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La pauvreté est sexiste

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Cette semaine dans Ondes de Choc : La malnutrition des femmes est en hausse, les progrès en matière de mortalité maternelle stagnent et les violences sexistes et sexuelles restent des problèmes endémiques. Nous examinons de plus près les inégalités de genre dans cette infolettre : où elles existent et pourquoi elles persistent. 

ACTUALITES

Récolter ce que l’on sème : une femme ou fille sur quatre dans le monde est sous-alimentée. Entre 2019 et 2021, l’écart entre les femmes et les hommes en matière d’insécurité alimentaire a plus que doublé. Au cours des deux dernières années, la malnutrition des femmes et des filles a augmenté de 25 % dans les pays les plus durement touchés, principalement en Afrique. Le sexisme y a un rôle prépondérant : les femmes sont souvent victimes de discrimination, ont moins d’opportunités sur le marché du travail et moins de pouvoir de décision, leurs besoins sont donc généralement mis de côté. Pourtant, les femmes produisent jusqu’à 90 % de la nourriture consommée dans les zones rurales pauvres. On ne récolte donc pas toujours ce que l’on sème.

La malédiction de l’accouchement : 70 % des décès maternels dans le monde se produisent en Afrique subsaharienne. 95 % d’entre eux surviennent dans des pays à revenu faible ou intermédiaire. Ces décès sont en grande partie évitables grâce à des examens de routine, à l’accès aux moyens de contraception et aux soins préventifs. Mais l’accès à ces ressources et à la formation nécessaire pour les mettre en œuvre est inégal, et pratiquement inexistant dans de nombreuses zones rurales et exposées aux conflits. Si des progrès ont été réalisés au cours des dernières décennies, ils sont au point mort depuis 2015. Si les tendances actuelles se maintiennent, des millions de femmes d’Afrique subsaharienne mourront de causes liées à la grossesse dans les dix prochaines années.

Montrez-nous l’argent : La vice-présidente américaine Kamala Harris a fait ses adieux au Ghana en annonçant une initiative de financement d’un milliard de dollars pour l’autonomisation économique des femmes en Afrique. Les fonds promis visent à combler le fossé numérique entre les femmes et les hommes et à améliorer l’accès des femmes à la formation professionnelle et à l’aide aux entreprises. Il était temps. La part de l’aide internationale comportant une composante de genre stagne depuis 2019, alors qu’il est prouvé que la pandémie de COVID-19 a frappé le plus durement les femmes et les filles et fait basculer plus de 37 millions de femmes dans l’extrême pauvreté. La situation pour les femmes en Afrique subsaharienne ne va probablement pas s’améliorer de sitôt. Entre-temps, la nouvelle politique de développement féministe de l’Allemagne prévoit de placer les droits des femmes et l’égalité de genre au cœur de sa politique étrangère, mais on ne sait pas (pour l’instant) ce que cela signifiera dans la pratique.

Pas de justice, pas de paix : Un cas récent de fémicide au Burundi a poussé les défenseurs des droits des femmes à tirer la sonnette d’alarme sur les violences sexistes dans le pays. Il y a eu au moins 5 féminicides commis par des proches depuis janvier 2023, et une ONG locale a enregistré 241 cas de viols entre décembre 2022 et février 2023. Le Burundi dispose d’une loi criminalisant les violences basées sur le genre, mais les structures juridiques sont souvent insuffisantes dans des contextes où les normes patriarcales et la stigmatisation des survivantes de crimes sexuels persistent. Dans le monde, 1 femme sur 3 sera confrontée à des violences physiques ou sexuelles au cours de sa vie, et leurs auteurs restent souvent impunis. Mais pas toujours : en Afrique du Sud, l’ancien athlète paralympique Oscar Pistorius s’est vu une nouvelle fois refuser la libération conditionnelle de sa peine de 15 ans de prison pour le meurtre de sa petite amie Reeva Steenkamp en 2010. 

Des normes plus élevées : Le Rwanda a introduit les premières normes en matière d’égalité de genre sur le lieu de travail en Afrique. L’initiative vise à encourager les femmes à investir le monde du travail, à renforcer leur leadership et à s’assurer qu’elles ne sont pas évincées des entreprises à cause du harcèlement ou d’autres formes de discrimination. Les effets de telles mesures sont probants : les entreprises où des femmes occupent des postes de direction sont plus rentables. Mais cela ne comble pas le fossé des inégalités en matière de droits dans le pays : au Rwanda, les femmes ne bénéficient que de 84 % de la protection juridique accordée à leurs homologues masculins. Dans le monde, 2,4 milliards de femmes en âge de travailler sont confrontées à des lois discriminatoires et ne jouissent que des trois quarts des droits légaux des hommes. Seuls 14 pays traitent les femmes et les hommes sur un pied d’égalité au regard de la loi et ces avancées ont atteint leur niveau le plus bas depuis 20 ans en 2022. Ce sont les pays africains qui ont le plus progressé l’année dernière, mais le continent reste à la traîne.

Pour nous mais sans nous : Les communautés en première ligne de la crise de l’eau n’ont pas été représentées lors de la première conférence mondiale sur l’eau depuis près de 50 ans. Et selon un militant africain, celles et ceux qui ont eu la « chance » de surmonter les obstacles financiers et de visa pour venir n’ont guère eu l’occasion de partager leurs expériences. Comme celles des jeunes filles des régions du Kenya frappées par la sécheresse, qui abandonnent l’école, passent des heures à aller chercher de l’eau, risquant d’être agressées à chaque trajet. Dans un monde où les femmes et les filles passent environ 200 millions d’heures par jour à aller chercher de l’eau et sont touchées de manière disproportionnée par le changement climatique, la moindre des choses serait de les inclure dans les conversations qui les concernent. 

L’ÉQUIPE DE ONE EN ACTION : 

  • Nos jeunes Ambassadeurs font parler d’eux dans les médias ! Découvrez un condensé de leurs témoignages sur leur engagement contre les inégalités et leur implication chez ONE
  • Retrouvez l’interview de notre directrice France, Najat Vallaud-Belkacem dans AEF, où elle aborde le sommet de juin sur le nouveau pacte financier et la nécessité d’une taxe sur les transactions financières pour financer le développement et le climat.

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