Edith Fuyane a 76 ans, elle est veuve et s’occupe de ses 4 petits-enfants. Pour elle comme pour beaucoup d’autres habitants du Zimbabwe, les temps sont durs. La population doit faire face à deux fléaux majeurs : de pauvres récoltes et une économie au point mort. Une situation aux conséquences désastreuses laissant de nombreuses personnes dans l’incapacité de se nourrir.
Aujourd’hui au Zimbabwe, moins d’1 enfant sur 5 de moins de 2 ans est alimenté de manière adéquate, 28% d’entre eux subissent un retard de croissance ou présentent un poids peu élevé pour leur âge. Des chiffres alarmants. L’accès à des aliments bon marché et nutritifs leur permettrait de pouvoir se concentrer à l’école et de ne pas subir les effets dévastateurs causés par la malnutrition.
Ainsi, les cas de carence, de retards de croissance, d’insuffisances de poids ou de pertes musculaires sont très communs dans les régions rurales du Zimbabwe. Les mères doivent affronter de nombreux obstacles pour donner à leurs enfants les nutriments dont ils ont besoin pour vivre, apprendre et grandir. Les récents effets dévastateurs de l’ouragan El Nino, la pire tempête que le pays ait connu en 75 ans, a laissé plus de 2,4 millions de personnes, dont majoritairement des femmes et des enfants, dans le besoin et dépendantes de l’aide alimentaire.
Face à un manque accru de ressources, l’un des seuls moyens de combattre la malnutrition est de permettre à de petits producteurs, comme Edith, de cultiver eux-mêmes leur propres légumes en vue de nourrir les femmes et les enfants vulnérables. Cette opportunité permet également à ces producteurs d’obtenir un revenu non négligeable.
Edith fait partie de ces 1000 producteurs au Bulawayo au Zimbabwe qui ont formé des groupes de personnes en vue de pouvoir s’autoalimenter et de nourrir les autres habitants du village.
Aux côtés de 150 autres membres de sa communauté, dont des personnes touchées par le VIH/sida, dans les villages de Tshabalala, Sizinda et Tshabalala, Edith cultive des aliments riches en fer comme les betteraves, les épinards, les oignions, les tomates et le choux.
Dans un pays où près de 60% des enfants souffrent d’anémie, favoriser l’accès à des produits frais et nutritifs est plus que nécessaire.
« Cela nous permet bien sûr de gagner un peu d’argent, mais aussi de nous nourrir sainement. Ces légumes sont frais contrairement à ceux qu’on achète dans les magasins » raconte Edith.
Ce projet agricole fait partie des nombreux programmes financés par l’ONU. L’organisation internationale leur fournit les graines, les outils et construit également des puits de forage solaire pour s’assurer que les femmes puissent continuer à produire toute l’année.
Nous ne pouvons pas arroser nos potagers car nous sommes soumis à de lourdes amendes de la part de la municipalité en cas d’utilisation excessive de l’eau. Donc ce programme est vraiment une véritable bouée de sauvetage.
Améliorer l’accès et la qualité de l’alimentation est une priorité dans ce pays où des millions de personnes sont dans l’insécurité alimentaire. Le mois dernier, l’UNICEF a publié un rapport montrant que des dizaines de milliers d’enfants sont exposés à la malnutrition notamment après de mauvaises récoltes généralisées et étendues sur tout le pays.
Pourtant, les petites contributions des agriculteurs locaux, comme celles d’Edith, font aujourd’hui partie intégrante de ces programmes de nutrition pour les populations les plus vulnérables.
Par ailleurs, la FAO, organisation de l’ONU pour l’alimentation et l’agriculture promeut des jardins communautaires en zone urbaine, prenant ainsi en compte le court cycle de production des légumes mais aussi le fait que les petits producteurs comme Edith n’ont pas les moyens de se déplacer, de conditionner ou de stocker leurs produits.
En parallèle, l’AGRA (Alliance pour une révolution verte en Afrique), a mis l’accent sur l’importance du rôle des femmes dans l’amélioration des conditions socio-économiques des Africains. Les potagers communautaires dirigés par de nombreuses femmes aux alentours de la ville de Bulawayo ont un véritable impact dans dans l’amélioration du niveau de vie des populations.
Dans un contexte de crise alimentaire et économique, les jardins communautaires et les petits producteurs comme Edith est un signe d’espoir pour la population zimbabwéenne.
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Par Marko Phir, journaliste chez Reuters. Adapté de l’anglais par Lucile Quatreboeufs, assistante Campagnes chez ONE France.