Toute femme ayant mis au monde un être humain vous dira que donner naissance est une merveilleuse expérience, et plus douloureuse que vous ne pouvez l’imaginer. Cela peut aussi s’avérer effrayant. Heureusement pour nous qui vivons au Canada, ces craintes sont en grande partie dissipées en sachant que nous recevrons des soins médicaux adéquats si quelque chose tourne mal. De nombreuses femmes vivant dans les pays en développement n’ont pas cette chance. Dans ce contexte, il est inquiétant de constater que le financement du Canada pour la santé des femmes et des enfants dans le monde s’épuise. C’est pourquoi ONE s’est jointe à une quarantaine d’organisations canadiennes, dont CanSFE et Global Citizen, pour demander au gouvernement de renouveler son financement dans le cadre d’un nouveau plan audacieux appelé Thrive.
À l’heure actuelle, une femme qui donne naissance au Libéria a 100 fois plus de chance de mourir que si elle accouchait au Canada. L’écart est si grand qu’on peut à peine discerner le taux de mortalité maternelle du Canada dans le graphique ci-dessous. La comparaison avec le Libéria révèle une situation bien différente. Les femmes vivant dans les pays pauvres sont non seulement beaucoup plus susceptibles de mourir de causes liées à la grossesse, mais elles n’ont souvent pas accès aux méthodes modernes de contraception que nous tenons pour acquises ici. Par ailleurs, chaque jour, quelque 1 000 jeunes femmes contractent le VIH et un enfant meurt du paludisme toutes les deux minutes, même si ces deux maladies sont évitables.
Heureusement, comme le montre le graphique en ce qui concerne le Libéria, les taux de mortalité maternelle sont en baisse partout dans le monde. La fin du sida, de la tuberculose et du paludisme pourrait bien être en vue, le nombre de décès dus à ces maladies ayant diminué d’un tiers depuis 2002. Le Canada a contribué à ces succès en jouant un rôle de chef de file dans la promotion de la santé des femmes et des enfants partout dans le monde. En 2010, au Sommet du G8 de Muskoka, le premier ministre Harper dirigea l’élaboration de l’Initiative de Muskoka sur la santé maternelle, néonatale et infantile. Dans le cadre de celle-ci, le Canada s’engageait à consacrer 2,8 milliards de dollars en 2010-2015, puis 3,5 milliards en 2015-2020, tout en mobilisant des fonds auprès d’autres donateurs. L’Initiative de Muskoka et les investissements subséquents dans la santé et les droits sexuels et génésiques se sont avérés un élément non partisan et très central de nos efforts pour aider les pays les plus pauvres de la planète.
L’Initiative de Muskoka a connu un grand succès. Premièrement, les donateurs ont respecté leur promesse d’accroître le financement de la santé maternelle et infantile, ce qui n’est pas un aboutissement systématique dans le cadre d’une annonce du Sommet du G8. Plus important encore, le fait de concentrer l’aide sur la santé reproductive et maternelle conduit à des réductions significatives des taux de mortalité maternelle. Investir dans la santé des femmes et des enfants est l’un des moyens les plus rentables de dépenser les fonds destinés à l’aide humanitaire. Le taux de rentabilité des investissements est très élevé, soit 20 $ en rendement économique et social pour chaque dollar dépensé. Les dépenses consacrées à la contraception, en particulier, sont si efficaces qu’elles permettent d’économiser de l’argent à long terme. Chaque dollar dépensé en services de contraception dans les pays en développement permet d’économiser 2,20 dollars en coûts liés à la grossesse. Cela tient au fait qu’il est beaucoup moins coûteux de prévenir une grossesse non désirée par la contraception moderne que de prodiguer des soins pour une grossesse à terme.
Bien que d’importants progrès aient été réalisés, la mauvaise nouvelle est que ce financement capital sera épuisé en 2020. Pour s’assurer que les programmes pour la santé des femmes, la lutte contre le VIH/sida, la tuberculose et le paludisme ou la fourniture de vaccins essentiels aux enfants continuent d’être soutenus, ONE s’est alliée à plus de 40 organisations canadiennes pour promouvoir Thrive, un effort audacieux et sans précédent mené par CanSFE, le partenariat canadien pour la santé des femmes et des enfants.
Le renouvellement de ces fonds sous l’égide de Thrive consoliderait l’héritage du Canada et assurerait le financement de nombreux programmes de santé mondiale essentiels et efficaces. Les contributions du Canada à Gavi, un fond public-privé axé sur la fourniture de vaccins à prix abordable aux enfants des pays en développement, ont été entièrement financées par l’Initiative de Muskoka, tout comme environ la moitié des engagements antérieurs envers le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et la malaria. Un engagement fort envers Thrive est donc essentiel pour assurer la reconstitution des ressources du Fonds mondial, qui pourrait contribuer à sauver 16 millions de vies.
L’engagement financier actuel du Canada en matière de santé reproductive, maternelle et infantile est d’environ 1 milliard de dollars par année. Afin de maintenir et d’accroître le leadership de notre pays, nous devons consacrer 400 millions de dollars de plus annuellement (voir le tableau ci-dessous). Cela correspondrait plus ou moins à la juste part du déficit de financement mondial annuel du Canada pour la santé des femmes et des enfants.

Dépenses annuelles du Canada pour la santé génésique, maternelle, infantile et néonatale. Source : calculs de ONE fondés sur les données de la plateforme canadienne de l’aide internationale (d’après les données d’Affaires mondiales Canada), les rapports concernant l’aide humanitaire produits par Affaires mondiales Canada et le programme Thrive.