Les membres de ONE du monde entier le savent bien, nous nous sommes préparés depuis longtemps aux événements de la semaine dernière. Elle n’a peut-être pas piqué la curiosité de tout le monde, mais pour les personnes engagées dans le combat pour l’éradication de l’extrême pauvreté, la conférence d’Addis-Abeba était très importante.
Les nouveaux Objectifs de développement durable (ODD), seront adoptés en septembre. Ce sera le moment décisif où les dirigeants du monde se mettront d’accord sur un plan précis afin d’aider les populations et les pays les plus pauvres à sortir de la pauvreté.
Mais peu importe la qualité de ces nouveaux objectifs, s’il n’y a pas de projet concret pour financer les services essentiels comme l’éducation des filles, les traitements qui permettent à une mère d’éviter de transmettre le sida à son bébé et les données qui permettent aux citoyens de faire le suivi des ressources investies jusqu’aux résultats obtenus, ils seront un échec.
C’est ici que la Conférence sur le financement du développement entre en jeu. Quatre jours de réunions, de discussions, d’évènements parallèles et d’interminables négociations devaient permettre aux plus de 100 pays de tomber sur un accord commun. Très rapidement les discussions ont été entraînées vers les points de désaccords, et il était donc possible que les huit mois de négociations préalables s’effondrent au dernier moment. Mais un accord a été trouvé, et le Programme d’action d’Addis-Abeba a été adopté.
Quel est donc le verdict ?
De notre point de vue, ce programme ne pourra pas éradiquer l’extrême pauvreté tout seul en quelques années, mais c’est un début qui pourra permettre de redéfinir la façon dont les pays en développement seront accompagnés vers la croissance et la prospérité. Cependant, le niveau d’ambition affiché de cet accord n’est pas suffisant pour atteindre les futurs Objectifs de développement durable. Des mesures clés ont été revues à la baisse au cours des négociations. Néanmoins, ce Programme d’action apporte une base valable pour passer à l’action et contient quelques rares éléments très positifs.
Chez ONE, nous nous sommes battus pour que la priorité soit accordée aux plus pauvres, et plus particulièrement aux femmes et aux filles, et nous sommes donc heureux de voir que c’est aussi le point de vue de l’accord d’Addis. A tous les niveaux dans les pays les plus pauvres, on empêche les femmes et les filles d’atteindre leur plein potentiel. À Addis-Abeba, l’annonce de mesures politiques et d’investissements ciblés sur leur santé, leur éducation et leurs droits économiques pourrait leur permettre, à elles, mais aussi à leur famille et à leurs communautés, de se sortir de la pauvreté.
L’accord salue par ailleurs les efforts des bailleurs de fonds qui allouent au moins la moitié de leur aide aux pays les plus pauvres, ceux qui en ont le plus besoin. Au même moment, les pays en développement ont reconnu qu’ils doivent accroître leurs ressources domestiques et réduire les flux financiers illicites. Ensemble, ces mesures pourraient fournir un financement essentiel pour rendre les services de base tels que la santé et l’éducation accessibles à tous, un nouvel engagement clé pris dans le cadre d’Addis-Abeba.
Une autre très bonne nouvelle: à Addis, nous sommes passés des paroles aux actes concernant la révolution des données, et nous sommes fiers d’avoir travaillé avec des partenaires publics et privés pour amorcer une cartographie de l’extrême pauvreté et des ressources nécessaires pour y mettre fin.
Nous sommes déçus que les mesures portant sur la mobilisation des ressources domestiques, le financement des infrastructures et la transparence, comme le reporting pays-par-pays des entreprises et les bénéficiaires effectifs des sociétés, ne soient pas suffisantes. Autre faiblesse : le Programme d’action dans sa totalité nécessitera un suivi rigoureux, mais le texte ne prévoit pas les mécanismes de redevabilité nécessaires.
Mais les bases ont été posées, il faut maintenant passer à la phase cruciale de mise en œuvre. Nous allons, tout comme beaucoup d’autres acteurs, garder un œil sur ce que nos gouvernements en feront
Venez découvrir notre travail avec nos partenaires en faveur d’une révolution des données pour éradiquer l’extrême pauvreté.
Vous pouvez aussi découvrir des exemples concrets de la manière dont les données ouvertes sont en train de transformer la vie des populations sur le site Follow the Money (exclusivement en anglais pour le moment).
Ce billet a été traduit et adapté de la version écrite par Michael Elliott par Maé Kurkjian, assistante de recherche chez ONE France.