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Gaspillage alimentaire : un problème global

ONE

Ce billet a été rédigé par Maé Kurkjian, assistante plaidoyer chez ONE.

Publication d’un rapport parlementaire sur le gaspillage alimentaire

Le 14 avril dernier, Guillaume Garot, député PS de Mayenne a remis son rapport sur le gaspillage alimentaire à Ségolène Royal et Stéphane Le Foll. Ce rapport, commandité par le premier ministre en octobre, présente les recommandations du député afin de lutter contre le gaspillage alimentaire.

Il insiste sur la responsabilisation de tous les acteurs impliqués dans la chaîne alimentaire : les restaurants, les producteurs, les industriels, la grande distribution et les consommateurs. De plus, il met en avant l’importance de mettre en place des politiques publiques adaptées au problème, qui puissent orienter ces différents acteurs vers un gaspillage limité. Entre autres, les principales mesures demandées sont :

  •  l’interdiction de jeter pour la grande distribution : limiter les invendus, réutiliser ceux qui sont consommables sous forme de dons aux associations caritatives qui en font la demande ;
  • la multiplication des pratiques de « doggy-bag » dans les restaurants, qui restent soumises à un blocage culturel ;
  • la formation et la sensibilisation du public et des professionnels contre le gaspillage alimentaire ;
  • la mise en place d’une agence publique nationale chargée de la lutte contre le gaspillage alimentaire ;
  • l’augmentation de la défiscalisation des produits non-consommés.

 

Les pays en développement sont-ils concernés ?

ONE accorde une importance particulière à la partie du rapport consacrée au gaspillage alimentaire dans le monde. Même si les pays industrialisés sont surtout responsables du gaspillage au niveau de la consommation, le manque de moyens et d’infrastructures adaptés dans les pays en développement entraîne de nombreuses pertes déjà au stade de la production. En effet, le gaspillage intervient dans tous les pays aux différentes étapes de la chaîne. Au Kenya, c’est pour satisfaire les attentes des consommateurs occidentaux que les haricots verts sont coupés tous de la même taille, 8cm. Le reste (des milliers de tonnes) est jeté. Pourtant, des ressources naturelles ont été utilisées, et donc gaspillées, pour sa production (notamment l’eau). Cet exemple, mentionné dans le rapport Garot, illustre bien les liens entre les problèmes de développement, la dégradation de l’environnement et le gaspillage alimentaire.

En Afrique subsaharienne, la quantité de nourriture perdue dans la période qui suit la récolte (4 milliards de dollars par an) permettrait de nourrir 48 millions de personnes chaque année. Ces pertes représentent plus que la valeur totale de l’aide alimentaire reçue par l’Afrique subsaharienne ces 10 dernières années. Pourtant, elles pourraient être limitées si davantage d’investissements étaient orientés vers les infrastructures de stockage, de préservation et de séchage des aliments.

Aussi, le gaspillage alimentaire serait la troisième cause la plus importante d’émissions de gaz à effet de serre selon le rapport de M. Garot. Dans cette optique, il devient primordial d’intégrer cette problématique dans l’accord de la COP21 qui sera pris à Paris en 2015. Mais le gaspillage alimentaire fait aussi partie des 17 nouveaux Objectifs de Développement Durable (ODD), qui seront adoptés par l’Assemblée générale des Nations unies en septembre 2015.

Comment agir pour limiter le gaspillage et la perte de nourriture ?

Certaines initiatives en ce sens ont récemment vu le jour, notamment le projet concernant le gaspillage et la détérioration des aliments en Afrique de la fondation Rockefeller. La FAO s’intéresse aussi à cette thématique depuis plusieurs années, notamment concernant la différence entre le gaspillage et la perte d’aliments et l’impact sur l’environnement de ce gaspillage dans le monde. Cela a conduit à la création de l’initiative mondiale de réduction des pertes et du gaspillage alimentaire (SAVE FOOD) de la FAO et de la Messe Düsseldorf, qui organise notamment sept conférences sur le gaspillage alimentaire en 2015. La prochaine aura lieu à Tel Aviv du 28 au 30 avril et traitera des pertes alimentaires après-récoltes.

La COP21 et l’adoption ODD, deux événements clés de l’année 2015, sont des opportunités à saisir pour mettre la lutte contre le gaspillage alimentaire au cœur de l’agenda de tous les pays, pour les quinze prochaines années. Une chance, peut-être, de voir ce problème disparaître pour de bon, et les bénéfices pour les populations et la planète se démultiplier.

Le rapport Garot et la pétition d’Arash Derambarsh, soutenue par les célébrités a permis de placer le gaspillage alimentaire au cœur de l’actualité française. ONE appelle la France à faire pression pour que cette thématique soit portée au niveau des débats internationaux dans le cadre de l’adoption des ODD et lors de la COP21.

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