La pauvreté est sexiste, mais ce n’est pas une fatalité

La pauvreté est sexiste, mais ce n’est pas une fatalité

Ce billet a été adapté de l’anglais par Maé Kurkjian, assistante plaidoyer chez ONE France.

Notre campagne “La pauvreté est sexiste” affirme clairement que les femmes et les filles sont les plus durement atteintes par la pauvreté, et qu’elles sont des millions à ne pas avoir la possibilité d’exploiter leur plein potentiel.

La solution ? Elle est compliquée, et ambitieuse, mais clairement atteignable.

Cette solution est en partie culturelle: nous avons besoin de sociétés qui accordent autant d’importance aux femmes et aux filles qu’aux hommes et aux garçons, sur tous les aspects de la vie. Mais nous avons aussi besoin d’un changement global qui mette les femmes et les filles au cœur du processus de développement. C’est là que nous, et vous, entrons en jeu.

Cette année, les dirigeants ont un agenda particulièrement bien rempli. Des sommets et des conférences sont organisés presque toutes les semaines : beaucoup de décisions importantes seront donc prises. Vous ne pourrez peut-être voir que ces étranges photos de groupe, mais sachez que dans les coulisses nous exercerons une forte pression pour l’adoption d’accords qui pourraient changer la vie de millions de femmes et de filles. Plus de détails sont disponibles dans notre rapport «La pauvreté est sexiste ».

Voici les changements auxquels nous aspirons:

Le sommet du G7: 7-8 juin, Schloss Elmau, Allemagne

Les dirigeants lors du sommet du G8 à Muskoka au Canada en 2010. Photo: White House Photo de Pete Souza.

Photo: Les dirigeants lors du sommet du G8 à Muskoka au Canada en 2010. Crédits: White House Photo de Pete Souza.

La chancelière Angela Merkel recevra les dirigeants des six autres pays les plus puissants du monde lors de ce rassemblement annuel. ONE espère voir les mots « femmes » et « plans ambitieux pour mettre un terme à la pauvreté » dans leur agenda.

  • Agriculture: Rendre la situation des agricultrices plus équitable. Cela passe par l’amélioration des droits fonciers, les formations, l’accès au crédit, aux technologies, aux intrants comme les engrais et à la main d’œuvre. Il faut ajouter à cela un soutien complet envers les plans nationaux de développement agricole des pays pauvres et le maintien des promesses faites en 2013 lors du sommet « Nutrition for Growth ». Deux ans ont passé maintenant, il est temps de fournir des résultats concrets.
  • Santé: Assurer que, partout, les hommes et les femmes aient un accès équitable aux soins. Une aide supplémentaire, de meilleure qualité et des formations pour le personnel de santé permettraient de faire un grand pas en avant.
  • Financement: Maintenir la promesse internationale d’attribuer 0,7% du revenu national à l’aide publique au développement et s’assurer qu’au moins la moitié de cette somme aille aux pays les moins avancés. Ces derniers ne reçoivent aujourd’hui qu’environ 30% de l’aide internationale.
  • Nouveaux Objectifs de développement durable: Utiliser leur influence pour s’assurer que, lors de leur présentation à l’Assemblée générale des Nations unies en septembre, les objectifs fixés soient bien financés, et aient comme cibles principales les femmes et les filles.

Le sommet de l’Union africaine, Johannesburg, Afrique du Sud.

Photo : Les dirigeants lors du sommet de l’Union africaine de 2013 en Ethiopie. Crédits: GCIS.

Photo : Les dirigeants lors du sommet de l’Union africaine de 2013 en Ethiopie. Crédits: GCIS.

C’est ensuite au tour de l’Afrique de briller. Les dirigeants du continent prendront des décisions qui pourraient aider des millions de personnes à sortir de la pauvreté.

  • Agriculture: Résoudre les problèmes liés aux barrières culturelles et légales qui limitent les opportunités des femmes agricultrices. Il faudra prendre en compte les droits fonciers, l’accès aux formations, au crédit et aux intrants. Ils ont fait d’importantes promesses l’année dernière pendant l’année de l’agriculture de l’Union africaine, il serait temps que celles-ci se concrétisent.
  • Santé: Donnez-nous la preuve que l’argent qui a été promis à Abuja existe. Les femmes auront un meilleur accès aux soins si le nombre de personnel de santé et les salaires de ces derniers augmentent.
  • Financement: S’assurer que les budgets locaux sont utilisés au bénéfice des femmes et des filles. Le système juridique doit lui aussi être transformé en faveur de celles-ci.
  • Transparence: S’attaquer à la corruption dans les industries pétrolières, gazières et minières. Un grand pas en avant serait de rendre publics les transferts d’argent entre les entreprises extractives et les gouvernements, pour que nous puissions tous attester du bon investissement de cet argent.
  • Les nouveaux Objectifs de développement durable : Tout comme le G7, les dirigeants africains doivent aussi avoir leur mot à dire sur ces objectifs. Ici aussi, ONE espère que des voix puissantes vont s’élever en faveur des femmes et des filles.

Conférence sur le financement du développement: 13 au 16 juillet, Addis-Abeba, Ethiopie.

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Peu de gens sont au courant et pourtant c’est la parade de l’année. Les dirigeants du monde entier sortent leurs porte-monnaies et se mettent d’accord sur leurs contributions en faveur de la lutte contre la pauvreté pour les prochaines années. Ce pot commun permettra de financer les nouveaux ODD, il vaut donc mieux qu’il soit bien rempli.

  • Financement: les pays donateurs doivent suffisamment y participer, mais surtout la moitié de leurs contributions doit aller aux plus pauvres. Les pays en développement doivent générer plus de ressources domestiques pour combattre la pauvreté chez eux. Tout le monde devrait faire partie du combat contre la corruption.
  • Budgets et commerce: les politiques ayant un impact sur l’allocation, la dépense et l’évaluation de l’argent public devraient se concentrer davantage sur les femmes et les filles. Il en va de même pour les politiques commerciales.
  • Données: trop de femmes et de filles ne sont pas recensées. Les pays en développement devraient investir dans la collecte des données les plus difficiles d’accès afin d’accompagner la planification des services publics et de faciliter le suivi des progrès.

Présentation des nouveaux Objectifs de développement durable: 25-27 septembre, New York, Etats-Unis.

Photo: Des jeunes de 15 ans venant de toute la Tanzanie lancent la campagne action/2015 en janvier. Crédits : ONE.

Photo: Des jeunes de 15 ans venant de toute la Tanzanie lancent le mouvement action/2015 en janvier. Crédits : ONE.

C’est le moment décisif. Un nouvel ensemble d’objectifs mondiaux sur la pauvreté, les inégalités et le climat seront officiellement présentés par les dirigeants lors de l’Assemblée générale des Nations unies. Ils seront notre feuille de route pour les quinze prochaines années, vers un monde meilleur pour tous. Il est donc primordial qu’ils permettent aux filles et aux femmes d’exploiter leur potentiel, peu importe le continent sur lequel elles vivent.

Les femmes et les filles: il est normal que chaque objectif soit autant bénéfique pour les jeunes garçons et les hommes que pour les femmes et les filles qui représentent 50% de la population. Il nous semble aussi important que l’accent soit mis sur les violences contre les femmes, les mariages d’enfants et le trafic d’êtres humains.

Ces objectifs doivent aussi être:

  • Précis: Pour que chacun puisse comprendre leurs implications et la manière dont nous pouvons les mesurer.
  • Financés: Encore et toujours grâce à l’argent investi, dont la plupart devrait être destiné aux plus pauvres.
  • Suivis: Pour une meilleure analyse des résultats, y compris selon le genre, pour s’assurer qu’ils correspondent aux attentes de chacun.

Agissez

Cela fait beaucoup de changements en une seule année ! Nous travaillerons d’arrache-pied pour concrétiser nos ambitions, mais nous avons besoin de vous. C’est votre voix et votre mobilisation qui forcent les dirigeants à s’asseoir et à écouter. Nous ferons donc appel à votre soutien à chaque moment important de cette année 2015.

Commencez dès maintenant : demandez à Angela Merkel de prendre des mesures concrètes pour les femmes et les filles partout dans le monde quand elle accueillera ses homologues du G7 début juin.

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