Seva Canada est une des nombreuses organisations canadiennes qui travaille pour mettre fin à la pauvreté à l’échelle mondiale. Elle s’y emploie en rendant les services de santé oculaire plus accessibles et abordables pour ceux et celles qui en ont besoin dans les pays à faible revenu.
Penny Lyons est la directrice générale de Seva Canada.
À l’échelle mondiale, on estime à 36 millions le nombre de personnes frappées de cécité, et à 217 millions le nombre souffrant de déficience visuelle. Mais il y a une bonne nouvelle, et c’est qu’à l’échelle mondiale il est possible de prévenir et de traiter 80 % des cas de cécité. Dans les faits, la moitié des cas de cécité à travers le monde sont causés par des cataractes, une condition réversible grâce à une intervention chirurgicale qui ne dure que 15 minutes et ne coûte que 50 $.
La cécité et la malvoyance peuvent emprisonner les gens dans le cercle vicieux de la pauvreté. En leur redonnant la vue et en prévenant la cécité, les gens sont plus en mesure de prendre leur santé en main, de contribuer à leurs collectivités et de se sortir, ainsi que leurs familles, de la pauvreté. Selon la Banque mondiale, redonner la vue à une personne est une des interventions en santé les plus efficaces au niveau des coûts.
La déficience visuelle évitable et traitable touche des millions de personnes
Bien que la plupart des cas de cécité et de faible vue puissent être évités ou traités, il faut investir des sommes importantes en équipement spécialisé et en formation. Le problème de la cécité évitable dans les pays à faible revenu en est surtout un d’affectation de ressources. Le financement des services de santé oculaire ne compte que pour une infime partie des fonds locaux et internationaux affectés aux réseaux de santé. La plupart des soins oculaires, y compris l’opération des cataractes, sont relativement simples et peu coûteux, mais les réseaux de santé sont sous financés et engorgés, les fournisseurs de soins de santé se heurtent à la rareté des sources de financement, que ce soit de la part des banques, des gouvernements et des ONG.
Ceci a pour effet que ceux qui ne peuvent se les payer, que ce soit des femmes, des enfants, les plus démunis qui vient dans des zones rurales éloignées en viennent à perdre la vue. Les programmes de soins oculaires en place ne peuvent répondre qu’à 10 % de la demande pour assurer l’élimination et la prévention de la déficience visuelle à laquelle sont confrontées 223 millions de personnes.
Nous devons accélérer à vitesse grand V le développement des soins oculaires, notamment en Afrique, pour répondre à ce besoin croissant attribuable à l’accroissement et au vieillissement des populations. D’ici 2050, il pourrait y avoir 703 millions de personnes souffrant de déficience visuelle qu’il serait relativement facile de prévenir et de traiter.
Comment Seva Canada et ses donateurs s’attaquent-ils à ce problème?
L’une des meilleures façons de veiller à ce que tout le monde reçoive les soins oculaires dont il a besoin et qu’il mérite est de fournir des soins oculaires dans la communauté, par la communauté et pour la communauté.
Les centres communautaires de santé oculaire (CCSO) sont des installations indépendantes qui desservent entre 100 000 et 200 000 personnes, dotées d’un personnel de techniciens en ophtalmologie bien formés et équipées pour offrir un vaste éventail de services comme des verres pour corriger les défauts visuels, des médicaments pour traiter les affections mineures, et un service d’aiguillage vers des ophtalmologues qui dirigent les CCSO pour les cas plus complexes nécessitant une chirurgie. Et bien que ces services soient offerts sans frais à ceux qui sont dans l’impossibilité de payer, la plupart peuvent quand même verser de modestes sommes pour les examens, les verres et les médicaments. Les CCSO parviennent ainsi à s’autofinancer.
La formule des centres communautaires de santé oculaire est inédite en ce qu’elle offre des soins de qualité aux personnes démunies et aux populations rurales et attire un financement privé en tant qu’entreprise sociale. La fourniture de services de santé oculaire se prête bien aux investissements. Les services sont relativement peu coûteux, il y a des résultats sociaux directs et mesurables, et il a y des perspectives tangibles de rendement financier tout en offrant des services sans frais, de haute qualité à ceux et celles qui ne peuvent pas payer.
À travers le monde, la majorité des personnes atteintes de cécité sont des filles et des femmes. Les programmes de Seva, selon une formule communautaire sensible au genre, travaillent à aplanir les obstacles sociaux, économiques et culturels qui empêchent les filles et les femmes d’avoir accès aux soins dont elles ont besoin. Ainsi, les filles et les femmes s’autonomisent, mènent des vies productives et réalisent pleinement leur potentiel.

Une travailleuse en Tanzanie effectue des dépistages
Seva Canada a aidé à financer l’implantation de CCSO en Inde, au Népal, au Cambodge, au Bénin, à Madagascar, au Burundi, au Malawi et au Rwanda.
Quelles sont les prochaines étapes pour Seva Canada?
L’objectif de Seva est de renforcer au niveau local la capacité financière et de gestion qui permettrait d’augmenter le nombre de CCSO et parvenir à répondre aux besoins en santé oculaire des populations à commencer par l’Ouganda, Madagascar, le Rwanda et le Burundi. Forts de cette expérience, nous pourrons alors structurer un modèle efficace se soins oculaires pour les populations rurales à la grandeur de l’Afrique. Comme un CCSO peut desservir environ 150 000, à lui seul le Burundi aurait besoin de 50 CCSO pour offrir des services à sa population rurale qui compte plus de 7 millions d’habitants.
Seva trouve des donateurs, des gouvernements, des fondations, des subventionnaires et des investisseurs pour absorber les coûts d’implantation et la première année des coûts d’exploitation, tout en prenant des dispositions financières pour que les revenus des CCSO servent à rembourser les investisseurs.
Personne au monde ne devrait demeurer inutilement aveugle, et Seva entend bien y voir.
Le travail de Seva à l’échelle mondiale aider à lutter contre la pauvreté extrême en aidant les personnes qui en sont frappées, surtout des filles et des femmes, à prendre soin de leur vue pour qu’elles puissent être scolarisées, gagner leur vie et se sortir ainsi que leurs familles de la pauvreté. Le travail de Seva, un des nombreux programmes canadiens de développement international, fait une grosse différence.