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Lors d’une crise pandémique, la coopération internationale est plus importante que jamais

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Guillaume Grosso est le Directeur du développement international et de la stratégie européenne au sein de Gavi, l’Alliance du vaccin. Nous l’avons interviewé dans le cadre de notre initiative #PassTheMic

Pourquoi une réponse mondiale au COVID-19 est-elle nécessaire ?

Gavi travaille en étroite collaboration avec les pays et partenaires de l’Alliance, tels que l’OMS et l’UNICEF, pour contribuer aux plans de préparation et de réponse au COVID-19 dans les pays soutenus par Gavi, où le nombre de cas et de décès ne cesse de croître. 

Dans le cadre de ce processus, l’Alliance accorde aux pays bénéficiaires de Gavi une certaine souplesse en matière de subventions, en leur permettant notamment de réallouer des fonds, afin que les systèmes de santé les plus fragiles ne soient pas laissés pour compte. Cela représente jusqu’à 200 millions de dollars de financement anticipé, et d’autres aides suivront. Par le biais de cette initiative, plus de 30 pays soutenus par Gavi ont accédé ou commencé à accéder à un financement pour se préparer et répondre au COVID-19. 

La pandémie perturbe déjà les services de vaccination de routine dans les pays soutenus par Gavi, ce qui affecte l’approvisionnement en vaccins ainsi que les lancements et les campagnes prévus. Cela rend les populations plus vulnérables à un large éventail de maladies mortelles à l’avenir.

En outre, la transmission généralisée du COVID-19 risque de submerger les systèmes de santé, ce qui pourrait entraver l’accès aux soins de santé et ainsi mettre en danger de nombreuses vies. Cela est souvent une conséquence déplorable des épidémies. Or, le fait de limiter la capacité des pays à contenir la propagation des maladies infectieuses aujourd’hui et à l’avenir constitue un risque à long terme pour la sécurité sanitaire mondiale. 

En plus d’aider les pays à faire face aux conséquences immédiates de la pandémie, Gavi peut jouer un rôle clé dans chaque phase du développement et de la distribution d’un vaccin contre le SRAS-CoV-2.

Forte de son expérience en matière d’accès aux vaccins vitaux, dont le vaccin Ebola, l’Alliance travaille en étroite collaboration avec l’OMS, CEPI et d’autres partenaires de la communauté de la R&D afin de créer des conditions optimales pour l’identification de vaccins candidats prioritaires, en mettant notamment l’accent sur leur potentiel de déploiement à grande échelle et d’accès équitable.

L’accès doit être une considération fondamentale dans la prise de décision liée à la R&D de nouveaux produits, ainsi que dans l’augmentation de la fabrication des produits sous licence qui en résultent. 

Avec plus de 110 vaccins candidats à divers stades de développement, il est nécessaire de s’engager très tôt dans le processus de R&D pour s’assurer que l’utilisation des produits sera adaptée aux divers contextes et milieux. Une fois qu’un vaccin sera disponible, il faudra aussi s’assurer qu’il atteint le plus rapidement possible les populations qui en ont le plus besoin. Face à une maladie qui ne respecte aucune frontière, les personnes les plus à risque doivent être protégées, où qu’elles se trouvent dans le monde.  

Des mécanismes de financement innovants, tels que les obligations pour les vaccins et les garanties de marché, ont potentiellement un rôle essentiel à jouer afin de permettre aux gouvernements et aux industries d’investir dans les coûts élevés liés au développement des vaccins. Les instruments de financement innovants de Gavi, tels que la Facilité financière internationale pour la vaccination (IFFIm) et les garanties de marché, ont été utilisés par le passé pour accélérer le développement et l’accès aux vaccins. Ce sont des outils potentiels pour la pandémie actuelle.

Selon vous, quelles sont les priorités en matière de réponse mondiale ?

Un nombre croissant de pays soutenus par Gavi ont fait état d’une certaine perturbation des vaccinations de routine car les ressources sanitaires sont réorientées pour faire face à la pandémie de COVID-19. Plus de 60 % des pays à faible revenu signalent des perturbations dans les programmes de vaccination des enfants.

Gavi accorde aux pays bénéficiaires de Gavi une certaine souplesse en matière de subventions, en leur permettant notamment de réallouer des fonds, afin que les systèmes de santé les plus fragiles ne soient pas laissés pour compte. Cela représente jusqu’à 200 millions de dollars de financement anticipé, et d’autres aides suivront.

Gavi a également un rôle unique à jouer dans l’accélération du développement, de la fabrication et de la distribution du vaccin afin de garantir que des vaccins sûrs, efficaces et abordables sont mis de toute urgence à la disposition de ceux qui en ont besoin. Gavi propose un nouveau mécanisme, une forme de garantie de marché, qui permettrait d’accélérer la disponibilité des vaccins contre le COVID-19 en créant une dynamique de marché saine grâce à des incitations et des investissements.

Personne ne doit être privé d’un vaccin.

Quels sont les risques que vous identifiez en cas d’absence de réponse mondiale coordonnée ?

Lors d’une crise pandémique, la coopération internationale est plus importante que jamais. Cela signifie que les gouvernements, les communautés, les organisations multilatérales, le secteur privé, la société civile, les universités, les infirmier·e·s, les médecins et les systèmes de santé doivent travailler ensemble.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) joue un rôle crucial dans la prise en compte et la coordination de ces activités mondiales. Par exemple, en ce qui concerne les vaccins, c’est l’OMS qui évalue les vaccins qui seront finalement, bientôt on l’espère, fournis à tous ceux qui en ont besoin.

En plus de la crise pandémique de COVID-19, nous sommes actuellement confrontés à plusieurs autres épidémies, telles que la rougeole, la fièvre jaune ou Ebola.

Il est désormais temps que tous les pays et toutes les organisations travaillent autant que possible ensemble. 

Qu’est-ce qui vous permet de rester optimiste ?

Nous sommes optimistes quant à la possibilité de contenir la pandémie malgré l’assouplissement des restrictions dans les pays. Nous constatons dans de nombreux pays un ralentissement du nombre de cas et de décès. La distanciation sociale et le confinement ont permis d’éviter que la pandémie ne soit plus meurtrière. 

Nous sommes également optimistes quant au fait de trouver relativement rapidement un traitement et même un vaccin contre cette terrible maladie. Plus d’une centaine de vaccins sont actuellement en cours de développement, au moins huit sont en essais cliniques et deux traitements potentiels sont déjà en phase 3 d’essai. Cela montre l’effort considérable fourni par la communauté scientifique pour trouver des remèdes et un vaccin pour protéger la population.

Cependant, nous ne devons pas oublier que les maladies ne connaissent pas de frontières. Nous devons veiller à ce que des millions d’enfants ne soient pas privés de vaccins. 

Le 4 juin dernier s’est tenue la troisième conférence de reconstitution des ressources de Gavi. De nombreux pays, dont la France, ont contribué à récolter 8,8 milliards de dollars ! Le soutien de la France a été crucial. Tout d’abord, pour aider Gavi à vacciner 300 millions d’enfants supplémentaires entre 2021 et 2025, ce qui contribuera à éviter 7 à 8 millions de décès. Dans de nombreux pays soutenus par Gavi, la pandémie a entraîné des perturbations dans les vaccinations de routine et les campagnes de vaccination ont été reportées ou annulées. Les vaccins vitaux ne sont plus fournis et nous pourrions être confrontés à une résurgence de la rougeole, de la fièvre jaune, de la diphtérie et de la polio. Le soutien de la France a d’autant plus été crucial que les pays devront organiser des campagnes de rattrapage pour ramener la couverture vaccinale à son niveau d’avant crise. 

Le soutien de la France a également été un signal politique fort en faveur d’un multilatéralisme qui ne laisse personne derrière pendant que la communauté scientifique tente de trouver un traitement ou un vaccin contre cette terrible maladie.

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Dans le cadre de #PassTheMic, Guillaume Grosso a échangé avec le chanteur Cali. Regardez leur Instagram Live :

Découvrez d’autres interviews d’experts dans le cadre de notre campagne #PassTheMic : des experts en santé mondiale prennent la parole le temps d’une journée sur les réseaux sociaux de célébrités pour partager les données, les faits et la science nécessaires pour mettre fin au COVID-19. Suivez-nous sur Instagram, Facebook et Twitter pour en savoir plus.

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