Mes collègues du bureau de ONE Canada et moi allons participer à la grève mondiale pour le climat.
Aujourd’hui, nos médias sociaux se concentreront exclusivement sur la menace des changements climatiques, et en particulier sur leur impact sur les populations les plus pauvres et les plus vulnérables de la planète. Vendredi le 27, nous nous joindrons à des milliers de personnes lors des manifestations pour le climat à Ottawa et Montréal.

Nous ne pouvons pas mettre fin à la pauvreté sans lutter contre le changement climatique! C’est pourquoi nous rejoignons des étudiants en Ouganda (photo) et dans le monde entier en solidarité! Source: Earth Day Network
Pourquoi embarquons-nous dans ce mouvement?
Commençons par une confession personnelle: je n’ai jamais vraiment été une environnementaliste. Je ne me suis jamais préoccupée des arbres, des océans ou des animaux autant que des humains et de l’humanité. Mon appréciation de la nature est centrée sur nous: les humains en ont besoin pour survivre et prospérer. Jusqu’à il y a quelques mois, l’environnement était une cause qui me tenait à cœur et que je considérais importante, mais ce n’était pas ma cause.
Ma cause a toujours été la lutte contre l’extrême pauvreté et les inégalités entre pays riches et pauvres. Je suis très chanceuse de travailler chez ONE, puisque me battre pour cette cause est mon travail.
J’ai toujours imaginé qu’à la fin de ma vie, assise au coin du feu avec mes petits-enfants, le monde serait meilleur qu’au moment de ma naissance. Le nombre d’enfants qui meurent avant l’âge de 5 ans a été réduit de moitié au cours des deux dernières décennies. Nous pourrions voir le sida et même le paludisme éradiqués de notre vivant. Les choses s’améliorent, même si trop lentement et de manière inégale.
Mais il y a quelques mois, j’ai eu une sorte d’épiphanie brutale: les choses pourraient radicalement s’empirer dans les prochaines décennies, et les changements climatiques risquent d’en être la principale cause.
Empêchée par une sorte de déni optimiste, je n’avais jusqu’à récemment pas complètement assimilé les deux faits suivants.
1. Les changements climatiques ne se produiront pas dans un futur lointain et abstrait.
Si les pays respectent les engagements qu’ils ont pris jusqu’à présent – ce qui est loin d’être certain – la température de la Terre augmentera quand même de 3 °C d’ici la fin du siècle. Ce réchauffement pourrait faire monter le niveau de la mer et inonder des zones où vivent actuellement 275 millions de personnes. Miami et Shanghai pourraient carrément disparaître. Les gens de ma génération verront certainement les effets des changements climatiques se déployer devant nous. À moins que nous changions radicalement de cap dès maintenant, nos enfants et nos petits-enfants seront dans l’œil du cyclone, métaphoriquement et littéralement.
2. Il n’y a pas de plus grande menace à l’éradication de l’extrême pauvreté que les changements climatiques.
Sans des investissements importants dans la réduction de la pauvreté et l’adaptation aux changements climatiques, les effets à court terme de ces changements pourraient forcer plus de 100 millions de personnes supplémentaires dans l’extrême pauvreté d’ici 2030. En comparaison, 780 millions de personnes vivent avec moins de $1.90 par jour à l’heure actuelle. En partie à cause de leur impact sur l’agriculture, les changements climatiques feront augmenter la malnutrition et d’ici à 2030, 7.5 millions d’enfants supplémentaires pourraient accuser un retard de croissance. On parle ici de l’impact estimé du réchauffement qui est déjà en cours, donc pour lequel il est trop tard pour faire quoi que ce soit. Les choses pourraient devenir encore pires. Un réchauffement de 2 à 3 ° C pourrait rendre 150 millions de personnes supplémentaires à risque de paludisme.

Les femmes cultivant des patates douces en Tanzanie. Photo: Morgana Wingard/ONE
Le climat et le développement sont très étroitement liés
Si ces deux faits m’ont fait prendre conscience de l’importance du climat, il existe également un problème fondamental d’injustice et d’inégalité. L’Afrique est le continent qui contribue le moins aux émissions mondiales de carbone (seulement 4%!), mais qui est le plus vulnérable face au réchauffement de la planète.
Par exemple, un Canadien émet 280 fois plus de CO2 par an qu’une personne vivant au Tchad.
Soyons honnêtes, les pays riches ont bâti leur prospérité en polluant, et ce sont les pays pauvres qui en souffriront le plus. Notre responsabilité morale ne pourrait être plus claire. Nous devons non seulement faire tout ce qui est en notre pouvoir pour empêcher que la situation empire, mais également aider les pays les plus vulnérables à s’adapter à la nouvelle réalité d’un climat beaucoup plus chaud.
C’est là que les changements climatiques et le développement deviennent étroitement liés. Le soutien apporté par les pays développés aux pays en développement pour l’atténuation et l’adaptation aux changements climatiques provient des budgets de l’aide étrangère. Lors de la COP15 de 2009 à Copenhague, les pays développés ont convenu de mobiliser 100 milliards de dollars par an en financement climatique pour les pays en développement d’ici 2020. À l’heure actuelle, nous sommes à peu près aux trois quarts en voie d’atteindre cet objectif.
La lutte contre l’extrême pauvreté peut aussi réduire l’impact des changements climatiques si elle est mise en œuvre de manière à aider les pays à développer des économies carboneutres. Certaines régions de l’Afrique sont les plus exposées aux changements climatiques en raison de leur situation géographique, mais aussi parce que trop de personnes sur le continent n’ont toujours pas accès aux soins de santé de base et dépendent de l’agriculture de subsistance. L’élimination du paludisme devient encore plus urgente alors que le réchauffement climatique pourrait accroître sa portée géographique.
Le Canada s’est engagé à fournir 800 millions de dollars par an en financement international pour le climat d’ici 2020/201, ce qui revient à moins de la moitié de notre juste part de l’objectif de 100 milliards de dollars américains. Faire notre part sera impossible sans une augmentation substantielle de notre budget d’aide étrangère, qui est bien en deçà de celui de nos pairs.
Pour toutes ces raisons et plus encore, nous marcherons le vendredi 27 septembre. Il est encore temps d’agir et d’éviter le pire. Comme le dit Greta Thunberg, “l’activisme fonctionne”. Chez ONE, nous savons que c’est vrai. On se voit dans la rue.