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Test d’accès au vaccin: Le Canada est-il déterminé à assurer l’équité vaccinale à l’échelle mondiale?

ONE

Les actions des entreprises pharmaceutiques et dirigeants mondiaux conduisent-elles les pays riches à thésauriser d’éventuels vaccins ? Les pays riches s’assurent-ils que les personnes qui ont le plus besoin d’être vaccinées (travailleurs de première ligne et personnel médical) le soient en premier ?

C’est à ces questions que le test d’accès au vaccin de ONE vise à répondre. Grâce à celles-ci, nous nous assurons que des pays comme le Canada suivent les meilleures pratiques et la recherche médicale fondée sur des preuves.

La distribution mondiale équitable des vaccins de COVID-19 accélérera la fin de la pandémie dans le monde entier, sauvant ainsi des vies et aidant les économies à se redresser.

Les personnes les plus susceptibles d’attraper et de propager le virus, et les plus vulnérables à ses effets, doivent y avoir accès en priorité, indépendamment de leur nationalité ou de leur richesse. Les scientifiques estiment que ce serait le moyen le plus rapide de réduire la transmission globale. C’est aussi la bonne chose à faire.

Quelle est la note du Canada au test d’accès au vaccin?

Cliquez ici pour voir la note du Canada

La réponse est que la marge d’amélioration est grande. Le Canada n’obtient que 4,4 points sur un potentiel de 15. En fait, la plupart des pays et des entreprises ne tirent pas très bien leur épingle du jeu en ce moment, et la situation s’explique par le fait que, malgré des déclarations fermes en faveur d’un accès mondial, de nombreux pays riches, dont le Canada, se font concurrence pour acquérir le plus grand nombre de doses possible, avant même la mise au point d’un vaccin. Les pays riches, représentant tout juste 13 % de la population mondiale, ont déjà monopolisé environ la moitié des doses promises des principaux candidats-vaccins COVID-19.

Le test d’accès au vaccin mesure (1) le soutien au dispositif pour accélérer l’accès aux outils de lutte contre la COVID-19 (accélérateur ACT), (2) le leadership multilatéral, (3) les politiques d’équité et (4) les accords bilatéraux avec les sociétés pharmaceutiques.

Le côté positif: le Canada fait bonne figure en matière de leadership multilatéral. Nous avons officiellement adhéré au Mécanisme COVAX, le mécanisme de coopération mondiale visant à accélérer le développement et la fabrication des vaccins COVID-19, tout en garantissant l’accès juste et équitable dans le monde entier. Le premier ministre Trudeau s’est également prononcé en faveur d’un accès mondial équitable à de nombreuses occasions, notamment dans un article du Washington Post publié en juillet. Au côté national, le gouvernement a publié des orientations préliminaires quant aux personnes qui seront vaccinées en priorité au Canada.

Le côté modérément positif: le Canada a consacré environ 40 % de sa juste part à l’accélérateur ACT, le seul mécanisme en mesure d’apporter une réponse mondiale coordonnée en matière de vaccins (via COVAX), mais aussi de tests et de traitements connexes.

Le côté négatif: le Canada n’applique pas d’exigences quant à la transparence et à l’accès équitable lorsqu’il attribue des contrats de R&D et n’a pas souscrit à l’appel à l’action de solidarité de l’OMS, qui préconise la mise en commun des connaissances, de la propriété intellectuelle et des données sur la recherche médicale sur la COVID-19. Le Canada n’a pas encore publié de directives nationales sur la distribution prioritaire des vaccins, tandis que dans d’autres pays comme le Royaume-Uni, le gouvernement a fait part de son intention de se concentrer en premier lieu sur les travailleurs essentiels et les personnes âgées.

Le Canada doit également communiquer plus clairement quant à la manière dont ses accords bilatéraux avec les entreprises pharmaceutiques s’alignent sur les engagements du premier ministre en matière d’accès équitable à l’échelle mondiale.

À l’heure actuelle, la note moyenne des sept accords que le Canada a conclu est 0,4, au détriment de la performance globale du Canada au test d’accès au vaccin. Cela s’explique par l’absence d’informations publiques sur le coût ou la livraison échelonnée, ce qui pourrait permettre une distribution plus équitable des doses initialement disponibles. Cette situation contraste avec celle des États-Unis, où un site Web donne des informations de base sur les accords bilatéraux, comme la valeur totale de chaque contrat et s’il est prévu que toutes les doses soient administrées en une fois ou échelonnées dans le temps.

Soyons clairs. Le fait que le Canada ait conclu tous ces accords bilatéraux est remarquable. Les Canadiens auraient raison de se sentir rassurés de savoir que son gouvernement ne ménage pas ses efforts pour s’assurer que, lorsqu’un vaccin COVID-19 sera disponible, ils y auront accès.

La réalité est que, du moins pour les premiers mois, l’approvisionnement en doses sera limité. Même en se dotant d’une capacité de production accrue, les experts prévoient que le monde sera en mesure de produire entre 1 et 4 milliards de doses d’ici la fin 2021. Si le vaccin requiert deux doses, alors seule une proportion relativement faible de la population mondiale sera vaccinée au cours de l’année prochaine, même si des essais fructueux étaient réalisés avant la fin de cette année.

Dans l’ensemble, ces accords pourraient assurer près de 10 doses par Canadien! La plupart des pays du monde n’ont conclu aucun accord avec des sociétés pharmaceutiques, faute de pouvoir payer, et donc de pouvoir négocier avec elles. Heureusement, la Facilité COVAX existe pour offrir un accès plus large aux pays à faible revenu. Le fait que plus de 180 pays, dont le Canada, aient choisi d’y participer est une remarquable réussite.

Mais il reste une question fondamentale : lorsque les premières doses nous parviendront, qui les recevra en priorité ?

La science révèle que pour sauver le plus de vies et enrayer la pandémie le plus tôt possible, il convient de vacciner d’abord les personnes les plus à risque, à savoir les travailleurs essentiels et les personnes âgées, dans tous les pays, plutôt que 100 % de la population dans quelques pays riches. Les modèles des experts estiment que si les vaccins étaient diffusés plus équitablement dans tous les pays, on pourrait sauver près de deux fois plus de vies que si seuls les pays riches avaient accès aux premières doses.

Le fait est qu’à l’heure actuelle, nous ignorons qui recevra le vaccin en priorité au Canada et si les doses commandées seront livrées progressivement, permettant ainsi une distribution plus équitable des premiers lots entre les pays. Sans ces informations, il est difficile de juger de la fermeté de l’engagement du Canada en faveur d’un accès équitable au niveau mondial.

Comment le Canada peut-il améliorer sa note au test d’accès au vaccin ?

Le test d’accès au vaccin vise à lancer des conversations et même des débats sur la manière de mettre fin à la pandémie actuelle, et à mener à des actions concrètes nous amenant collectivement dans la bonne direction. La note plutôt faible du Canada n’est pas définitive. En fait, nous sommes convaincus qu’il peut l’améliorer au cours des semaines et des mois à venir.

Voici ce que le Canada peut faire pour améliorer sa note :

  • Investir sa juste part dans l’accélérateur ACT, soit 600 millions de dollars canadiens supplémentaires (+ 2 points) ;
  • S’engager à ne pas thésauriser de doses avant que d’autres pays n’aient également vacciné leurs populations les plus vulnérables (+1-3 points) ;
  • Publier des informations de base sur les accords qu’il conclut avec les sociétés pharmaceutiques, y compris sur les modalités de livraison et les coûts (+1-3 points) ;
  • Appuyer l’appel à l’action de solidarité de l’OMS (+1 point).

Poursuivons la discussion et continuons à nous améliorer. Nul d’entre nous n’est en sécurité tant que nous ne le sommes pas tous.

Envoyez un tweet à la ministre des Services publics et de l’Approvisionnement, Anita Anand, pour partager ce message.

Envoyez un tweet à la ministre de la Santé, Patty Hajdu.

Signez la pétition et demandez aux dirigeants et aux PDG des entreprises pharmaceutiques à partager leur savoir-faire.