L’Union européenne discute actuellement de son prochain cadre financier pluriannuel (CFP), un budget à long terme qui fixera les priorités de l’UE pour la période entre 2021 et 2027. Ce budget s’étendra ainsi sur sept ans, et prendra fin à peine trois ans avant la date butoir fixée par l’ONU pour atteindre les Objectifs de développement durable. Alors que le nombre de personnes vivant dans l’extrême pauvreté a diminué de plus de moitié entre 1990 et 2015, aujourd’hui, 836 millions de personnes à travers le monde vivent encore avec moins de 1,90 dollars par jour. Ce budget déterminera donc si l’UE est capable de tenir son engagement pour mettre fin à l’extrême pauvreté. C’est sans doute le plus grand défi de notre génération, et nous pouvons y arriver si nous exigeons de nos gouvernements le niveau d’investissement et d’ambition nécessaire. Parce qu’un statu quo ne suffira pas, le prochain CFP devra apporter une réponse européenne forte pour faire face à ce défi.
Si l’Europe veut voir un changement réel et durable, elle doit consacrer au moins 40 milliards d’euros supplémentaires à l’aide au développement au cours des sept prochaines années, en orientant ses investissements vers les régions, les populations et les secteurs qui en ont le plus besoin. Le proche voisin de l’Europe verra sa population doubler d’ici à 2050 : il y aura ainsi 10 fois plus de jeunes en Afrique qu’en Europe. Si toutes les conditions sont réunies, cette évolution peut mener à un dividende démographique, soit une accélération de la croissance économique régionale et mondiale. Pour cela, il faut s’attaquer en priorité à réduire l’extrême pauvreté qui frappe le continent et offrir des perspectives d’avenir à cette jeunesse.
Les investissements de l’UE doivent donc cibler des secteurs clés tels que la santé, l’éducation, l’agriculture et la nutrition. D’autre part, l’aide de l’UE doit être de plus en plus orientée sur l’égalité femmes-hommes, parce que la pauvreté est sexiste, et parce que soutenir les femmes et les filles permettrait à des familles, des communautés entières de sortir de la pauvreté, en assurant une croissance durable et inclusive.
Alors que les institutions de l’UE et les États membres entament les négociations sur ce budget crucial, il est essentiel qu’ils gardent à l’esprit que derrière les chiffres, ce sont des millions de vies qui sont sauvées grâce à l’aide européenne. Pour la seule année, 2014-2015, l’aide européenne a permis d’envoyer plus de 18 millions d’enfants à l’école; de s’assurer que plus de 8 millions de naissances aient été assistées par du personnel de santé qualifié; et que plus de 5 millions de femmes et d’enfants mal nourris bénéficient d’une meilleure nutrition. L’UE doit faire preuve d’un leadership mondial et investir au moins 40 milliards d’euros supplémentaires dans ce budget et respecter ainsi ses engagements internationaux.
Ce blog a été adapté de l’anglais par Annabel Hervieu, responsable médias chez ONE France.
