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Famine en Afrique : où en sommes-nous en 2023 ?

Analyse

L’Afrique est l’un des continents les plus touchés par la famine. Elle sévit plus particulièrement en Afrique subsaharienne et dans la Corne de l’Afrique, partie nord-est du continent composée de la Somalie, de l’Éthiopie et du Kenya. On observe aussi que le Sahel, Madagascar ou encore l’Afghanistan, sont des pays dits en « insécurité alimentaire ».

Alors que ces pays ont connu quatre saisons particulièrement sèches, les agences internationales s’alarment face à une cinquième saison consécutive de sécheresse qui devrait se poursuivre entre mars et mai 2023.

Famine : définition

La famine représente le manque quasi total de ressources alimentaires dans un pays pendant une période longue et qui conduit à la mort des populations concernées.

C’est le niveau le plus élevé d’insécurité alimentaire, tant en termes d’ampleur que de gravité. Elle se produit lorsqu’un nombre substantiel de personnes meurent de faim ou d’une combinaison de sous-alimentation et de maladie.

Si plus de 20 % des ménages ne peuvent pas se nourrir, que le taux de malnutrition dépasse les 30 % et que les décès se multiplient, on parle donc de ‘famine’.

Cependant, il n’existe pas de définition internationalement acceptée de ce terme. C’est pourquoi la simple référence à cette notion entraîne souvent des débats afin de déterminer si la situation en question peut être qualifiée comme telle.

Pour rappel, la faim est un terme générique. L’insécurité alimentaire est un terme technique qui se divise en cinq catégories :

  • Première phase, la phase minimale.
  • Deuxième phase, la phase stress.
  • Troisième phase, la phase crise.
  • Quatrième phase, l’urgence.
  • Cinquième phase, la phase famine.

Quels sont les pays africains les plus touchés par la famine ?

La Somalie est l’un des pays les plus gravement touchés par la famine selon l’ONU. L’urgence est vitale et les ONG présentent sur place n’arrivent pas à faire face à la situation. En cause, la sécheresse historique qui perdure sur l’ensemble du pays.

En Somalie comme dans de nombreux pays africains, le climat est l’une des causes principales de cette situation de pénurie alimentaire. En effet, les zones les plus touchées par des crises alimentaires sont des zones de grande sécheresse. En parallèle, il faut ajouter des situations instables politiquement, des conflits et guerres civiles ainsi que des conditions particulièrement instables en termes de sécurité pour les populations.

7,8 millions de personnes souffrent de la sécheresse en Somalie, soit près de 50% de la population actuelle. On compte environ 213 000 personnes en grand danger de famine.

Les conflits armés comme principale cause de famine en Afrique

Parmi les plus de 823 millions de personnes qui souffrent de la faim dans le monde, 139 millions se trouvaient dans des pays en conflit en 2022.

En effet, les conflits sont la cause principale de la faim dans le monde.

Et si chaque pays fait face à une situation quasi unique, on remarque que certains facteurs spécifiques sont souvent propices au développement de cette situation dramatique. Conflit armé, insécurité, difficulté d’accès, pauvreté chronique, faiblesse des échanges commerciaux ou grave phénomène météorologique, sont autant de causes aggravantes, qui, combinées, mènent le plus souvent à des crises alimentaires ou des famines.

Le nord-est du Nigeria, le Soudan du Sud ou le Yémen sont par exemple des territoires sur lesquels les violences armées impactent fortement l’accès des populations à la nourriture. De plus, dans de nombreux pays, la faim est également utilisée comme une arme de guerre : blocage de l’aide humanitaire, destruction des infrastructures, pillage des ressources alimentaires sont des tactiques largement utilisées par les combattants pour affaiblir l’ennemi.

En parallèle, les conflits engendrent souvent des déplacements de populations qui perturbent les marchés, impactent la production agricole, et peuvent faire monter en flèche les prix.

Le dérèglement climatique comme facteur aggravant de la famine

Alors que les impacts du dérèglement climatique deviennent de plus en plus intenses et répétitifs, il est important de comprendre les conséquences directes que ceux-ci ont sur l’accès à l’alimentation.

En Somalie, par exemple, les épisodes de sécheresse à répétition couplés au manque de gouvernance après des années de conflit sont des facteurs aggravant de la situation alimentaire du pays. Dans des régions de l’Éthiopie et du Kenya, les populations souffrent également d’une sécheresse catastrophique qui décime les troupeaux, limite les sources de revenu des familles ainsi que l’accès aux denrées alimentaires sur les marchés locaux.

Partout en Afrique, le dérèglement climatique impacte l’accès à l’alimentation :

  • Les épisodes de sécheresse à répétition ont un impact fort sur les cultures et les moyens de subsistance.
  • L’instabilité des récoltes liée aux événements climatiques accentue la fluctuation des prix des denrées alimentaires de base sur les marchés internationaux, entraînant des variations de prix néfastes pour les producteurs comme pour les consommateurs.
  • Les pénuries d’eau impactent principalement les femmes qui doivent se déplacer plus loin pour puiser de l’eau dans des sources toujours plus profondes. Elles sont aussi le plus souvent responsables de petites parcelles agricoles qui représentent le seul moyen de subsistance de leur famille. Or sans eau, elles sont dans l’incapacité de bénéficier des récoltes. Aussi, les conséquences de la raréfaction de l’eau potable sur les enfants sont dramatiques : malnutrition, diarrhée et paludisme.
  • Les événements climatiques extrêmes ont des conséquences sur le long terme : difficultés d’approvisionnement, flambées des prix alimentaires, destructions des zones agricoles et des troupeaux…

En 2021, selon l’ONU, au moins 1,3 million de personnes ont eu besoin d’une aide alimentaire et nutritionnelle d’urgence dans le sud de l’île de Madagascar. C’est ainsi le seul endroit au monde à l’heure actuelle où les conditions semblables à la famine ont été provoquées par le climat et non par les conflits.

3 chiffres sur les conséquences de la famine en Afrique

  • 21 millions : le nombre de personnes en situation d’insécurité alimentaire élevée dans la Corne de l’Afrique, en raison de la sécheresse qui sévit depuis deux ans. Parmi elles, 3,4 millions de personnes sont en situation d’urgence au Kenya et en Somalie.
  • Plus de 300.000 : le nombre de personnes en situation de catastrophe en Somalie en 2022.
  • 7,46 millions : le nombre d’enfants de moins de cinq ans qui sont confrontés à la malnutrition aiguë, dont 1,85 million à sa forme sévère, selon l’ONU.

Quelles solutions pour lutter contre la famine en Afrique ?

ONE a pour objectif le « Zéro faim ». C’est pourquoi nous pensons que les pays doivent s’engager à tout faire pour éviter d’aggraver la situation actuelle.

Voici nos recommandations :

  • Poursuivre les interdictions d’exportation des principaux produits de base et éviter les « achats de panique ».
  • Veiller à ce que les pays vulnérables aient accès aux engrais, même lorsque les prix augmentent.
  • Financer intégralement les appels humanitaires d’urgence.

De plus, les pays devraient diriger les subventions et la protection sociale vers les plus vulnérables et soutenir les pays disposant d’une marge de manœuvre budgétaire nécessaire à le faire. C’est pourquoi, nous demandons aux Etats de :

    • Respecter sans plus attendre l’engagement pris par le G7 et le G20 de recycler 100 milliards de dollars de droits de tirage spéciaux, fournis par le FMI, pour aider les pays à revenu faible ou intermédiaire à faire face à la crise.
  • Fournir une solution efficace à la viabilité de la dette en bloquant le cadre commun du G20.
  • Mettre en place des systèmes de protection sociale qui répondent aux chocs massifs et multidimensionnels tels que la sécheresse et l’insécurité alimentaire, y compris pour les personnes contraintes de fuir (réfugiés, personnes déplacées/apatrides, rapatriés).

Enfin, nous pensons que les pays doivent investir massivement afin d’augmenter la production alimentaire, et doivent :

  • S’engager à effectuer des investissements à moyen terme pour stimuler la production.
  • Mettre en place des mécanismes d’urgence capables de mettre des engrais à disposition des pays vulnérables, en veillant à une répartition égale entre hommes et femmes, lorsque les prix augmentent de façon aussi considérable.

Pour aller plus loin et agir à nos côtés, signez notre pétition pour demander à nos dirigeant·e·s de mettre fin à la crise alimentaire.

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